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Astromancie et astrologie : un malentendu paradoxal

Et si l’astrologie était née d’un gigantesque malentendu qu’on pourrait aussi assimiler à un vivant paradoxe ? Cela pourrait expliquer la persistance archaïque de l’astromancie dont elle serait alors l’enfant involontaire et inattendu, si l’on considère que l’enfant en question, en refusant de renier sa mère qui ne l’a jamais reconnu vu qu’elle n’a jamais imaginé qu’une telle créature ait pu naître de son ventre fertile ?

Dans cette hypothèse, l’astromancie aurait accouché de l’astrologie, improbable bébé qu’elle n’imaginait ni n’attendait et qui, au fond, ne lui ressemble pas beaucoup, si ce n’est une commune référence et révérence aux astres. L’astromancie se serait-elle fait faire un bébé dans le dos ? Cela expliquerait-il que l’astrologie a “bon dos”, autrement dit que ses prétentions prédictives seraient indûment alléguées comme justifications ou excuses par ceux qui fuiraient leurs responsabilités épistémologiques (qu’ils soient astrologues ou anti-astrologues) en refusant de couper un cordon ombilical à la fois authentique et source de ce gigantesque malentendu paradoxal ? A-t-on le droit de renier sa mère au prétexte qu’on se sent très peu d’atomes crochus avec elle, tout en reconnaissant néanmoins l’essentiel lien de filiation qui nous unit à elle ? En d’autres termes, l’astrologie peut-elle renier sa mère l’astromancie tout en assumant quand même sa parenté et son héritage ? La réponse est oui. Sous certaines conditions.

L’Homme préhistorique et le Ciel

C’est une vieille histoire, aussi vieille que l’humanité. On ne peut donc que tenter d’imaginer des scenarii permettant d’expliquer a posteriori, en fonction de nos connaissances actuelles, ce qui s’est passé dans une très lointaine antiquité.

Les premiers hommes n’avaient pas de bouquins de science, de télescopes, d’Internet ni de magasins où acheter tout ça. Ils vivaient en symbiose avec leur milieu naturel où il leur fallait survivre dans des conditions rudes et précaires. Et pour assurer cette survie, ils ne disposaient que d’une solution : être à l’écoute des signaux émis par la nature, ressentir, observer et capter les forces visibles et invisibles qui la parcourent pour essayer de prévoir ce que cette immensité mystérieuse leur préparait.

La nature, c’était avant tout la Terre et le Ciel — et ça l’est toujours pour nous aujourd’hui. La Terre : un monde chaotique, dangereux et imprévisible. Le Ciel : un monde ