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en Astrologie Naturelle

Gémeaux
Le rythme Gémeaux

Le rythme du Soleil en Gémeaux repose sur l’écart maximal entre le jour dominant qui continue d’augmenter, et la nuit dominée qui continue de diminuer.

Gémeaux

Gémeaux : profil adapté

Gémeaux

Première facette : force d’excitation naturelle

Croissance du jour le plus long de l’année : ouverture au monde plus spontanée, plus large, plus diffuse qu’au Bélier et moins concentrée qu’au Taureau…

Lorsque sous les latitudes nord moyennes, la course du Soleil l’amène à franchir 0° Gémeaux, sa durée de présence au-dessus de l’horizon est devenue beaucoup plus importante qu’au Taureau et va continuer d’augmenter. L’excitabilité « naturelle » du jour printanier d’abord polarisée dans l’instant au Bélier, puis concentrée durablement au Taureau, devient plus diffuse à la fin de la saison. Non seulement l’adapté des Gémeaux perçoit le monde comme un champ quasi illimité à explorer, mais il est spontanément ouvert à tout ce que celui-ci met d’agréable, de nouveau et d’intéressant à sa portée. Multiples et non doubles comme on le dit à tort, les Gémeaux fonctionnent au pluriel et peuvent d’autant mieux se permettre d’avoir plusieurs idées, projets, activités, passions en même temps, qu’ils ont plusieurs cordes à leur arc et que leur personnalité comporte plusieurs facettes. Il ne leur manque au fond que le don d’ubiquité.

Surnommé l’homme aux semelles de vent [1], l’acteur et réalisateur, Bernard Giraudeau, ne cache pas qu’il n’a « jamais eu de plan de carrière et aurait pu être marin-pêcheur ou vulcanologue ». Propos applicable à Clint Eastwood qui, après avoir pratiqué un grand nombre de métiers divers dont ceux de maître-nageur et d’instructeur militaire, est devenu acteur avant de passer à la réalisation en même temps qu’à la politique, tout en continuant de cultiver sa passion pour le jazz, musique Gémeaux s’il en est, puisque basée sur l’infinité des variations possibles à partir d’un seul thème. Avant de devenir réalisateur, Howard Hawks a été successivement accessoiriste, aviateur, pilote de voitures de course, producteur indépendant… « Les vies multiples de Federico Garcia Lorca [2]… » titrait un article consacré à celui-ci. « On trouve toujours un ordre, afin de diviser un livre en chapitres, mais dans la vie de Lorca, il n’y en a pas : il a tout été à la fois », révèle Ian Gibson, son biographe, qui nous apprend que le célèbre poète a fait des études de droit, envisagé d’être professeur d’espagnol, et était également pianiste, compositeur, comédien, chanteur, dessinateur, dramaturge. « Garcia Lorca faisait de tout et cela le mettait en contact avec tout le monde où que ce soit », précise Gibson.

L’un des mots-clés qui caractérisent le Signe est celui de « liberté ». Le natif aime aller et venir à sa guise, se lier et se délier, dire et se dédire, changer d’endroit et d’envers, d’avis et de vie, au gré de son humeur et de l’attrait ou de l’importance des sollicitations dont il est l’objet. « Ce que j’aime aujourd’hui, je peux ne plus l’aimer demain », prévient Isabella Rossellini. Vivant au jour le jour, il évite autant que possible les planifications trop strictes ou à trop long terme. Martha Argerich, l’extraordinaire pianiste d’origine argentine, n’annule jamais aucun concert pour la bonne raison qu’elle ne signe jamais aucun contrat. Son agent est philosophe : « Elle ne force personne à l’engager et ne demande rien à quiconque, sinon de comprendre qu’elle est incapable de savoir deux ans à l’avance ce qu’elle va faire [3]. » « J’ai quelque chose avec Schumann [4], je me sens très proche… a confié cette artiste qui a le don de faire swinguer certains morceaux classiques. C’est une musique qui change tout le temps… Ce n’est pas tellement planifié comme d’autres genres de musique… C’est un peu comme la vie… On ne sait pas ce qui va se passer [5]… », commente-t-elle. « Radiguet [6] était trop libre. Et c’est lui qui m’a appris à ne m’appuyer sur rien », nous apprend Jean Cocteau. Pour la Tradition, les Gémeaux sont un Signe d’Air et ne dit-on pas « libre comme l’air [7] » ?

L’autre mot-clé est celui de « légèreté ». « Ce qui me déplaît, c’est l’apathie, la lourdeur humaine, mais j’avoue qu’elle est de tous les temps », a confié Marguerite Yourcenar [8]. « Quand je quitterai cette vacherie de monde, si on me demande ce que je pense des hommes, je dirai : “Ils sont lourds !” Ça les résume, je trouve », a déclaré Louis-Ferdinand Céline dont les critiquables délires ne sont pas à mettre sur le compte des Gémeaux [9], le moins sectaire des Signes, celui qui rend le plus étranger à la stigmatisation et à l’exclusion grossières. « Ce qui me fascine le plus chez Sandrine, nous révèle, à propos de Sandrine Bonnaire, Yves Angelo, l’un de ses metteurs en scène, c’est son mystère… une forme de légèreté qui est à la frontière du spontané et du raisonné, du conscient et de l’inconscient… » « … Quand on est chanteur, on a un désir d’être léger, explique Alain Souchon. Quitter le monde normal, lourd et pesant, pour un monde léger, monter sur scène comme on grimpe sur un trampoline. J’adorais Brassens et son univers de fraîcheur, de jeunesse éternelle. Je n’aime pas que les chanteurs littéraires : j’ai toujours apprécié l’autre camp, celui de la légèreté absolue, de la variété. Un type comme Claude François, avec sa légèreté bulle de savon, m’a toujours beaucoup plu. »

Gardons-nous de confondre légèreté et superficialité, il suffit d’écouter les chansons d’Alain Souchon ou de Paul McCartney, pour saisir la nuance. « La légèreté, souligne Jean d’Ormesson, n’a d’intérêt que si elle n’est pas au premier degré, si elle est profonde comme la musique de Mozart ou les vers de La Fontaine [10]… » Dans cette aspiration à la légèreté de qualité, à « sourire puisque c’est grave », réside le drame du natif qui ne se remet pas de ce que la vie ne soit pas en permanence aussi pétillante, aussi grisante qu’une coupe de champagne, aussi agréable que le printemps.

Le besoin de liberté et de légèreté faisant bannir un certain esprit de sérieux, l’humour et la fantaisie font de la compagnie de nombreux natifs l’une des plus plaisantes qui soient. « John Kennedy, a écrit sa belle-sœur Lee Radziwill, avait plusieurs qualités. Un charme invraisemblable, bien sûr, mais aussi une faculté à tout rendre léger, facile. » « Il adorait les jeux de mots et les bonnes plaisanteries et accueillait toujours avec joie tout ce qui allait à l’encontre d’une solennité excessive… », a souligné un biographe [11].

Le mariage entre Marilyn Monroe et Arthur Miller s’est mal terminé, en partie parce que Marilyn éprouvait une véritable « … révulsion face à la supériorité morale dans laquelle son époux se drapait [12] ». De son propre aveu, Paul McCartney ne supportait pas les prêches de John Lennon [13], spécialement quand ils lui étaient destinés. « Les gens qui veulent sauver le monde et qui pensent aux autres sont insupportables, assommants ! » affirme encore Jean d’Ormesson et le cinéaste Alain Resnais lui emboîte le pas : « Parfois, je me dis que mon prochain film s’appellera C’est pas grave, car c’est ce qu’on dit toujours quand on ressent une chose très douloureuse. On y verrait ce qui se passerait si on ne faisait que des choses raisonnables, si on ne s’occupait que des malheurs du monde, si on ne faisait que des choses pour servir la société et la planète Terre. » « Ça m’était très désagréable d’être professeur. La raison en était qu’il y a tout un domaine de discipline, d’ordre que l’on considérait comme faisant partie de l’enseignement et que je ne pouvais pas supporter », a raconté Jean-Paul Sartre. Ses étudiants—qu’il autorisait à fumer—devaient toujours se souvenir de la remarquable ouverture de ses cours. Martha Argerich se dit « fascinée par l’humour en musique », apprécie les morceaux qui ont une dimension ludique et attend du chef d’orchestre qu’il lui laisse la liberté d’interprétation sans laquelle la fantaisie ferait défaut [14].

Parce que la décroissance de la nuit la plus courte de l’année va de pair avec une empreinte socioculturelle à peu près nulle, le natif ne se préoccupe guère de savoir s’il est dans le ton ou non et ne se sent guère concerné par un quelconque dogmatisme bien-pensant, aussi contraignant qu’uniformisant. Il n’est guère sensible non plus aux honneurs en tout genre, qu’il a tôt fait de tourner en dérision. « Je refuse d’être un écrivain élitiste qui se prend au sérieux », revendiquait Jean-Paul Sartre qui n’a pas voulu du prix Nobel de littérature. Françoise Sagan a toujours proclamé son aversion pour le formalisme et tenu à montrer qu’elle ne « prenait pas au sérieux le galimatias dont on l’entourait ». Jamie Oliver, le jeune cuisinier qui fait fureur outre-Manche, se « fout des récompenses tant recherchées par l’élite toquée [15] ». « Tout ce qui est pompeux, officiel, solennel me hérisse, reconnaît Jean d’Ormesson. Si on défend des idées auxquelles j’adhère sur un certain ton, ça me rend fou ! »

Les chemins buissonniers sont libres, pleins de surprises et mènent autant à Rome que les autres. Le natif les emprunte donc aussi souvent que possible pour picorer, de-ci de-là, les précieuses graines qu’on ne trouve pas sur les routes balisées. Le Signe des Gémeaux compte un nombre impressionnant d’autodidactes dans ses rangs. Richard Strauss n’a fréquenté aucune école de musique, aucun conservatoire. « Robert se décidera-t-il à travailler pendant deux ans la froide et sèche théorie, s’inquiétait le professeur de musique et futur beau-père de Robert Schumann… Mais si Robert ne fait pas tout ce que je propose… que fera-t-il et où sa fantaisie sans limites le mènera-t-elle [16] ? » écrivait-il à la mère de son élève. « Le jeune Stravinsky a déjà sa méthode personnelle, lit-on à propos du compositeur du Sacre du printemps—titre non anodin venant de quelqu’un né au moment où cette saison bat son plein ! Il se refuse à apprendre par cœur les exercices et les tours de main classiques, préférant se lancer dans le travail d’emblée, et résoudre par lui-même les problèmes à mesure qu’il les rencontre. Cet instinct d’autodidacte lui évite de passer par le conservatoire de Saint-Pétersbourg et lui permet de travailler à son rythme, plus rapide que celui de l’enseignement classique, bien que plus “sauvage dans son érudition et sa culture générale”. » Après avoir fait des pieds et des mains pour que son père lui paye l’inscription à l’école de musique Juilliard, Miles Davis s’y est ennuyé ferme dès le début des cours qu’il n’a pas hésité à sécher. Bien lui en a pris, puisque ses pérégrinations allaient lui faire rencontrer Charlie Parker et Dizzy Gillespie qui deviendraient ses véritables professeurs. « Il s’est toujours méfié des gens qui en savent trop, écrit un biographe à propos d’Hergé. Il aurait préféré apprendre la philosophie d’un jazzman plutôt que d’un philosophe installé [17]. » Hergé est le créateur de Tintin, personnage Gémeaux s’il en est, puisque toujours prêt pour de nouvelles aventures, et, de ce fait, toujours jeune. L’actrice Elizabeth Hurley avait obtenu une bourse pour étudier la comédie musicale au London Studio Center dont elle se fît renvoyer pour absentéisme. C’est ainsi qu’elle monta une troupe de danseuses. « J’étais chorégraphe, meneuse de revue, costumière, manager, bref, tout à la fois », se souvient-elle [18]. Décrit par ses proches comme un éternel adolescent qui faisait rapidement tomber les barrières sociales, Lionel Poilâne, le boulanger le plus célèbre de France, est mort prématurément alors qu’il s’apprêtait à demander au pape de remplacer la gourmandise des sept péchés capitaux par la gloutonnerie et allait fonder le « Club des autodidactes » pour réagir contre l’excès de spécialisation technocratique [19].

La vie relationnelle des Gémeaux est aussi ouverte et riche d’imprévus que le reste. « … Moi, je suis chameau, j’ai toujours envie d’envoyer les gens balader, faisait remarquer Simone de Beauvoir, Capricorne, à Jean-Paul Sartre, Gémeaux. Vous, vous êtes très accueillant, vous donnez facilement de votre temps, vous êtes généreux, vous êtes ouvert [20]… » Comme Sartre, l’adapté répond volontiers à l’inconnu qui l’aborde et n’a aucun complexe non plus à contacter X ou Y, sans souci des convenances ou de la hiérarchie, pour le simple plaisir de la conversation. George Bush père avait coutume de « décrocher fréquemment son téléphone pour appeler un chef d’État et converser de manière informelle avec lui. Un de ses intimes en avait déduit que le Président voulait être considéré comme le “cher George” que chacun à travers le monde évoquerait avec sympathie parce qu’il est si chaleureux [21]. » Sans a priori, arrière-pensées, ni calcul d’aucune sorte, le natif ne cherche pas la considération. Naturellement curieux des autres, il a un contact d’autant plus facile et se montre d’autant plus disponible à leur égard, qu’il se réalise dans la diversité des échanges et supporte mal le tête-à-tête avec lui-même. Il préfère le duo au solo, le dialogue au monologue, l’oral à l’écrit, le coup de fil à la lettre.

Partant du principe que tout le monde a quelque chose à dire, le natif s’intéresse autant au pauvre qu’au riche, au clochard qu’au ministre, au savant qu’à l’artisan. S’il trouve que le jeune est de meilleure compagnie que le vieux, c’est uniquement dans la mesure où ses idées sont moins arrêtées. Estimant d’autant plus naturel que tous les goûts, tous les avis soient dans la nature, qu’il est lui-même capable d’en avoir plusieurs en même temps ou d’en changer d’une minute à l’autre, il a tendance à penser que les inimitiés sont des malentendus qu’une bonne communication peut dissiper. Pendant la guerre de 1914, Richard Strauss se tenait volontiers à l’écart « de tous les manifestes, déclarations, interviews, opinions imprimées, fanfares de paroles, et particulièrement de toute injurieuse appréciation de la conduite ennemie [22] ». « Mon choix de vie, avait tenu à préciser Marguerite Yourcenar qui avait élu domicile aux USA, n’est pas celui de l’Amérique contre la France. Il traduit un goût du monde dépouillé de toutes ses frontières [23]. »

Avec la Vierge et le Verseau, les Gémeaux sont le seul Signe du zodiaque que la Tradition représente par une figure humaine. Peut-être parce qu’il prédispose à être moins physique, moins « brut de pomme » que le Bélier, et moins matérialiste que le Taureau. Plus intuitif qu’instinctif, plus imaginatif que réaliste, l’adapté a le goût des abstractions. À l’instar d’Isabella Rossellini [24], il préfère les petits mensonges qui enjolivent la réalité, aux grandes vérités qui la plombent. Comme Françoise Sagan, il accorde beaucoup plus d’importance au voyage qu’à sa destination. Si sa jeunesse semble résister plus longtemps que la moyenne aux ravages du temps, c’est que rien ne conserve aussi bien la fraîcheur physique et mentale que l’ouverture au monde, à la vie, aux autres, en un mot, au changement. Comme Prince l’affirme si bien, la jeunesse n’est pas une question d’âge, mais d’état d’esprit.

Gémeaux

Deuxième facette : vitesse d’excitation

Croissance du processus dominant : vitesse. Jour : excitation. Croissance du jour dominant : vitesse d’excitation.

La rapidité en rapport avec la croissance du jour dominant ne se manifeste pas de la même façon selon que l’excitabilité est polarisée, concentrée ou diffuse. Là où le Bélier répond au quart de tour mais de façon tranchée, là où le Taureau sort de sa réserve réfractaire dès que l’on touche à son domaine de prédilection, les Gémeaux actualisent la vivacité printanière avec souplesse, finesse et astuce. Leur repartie jaillit instantanément, mais n’étant ni offensive ni défensive, elle détend ou électrise agréablement l’atmosphère.

Ayant toujours une oreille qui traîne, le natif peut passer sans transition d’un sujet à un autre et mener plusieurs conversations de front. Joueur dans l’âme, il apprécie d’autant plus les surprises inhérentes à toute forme de jeu, qu’il dispose de l’agilité d’esprit nécessaire pour les mettre à profit et établir en un temps record le plus grand nombre de combinaisons possibles entre des pions, des cartes, des nombres, des mots, des idées… C’est un improvisateur-né.

Si les laborieux du Signe ne sont pas légion, c’est précisément grâce à leur rapidité de compréhension et d’action. « En studio, Dylan est bon dès le premier jet. En cinq secondes il est prêt pour la survie. Il répète en direct, comme Miles Davis : deux, trois prises, pas plus… », a rapporté un journaliste. La rapidité Gémeaux permet de faire court, sans s’éterniser sur ce qui n’en vaut pas la peine. Le principal motif de querelle entre Richard Strauss et son épouse — à laquelle il reprochait aussi le défaut si peu Gémeaux de « pédanterie » — était que, contrairement à elle, il envisageait plusieurs moyens d’atteindre un objectif et avait tôt fait de choisir, parmi toutes les possibilités à sa portée, celle qui lui faisait perdre le moins de temps. L’anecdote suivante illustre bien la faculté Gémeaux de répondre rapidement aux sollicitations d’où qu’elles viennent, et de passer d’un sujet à l’autre avec la même facilité : un jour, l’une de ses amies « assise à l’un des premiers rangs des fauteuils d’orchestre, le vit interrompre sa battue quelques instants en baissant la tête, sursauter et poursuivre comme si de rien n’était. Elle lui demanda plus tard s’il avait eu un malaise. “Non, expliqua-t-il, je composais. Une mélodie m’a soudain traversé la tête. L’orchestre pouvait bien se passer de moi un moment [25].” »

« Il se trouve, a confié Paul McCartney, que mes chansons reflètent l’état d’esprit dans lequel je me trouve sur le moment. J’aime travailler vite quand j’en ai l’occasion. Sur la fin, les Beatles allaient de plus en plus lentement et la spontanéité des débuts commençait à me manquer. » La spontanéité relève de la vitesse d’excitation et fait privilégier ce qui est à son image : neuf, frais, direct, vivant… « Je n’aime pas les répétitions, nous révèle Clint Eastwood. Généralement je ne tourne qu’une prise. Et elle est bonne, avec peut-être des imperfections, mais aussi énormément d’authenticité. » Sandrine Bonnaire n’aime guère non plus « s’user dans de vraies répétitions » et « préféré donner au moment où il faut donner ». « Je suis incapable de faire cinquante fois la même chose avec la même émotion, dit-elle. Je suis très changeante. » « Quand je commence à préparer un nouveau spectacle, je m’y prends toujours à la dernière minute, nous apprend Johnny Hallyday. J’ai besoin de faire les choses en état d’urgence. Si je les prépare trop longtemps à l’avance, je deviens mauvais : ce n’est pas naturel pour moi. » Autant stimulé par l’urgence que le natif du Bélier, celui des Gémeaux s’avère cependant bien plus souple et relax que lui, grâce à l’étendue de son registre.

Cette facette permet de modifier in extremis un programme, de prendre un train en marche, de remplacer quelqu’un au pied levé, bref, de ne jamais être à court d’imagination. L’adapté n’est pas prisonnier d’idées préconçues et se renouvelle en permanence, comme l’ont prouvé les artistes du Signe toujours prêts à innover, toujours curieux des nouveaux styles et des nouvelles techniques. « L’un de mes principes dans la vie est de ne pas revenir sur les succès passés. Je suis ravi que les gens s’en souviennent, qu’ils aiment ça, mais j’ai besoin d’être impliqué dans l’instant présent, dans quelque chose de nouveau et de créatif », confirme le pianiste de jazz Chick Corea [26]. « J’essaye de ne pas faire une imitation de moi-même… J’essaye de me mettre dans des situations un peu limites pour que ça ne m’arrive pas… », dit Martha Argerich. « C’est le contact direct avec la musique qu’il faut essayer de retrouver…, explique-t-elle aussi très bien. Comme avec une personne… Si tu te dis que tu connais la personne et que tu sais comment tu vas être, c’est fichu… ce n’est pas comme ça que ça se passe… Tu dois rester ouvert à ce que cette personne est à ce moment-là, pas à l’idée que tu en as [27]… »

Autre effet positif de la vitesse d’excitation Gémeaux : pas de retours en arrière, pas de regrets, pas de rancune non plus. « Je ne suis absolument pas nostalgique. Il faut vivre avec son temps. Je n’ai pas de regrets », assure Johnny Hallyday. « La nostalgie c’est la mort ! Le malheur, je connais, mais les regrets, ça jamais… », s’est exclamée la chanteuse et comédienne Annie Cordy qui a souvent déploré « … l’obligation imposée par une société hypermédiatisée de chanter la même chanson à toutes les émissions du matin au soir ».

Philippe Sollers, dont le ciel natal est dominé par l’axe Sagittaire-Gémeaux, prétend que ce sont les lents qui ont le trac. Même si cette remarque est réductrice et ne s’applique certainement pas à tous les lents ni à tous les rapides—ni à tous les Gémeaux—, on comprend aisément que ses deux premières facettes permettent à l’adapté de liquider facilement ce qui le contraint, lui pèse, l’empêche sinon d’avancer tout au moins de bouger, afin de se ressaisir, se renouveler, rebondir ailleurs autrement. Telle voie est une impasse, qu’à cela ne tienne ! Il y en a tant d’autres qui ne demandent qu’à être visitées.

Doté de la plus grande mobilité du zodiaque, l’adapté des Gémeaux ne se laisse pas paralyser par l’appréhension d’un échec futur et ne ressasse guère ses motifs d’insatisfaction : il est dans le mouvement.

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Troisième facette : sens des ensembles

Écart maximal entre la durée du jour et celle de la nuit au profit du jour croissant : esprit des ensembles. Sur fond d’excitabilité spontanée et de dépense tous azimuts de l’énergie : ensembles ouverts, changeants, libres.

Au début du printemps, il y a presque autant de nuit que de jour : le natif du Bélier a le sens des contraires et son profil d’excitable vif le pousse à les opposer. Au milieu du printemps, il y a nettement plus de jour que de nuit : le natif du Taureau sait d’instinct qui est en position de force et son caractère aussi tenace que pragmatique l’incite à composer en conséquence. À la fin du printemps, il y a tellement de jour que la nuit en disparaît presque. La grandeur maximale de l’écart entre le pôle majoritaire et le pôle minoritaire caractérise les quatre Signes autour de l’axe des solstices — Gémeaux, Cancer, Sagittaire, Capricorne — et porte les natifs concernés à ne pas envisager les opposés en termes de contraires ou de rapports de pouvoir, mais à les englober dans une vision d’ensemble qui différera d’un Signe à l’autre, selon le rapport jour-nuit qui le définit.

Sur fond d’ouverture, de mobilité, de souplesse et d’absence de préjugés, le natif du premier Signe solsticial a une vision d’ensemble à son image : libre, élastique et à géométrie variable. De même que sa personnalité est une mosaïque de facettes dont il joue alternativement ou simultanément, de même il est attiré par les compositions ou groupements faits d’éléments nombreux et variés, qui n’ont parfois comme seul dénominateur commun, que celui de pouvoir s’assembler ponctuellement par la grâce des circonstances générales et des humeurs particulières, quitte à se défaire, puis se refaire ailleurs et autrement, selon les fluctuations des unes et des autres. Les synthèses Gémeaux sont modifiables à tout moment par l’ajout toujours possible d’éléments nouveaux et la suppression, toujours possible également, d’éléments anciens.

Fort de sa capacité illimitée d’accueil, l’adapté est à même de constituer des équipes homogènes et non aliénantes, sur la base d’éléments a priori hétérogènes [28]. S’il est un leader dans son domaine, il rassemble sous sa houlette des gens très différents, un peu à la façon de Martha Argerich décrite par le violoniste Ivry Gitlis comme la reine des abeilles et dont la maison bruxelloise est une ruche de jeunes talents. Martha « … a des coups de foudre humains et artistiques pour des personnalités très différentes qui font petit à petit partie de sa tribu… Par ses dimensions confortables et son voisinage agréable, la maison de Martha s’est imposée comme un lieu de vie et de travail ouvert à tous [29]… » « Je ne sais pas si c’est mon Signe astrologique, s’est demandé le top model Naomi Campbell, mais je passe mon temps à mettre en contact des gens très différents et à les pousser à travailler ensemble. » La belle a fondé en 2002 « Naomi Campbell Communication, une entreprise qui depuis L.A. utilisera sa plus grande qualité : son aptitude à canaliser les énergies [30] ».

Si ses précédentes facettes lui donnaient la possibilité de toucher à tout, celle-ci permet à l’adapté de faire un tout pittoresque mais cohérent, des multiples domaines vers lesquels son insatiable curiosité l’a attiré. À un journaliste qui lui faisait remarquer qu’il n’opposait pas la littérature à la bande dessinée, ni la musique classique à la chanson, le cinéaste Alain Resnais répondait : « Les copains me considéraient comme un peu snob, ou cinglé, me disant : “Tu ne peux pas aimer à la fois telle chose et telle autre”. » L’imagination, la fantaisie et l’éclectisme se conjuguent chez l’adapté, qui établit spontanément des rapprochements n’allant pas de soi et réussit à partir de là des mélanges originaux et animés, un peu à l’image du film de Resnais On connaît la chanson, où l’on voit, entre autres, un officier allemand chanter avec la voix de Joséphine Baker. Resnais est volontiers qualifié de cinéaste « atypique », ce qui tient non seulement à ce que, comme la plupart des œuvres Gémeaux, ses films se suivent sans se ressembler, mais aussi à la liberté qu’il s’accorde de « pulvériser les règles ». « Sa marque de fabrique est celle d’un alchimiste inspiré qui réalise de ludiques expériences de laboratoire avec ses personnages… », explique un critique [31] qui signale que la méthode du réalisateur pour le film évoqué a consisté à proposer des pistes de recherche et à intégrer à l’ensemble les trouvailles de chacun de ses comédiens.

Comment ne pas faire un rapprochement avec Pedro Almodovar [32] dont un critique assure que sa « mise en scène s’épanouit dans les enchevêtrements complexes. Dédales qui sont aussi des réseaux de communication dans un cinéma qui a su s’emparer de tous les modes de communication : publicité, roman-photo, bande dessinée, télévision, musique ou chansons. Il en jaillit une esthétique hétéroclite, à la confluence de l’avant-garde, du classicisme et du cinéma de tous les genres. Un cinéma baroque, rassemblant en un même élan les grandes aventures artistiques du siècle… »

Il suffit de se pencher sur ce qui est rapporté, ici ou là, de tel ou tel créateur du Signe pour retrouver un son de cloche analogue. « La variété de la vie de Stravinsky trouve un écho dans la diversité de son œuvre dont la force et la cohérence ont su résister à des changements radicaux de style », écrit un spécialiste. « Sa synthèse du populaire avec l’ultramoderne crée une symbiose insolite, constate son biographe à propos de l’œuvre de Garcia Lorca. Je ne vois pas d’autre cas semblable. Le mélange du musical et du poétique, de l’antique et du moderne, jamais on n’a vu ainsi tout réuni dans une seule personne. Son théâtre est total : il inclut poésie, musique, danse [33]. »

Adepte du mélange des genres, l’artiste du Signe intègre un maximum d’influences et de styles pour enrichir le sien. « Dès mars 1972, Miles retourne en studio. C’est en pensant à Sly Stone, James Brown, aux Last Poets, mais aussi à Stockhausen et Paul Buckmaster, un violoncelliste anglais qu’il a invité à venir jouer chez lui, que Miles enregistre en juin le disque le plus important de cette période [34]. » « J’aime la nature dans sa diversité, explique le musicien Lenny Kravitz… comme la musique, toutes sortes de musiques. C’est pour cela que dans la mienne tu retrouves du folk, de la country, du rock, du blues, du gospel, du reggae, du funk, de la soul, du classique… Un peu de tout en fait… » « J’ai toujours adoré la musique classique, mais aussi le jazz, la chanson populaire, renchérit la chanteuse et violoniste Catherine Lara. On n’“arrête” pas d’aimer la musique classique pour aimer une autre musique. Pour moi, c’est une richesse d’avoir ouvert mes portes à toutes les formes musicales. Je trouve ça terrible d’être sectaire en musique et de n’aimer qu’une forme de musique… On vit dans un pays à tiroirs, on est trop catalogué dans un style. J’ai lutté contre ça toute ma vie. J’ai tout fait pour qu’on ne me mette pas dans un tiroir parce que je suis claustro [35]. »

« Un seul projet nous animait : tout embrasser et témoigner de tout », disait Simone de Beauvoir — à la naissance de qui trois Signes de solstice sur quatre étaient occupés —, à propos de Jean-Paul Sartre [36] et d’elle-même, illustrant sans le savoir la propension tant Gémeaux que solsticiale à avoir une conception totalisante du monde.

Gémeaux

Gémeaux : profil inadapté

Gémeaux

Première facette : faiblesse d’inhibition extinctive

Décroissance de la nuit maximale au Capricorne : détachement inné approprié vis-à-vis du monde extérieur. Décroissance de la nuit minimale aux Gémeaux (manque de nuit) : manque d’inhibition, de frein, de détachement, de distance…

Autant l’adaptation du natif des Gémeaux est facilitée par des qualités d’ouverture et de mobilité qui manquent aux natifs des Signes voisins du Taureau et du Cancer ou à ceux du Signe inverse, le Capricorne, autant ses difficultés d’adaptation relèvent d’une carence plus ou moins importante des points forts auxquels ces trois Signes prédisposent.

Alors que la croissance du jour dominant favorise l’excitabilité, la décroissance de la nuit dominante favorise l’inhibition. Au début de l’hiver, la nuit, qui a atteint son maximum de durée et commence à décliner, se traduit chez l’adapté du Capricorne par une déconnexion innée vis-à-vis du monde extérieur, qui va de pair avec une quête d’absolu. À la fin du printemps, la nuit, qui est à son minimum de durée tout en continuant de décliner, prédispose l’inadapté des Gémeaux à être incapable de se couper de ce qui le sollicite à l’extérieur, incapable même de s’en passer. Il n’a pas la force verticale de recul, d’arrêt, de détachement et d’approfondissement dans la solitude qui caractérise l’adapté du Capricorne. Il lui manque aussi l’aptitude cancérienne à poser des limites pour mieux gérer et conserver les acquis, ainsi que la concentration, la résistance et le pragmatisme du Taureau. « Je ne sais pas m’arrêter, je suis sans limites, je ne m’en impose jamais », a reconnu Johnny Depp qui, jusqu’à présent, s’est montré particulièrement attiré par les femmes du Capricorne, comme on l’est souvent par son contraire [37].

L’inadapté des Gémeaux se laisse tenter par trop de directions à la fois pour aller au bout d’une seule. Comparativement à celui du Bélier, il s’avère plus insaisissable qu’envahissant, plus éparpillé qu’entier, plus versatile que provocateur ou téméraire. Ce n’est pas la bombe prête à exploser, c’est le furet qui est passé par ici, sans savoir et sans que personne puisse prévoir, lui moins que quiconque, s’il repassera par là. « Je suis lamentable, je n’arrive pas à tenir mes engagements », s’est reproché Alain Souchon. « L’idée d’accepter une invitation à dîner dans trois semaines, même venant d’amis chers, m’est odieuse… Dans trois semaines, je serai peut-être en Inde, vous comprenez ! » s’exclamait Jean d’Ormesson à soixante-dix ans passés [38].

L’inadapté flirte avec tout et tout le monde, mais n’arrive à se fixer à rien ni personne. Il reste à la surface des choses et lâche en route ou bâcle ses entreprises, dès que la gêne commence à gâcher le plaisir. L’abus du dilettantisme le prédispose à se réveiller à un âge où, faute d’avoir développé suffisamment une seule des multiples cordes de son arc, il se retrouve dans la situation de la cigale qui, parce qu’elle n’a fait que chanter tout l’été, n’a rien pour affronter l’hiver. « Mon père me disait souvent qu’avec tous mes talents, je serais probablement un raté, parce que je voudrais toucher à tout », a révélé Jean d’Ormesson qui, peut-être à cause des craintes paternelles, n’aura actualisé qu’une infime partie de la première facette inadaptée de son Signe.

On qualifie le natif de girouette, on lui reproche de trop parler ou de parler pour ne rien dire, on déplore son manque de sérieux, de rigueur, sa désinvolture et, en fin de compte, son incapacité à passer à l’âge adulte. « Je voudrais avoir dix ans, je voudrais ne pas être adulte », a rêvé Françoise Sagan. « J’ai dix ans, je sais que c’est pas vrai, mais j’ai dix ans… », a chanté Alain Souchon. Vivre, comme l’enfant, dans l’ici et maintenant du principe de plaisir, se traduit par la difficulté à établir des priorités et à s’imposer des contraintes : celles consistant, par exemple, à organiser son temps, à se fixer et respecter un « deadline », à faire preuve d’une assiduité suffisante dans sa vie professionnelle, à tout simplement prendre sa vie en main.

Bien qu’il soit éminemment sociable, dans le sens où il recherche la compagnie des autres, l’inadapté pèche au plus haut point sur le plan de la socialisation, qui consiste à respecter les règles requises pour vivre en société. Marilyn Monroe était incapable de régularité, de ponctualité, de fidélité et rendait fous ceux avec qui elle travaillait, en se désistant au dernier moment pour des raisons futiles. « Barbara était fatigante, épuisante…, révèle une secrétaire de la chanteuse. Elle n’était pas “équilibrable” et elle se complaisait dans son déséquilibre… Il fallait l’obliger à manger, à se coucher, et je ne parle pas du respect de ses rendez-vous… Elle prenait de l’Équanil, le tranquillisant des années 60, comme les chiens prennent du sucre… Elle pouvait être très drôle et, me demi-heure après, être en pleurs. Je suis quand même montée chez elle plus souvent avec les pompiers ou les flics, qu’avec la clé à la main [39]… » Le manque de force intérieure, de maturité et de retenue, la propension à l’excès en tout, font de certains natifs des candidats au suicide à la moindre frustration.

Sur le plan matériel, la légèreté Gémeaux tourne carrément à l’inconséquence. Le montant élevé de ses cachets n’a pas empêché Marilyn d’avoir des problèmes d’argent, tout comme les sommes faramineuses gagnées par d’autres célébrités aussi prodigues du Signe, ne leur ont pas évité de se retrouver débitrices à vie de leur employeur ou du fisc. Que l’on pense à Johnny Hallyday ou à Françoise Sagan qui, à 67 ans, était ruinée au point de devoir se faire héberger par des amis ! L’empire de l’homme d’affaires Donald Trump — qui dépensait sans compter — a reposé sur des sables mouvants, autrement dit sur des emprunts et des dettes. John F. Kennedy « embarrassait tout le monde par son refus d’avoir de l’argent sur lui et par sa manie d’emprunter constamment de la menue monnaie dont il avait toujours besoin sur-le-champ et qu’il ne rendait jamais… Son père finit par prier un proche de lui faire la leçon et lui expliquer les choses de la vie, c’est-à-dire la façon dont les gens se comportent vis-à-vis de leurs finances : c’était comme tenter de discuter de problèmes sexuels avec une nonne… Il s’habillait n’importe comment, lit-on plus loin, et siégeait souvent en pantalons kaki tout froissés, avec une vieille veste de seersucker et des cravates couvertes de taches de sauce… Sa secrétaire d’alors était indignée de le voir à longueur de journée faire des passes à Ted Reardon avec un ballon ovale dans le bureau, pour ensuite se surcharger de travail pendant le week-end [40]… »

Trop agité et pas assez actif, l’inadapté se borne à être le jouet passif de tout ce qui lui permet d’échapper à l’ennui auquel il est vite sujet quand rien ne se passe et qu’il reste livré à lui-même, autrement dit quand il n’a pas d’exutoire à sa portée pour échapper à son sentiment de vacuité. Cette facette le porte à ne tenir ni sa langue, ni sa parole, ni la route, ni le coup.

Gémeaux

Deuxième facette : lenteur d’inhibition inadaptée

Décroissance de la nuit dominante au Capricorne : lenteur d’inhibition adaptée, inébranlabilité adéquate des refus. Décroissance de la nuit dominée aux Gémeaux : lenteur d’inhibition inadaptée. L’entêtement dans le « non » et la fermeture sont inadéquats.

La décroissance de la nuit dominante du Capricorne va de pair avec la « lenteur d’inhibition adaptée » qui se manifeste par un système de défenses d’une solidité à toute épreuve et permet à l’adapté de ce Signe d’opposer un « non » ferme et définitif à tout ce qui est susceptible de le distraire de l’absolu auquel il se consacre corps et âme. À l’inverse, la décroissance de la nuit dominée des Gémeaux incite l’inadapté du Signe à se bloquer à mauvais escient. Cette facette est moins connue, tant elle va a contrario de la rapidité d’ouverture au monde et aux autres, qui caractérise fondamentalement le natif de la fin du printemps. Il suffit pourtant de conseiller à certains Gémeaux de modifier, dans leur propre intérêt, de petites choses dans leur façon d’être, pour les voir se fermer comme une huître, changer de sujet ou ne plus donner signe de vie. Inutile de chercher à entraîner le natif qui actualise cette facette au-delà de la surface des choses ou dans la voie du bon sens. Il fera obstinément la sourde oreille à ce qui contrarie, si peu que ce soit, son besoin d’insouciance, de bougeotte, de diversion. Mis face à son irresponsabilité, il lui arrive de redoubler de charme, alors qu’il reste intérieurement de marbre. On peut parler de tout avec un Gémeaux, sauf de ce qui le dérange ou de ce qui l’ennuie.

Gémeaux

Troisième facette : phase ultraparadoxale

Pas assez de nuit, trop de jour : confusion des contraires, incohérence. Phase ultraparadoxale.

L’écart maximal entre le jour dominant et la nuit dominée donne à l’adapté des Gémeaux la capacité de faire un tout original à partir d’éléments aussi divers qu’inattendus, mais qui restent compatibles. L’excès de jour et le manque de nuit amènent l’inadapté à mettre dans le même sac tout et n’importe quoi, tout et son contraire. On passe de la synthèse au bric-à-brac.

L’inadapté du Taureau réagit trop fortement à des incitations faibles en rapport avec son intérêt central et trop faiblement à des incitations fortes sans rapport avec lui, il a des attitudes « paradoxales ». Avec celui des Gémeaux qui dit oui quand il devrait dire non et vice versa, on franchit le degré qui mène à la phase « ultraparadoxale ». Il semblerait que la disproportion entre la nuit envahie et le jour envahissant empêche de percevoir les antagonismes sur quelque plan que ce soit, au point de les intervertir ou de les mélanger avec la plus grande inconscience. Les comportements ou déclarations qui s’ensuivent sont pour le moins déconcertants.

« Michèle Cotta est fascinée par ses ennemis et lassée par ses amis », a témoigné une journaliste [41]. « Ce sont les gens normaux qui sont anormaux », a décrété Françoise Sagan. « On pourrait presque dire que je suis plus souvent d’accord avec mes adversaires qu’avec moi-même », a constaté de son côté Jean d’Ormesson, qui avoue par ailleurs faire « peu de différence entre le réel et l’imaginaire » et trouver qu’« entre un personnage qui a vécu et qui est mort et un personnage inventé, il n’y a aucune différence ».

Le natif qui actualise cette facette souffre précisément d’une incapacité à établir les différences qui sautent aux yeux de tous ceux qui n’ont pas une composante solsticiale accusée. Il s’imagine, par exemple, que les autres sont semblables à lui. Il n’est d’ailleurs pas impensable que l’image de la gémellité, par laquelle la Tradition symbolise le dernier Signe du printemps, illustre l’absence de distinguo entre l’autre et soi-même à laquelle cette facette prédispose. « Si la machine à radiographier les pensées existait, avance Isabella Rossellini, on verrait que nous avons tous les mêmes images dans la tête. » « On va tous pareil, moyen-moyen… », ou « On est foule sentimentale avec soif d’idéal… », chante en écho Alain Souchon, attribuant ses propres états d’âme et aspirations à tout le genre humain. « Il n’y a pas de peuple, pense Françoise Sagan, il y a des gens normaux qui ont le même âge, la même santé, la même sexualité que les gens de théâtre. Ils sont plus fauchés, c’est tout. »

L’excès d’identification, de mimétisme, de suggestibilité auquel sont sujets certains natifs du Signe, est l’expression d’un sens peu développé, pour ne pas dire déficient, de la spécificité personnelle, tout comme de celle des autres. « Je ne crois pas à la personne en tant qu’entité, a insisté Marguerite Yourcenar. Je ne suis pas du tout sûre qu’elle existe. Je crois à des confluences de courants, des vibrations qui constituent un être. Mais celui-ci se fait et se refait continuellement. » « Je ne vois que peu de différence entre ce qui est et ce qui pourrait être », confiait-elle par ailleurs [42]. Le Gémeau qui actualise cette facette devient, à son insu, qui il aime et qui il côtoie, en emprunte les mimiques, les tics de langage, en adopte les goûts et les couleurs qu’il finit très vite par croire siens, à l’instar de Johnny Hallyday qui, dans ses jeunes années, avait adopté la gestuelle, la façon de se vêtir et de se coiffer de ses idoles d’alors, James Dean et Elvis Presley.

La phase ultraparadoxale porte à ne pas s’embarrasser de logique et à n’avoir aucun complexe à exprimer, à faire ou être une chose et son contraire. « Quand vous étiez avec Nizan, vous vous amusiez à dire que vous étiez des surhommes, s’est étonnée Simone de Beauvoir auprès de Jean-Paul Sartre, et à la fin des Mots vous dites que vous êtes n’importe qui… » Sartre, à qui ses détracteurs ont beaucoup reproché de ne pas être à une contradiction près, écrivait à l’une de ses maîtresses en 1926 : « Renoncez donc à la logique. Elle n’a jamais fait avancer personne d’un pas. Souvenez-vous que la logique est le gagne-pain des intellectuels impuissants. » II justifiait avec son brio habituel cette dernière assertion en alléguant que la pensée des plus grands philosophes fourmillait de contradictions [43].

Certains natifs s’avèrent les champions des amalgames et de la pensée décousue. Ils accordent par exemple plus d’importance au superflu qu’à l’essentiel, prennent le mal pour le bien et ont finalement aussi peu de suite dans leurs réalisations que dans leurs idées, en faisant, entre autres, l’inverse de ce qu’ils préconisent. À l’image de John Kennedy que « … l’expérience avait conduit à penser que la vie était courte et douloureuse et que peu de choses méritaient d’être prises au sérieux en dehors des occasions de s’amuser ». « Il avait accueilli avec enthousiasme les rescapés de la brigade 2506, écrit un biographe [44], mais en leur ôtant tout moyen d’action. Il avait contraint les Soviétiques à rembarquer leurs missiles, mais les avait autorisés à rester à Cuba. Il avait poursuivi les actions de sabotage contre le régime castriste, mais avait tenté simultanément d’ouvrir un dialogue avec Castro. Ces initiatives révélaient une incohérence foncière… »

Comment ne pas faire un rapprochement avec ce que Bernard-Henri Lévy (né sous le Signe des discriminations et différenciations pointues du Scorpion) déclarait à un journaliste à propos du travail qu’il avait entrepris sur Jean-Paul Sartre : « L’enquête que je mène dans mon livre se donne un objet : comment le plus libre des hommes, le plus merveilleux des écrivains, le libertaire des années trente, l’antitotalitaire résolu qui survit jusque dans L’Idiot de la famille, a-t-il pu devenir aussi ce grand égaré qui a gobé les saloperies staliniennes, la propagande de Castro, etc. N’est-ce pas, en effet, aller au-delà du paradoxe que d’un côté écrire Les Chemins de la liberté et de l’autre approuver les régimes totalitaires, les tueurs des Brigades rouges ou de la bande à Baader ainsi que décréter qu’un régime révolutionnaire doit se débarrasser de ceux qui le menacent par la mort ? »

Hélas, tous les Gémeaux n’ont pas l’envergure ni le talent de Sartre, Yourcenar, Sagan ou du poète américain Walt Whitman qui se prétendait « … assez vaste pour contenir toutes les contradictions ». Si chez les plus doués l’attitude ultraparadoxale peut se traduire par une fantaisie et un humour dont le sens de l’absurde est le pivot, chez les autres elle se manifeste surtout par l’« incohérence foncière » reprochée à JFK, qui amuse de loin, mais exaspère de près.

Cet article vous a été proposé par Françoise Hardy

[1] L’« homme aux semelles de vent » est le surnom donné à Arthur Rimbaud, natif de la Balance.

[2] Magazine littéraire, janvier 1988. Interview de Ian Gibson par Jean-François Fogel.

[3] Le Monde de la musique, Martha l’indomptable, mai 2001.

[4] Robert Schumann : conjonction Soleil-Mars en Gémeaux. Martha Argerich : Jupiter, Soleil, Vénus en Gémeaux.

[5] Martha Argerich, Conversation nocturne, Arte 2002.

[6] Raymond Radiguet est l’auteur du Diable au corps. Jean Cocteau était Cancer avec une forte composante Gémeaux.

[7] C’est l’air qui permet la propagation du son et les trois Signes d’Air — Gémeaux, Balance et Verseau — sont considérés par la Tradition comme des signes de communication.

[8] Interview de Claude Servan-Schreiber, publiée dans Écrire, lire et en parler, Bernard Pivot, Robert Laffont.

[9] C’est sur sa dominante Mars-Pluton qu’il faut mettre l’agressivité célinienne, aggravée par les prédispositions du profil inadapté des Gémeaux à dépasser les limites et à tout mélanger. Le ciel de Jean-Marie Le Pen, né sous le Signe des Gémeaux, est également dominé par Mars et Pluton et le Signe matérialiste du Taureau comme le Signe protectionniste du Cancer y sont plus valorisés que celui des Gémeaux.

[10] Interview faite par l’auteur.

[11] Donald Spotto, Jackie, le roman d’un destin, le cherche midi.

[12] Rapporté par Elia Kazan dans Une vie, Grasset.

[13] En tant qu’automnal, John Lennon était plus prédisposé que Paul McCartney à s’occuper de politique, de même qu’en tant que printanier, ce dernier était plus prédisposé à s’intéresser la nature et à l’écologie.

[14] Voir note 5, page 57.

[15] Portrait par Marie-Hélène Martin, Libération, 26 janvier 2002.

[16] Lettres d’amour de Robert et Clara Schumann, Buchet-Chastel.

[17] Pierre Assouline, Hergé, Plon.

[18] Paris-Match, janvier 2000.

[19] Paris-Match, Caroline Pigozzi, novembre 2002

[20] Simone de Beauvoir, La Cérémonie des adieux, Gallimard.

[21] Éric Laurent et Pierre Salinger, La Guerre du Golfe, Olivier Orban.

[22] Michael Kennedy, Richard Strauss, Fayard.

[23] Interview de Claude Servan-Schreiber, publiée dans Écrire, lire et en parler, Bernard Pivot, Robert Laffont.

[24] Isabella Rossellini, Quelque chose de moi, Éditions Nil.

[25] Michael Kennedy, Richard Strauss, Fayard. Le ciel de madame Richard Strauss était dominé par l’axe Verseau-Lion, deux Signes de lenteur.

[26] Propos recueillis par Christian Gauffre.

[27] Voir note 5.

[28] Il y a toujours des exceptions. Par exemple Jean-Marie Le Pen et Céline sont nés avec le Soleil en Gémeaux, mais c’est bien plus à la dominante Lune-Pluton en Cancer qu’il faut imputer la xénophobie de Le Pen, et à la dominante Saturne-Pluton qu’il faut imputer la misanthropie de Céline que les Gémeaux le portaient à trop généraliser.

[29] Le Monde de la musique, Olivier Bellamy, décembre 2002.

[30] Interview d’Adrien Deevoy.

[31] Pascal Richou.

[32] Pedro Almodovar : « Conversations avec Frédéric Strauss », Cahiers du cinéma. Pedro Almodovar est Balance Ascendant Gémeaux et une conjonction Lune-Uranus en Cancer lui confère une dominante solsticiale. Les synthèses Gémeaux sont ouvertes, les cancériennes sont fermées.

[33] Voir note 2, page 56.

[34] Frédéric Goaty, Miles Davis, Éditions Vade-Retro, 1995.

[35] Émission « Recto-Verso » de Paul Amar, Paris Première, 2001.

[36] Jean-Paul Sartre est né, lui aussi, sous une dominante de Signes de solstice : Mercure, Pluton, Soleil en Gémeaux, Neptune en Cancer, Uranus en Capricorne. Simone de Beauvoir : Pluton en Gémeaux, Neptune en Cancer, Uranus, Mercure, Soleil en Capricorne, Ascendant en Sagittaire.

[37] Johnny Depp : Soleil Gémeaux, Ascendant Sagittaire, Lune en Capricorne.

[38] Interview accordée à l’auteur, 1998.

[39] Platine, novembre 2002.

[40] P. Collier-D. Horowitz, Les Kennedy, Payot.

[41] Article d’Isabelle Roberts, Libération, juin 2002. Journaliste politique, Michèle Cotta a été directrice de France 2, de 1999 à 2002.

[42] Écrire, lire et en parler, Bernard Pivot, Robert Laffont.

[43] Jean-Paul Sartre, Lettres au Castor, Gallimard

[44] P. Collier-D. Horowitz, Les Kennedy, Payot.

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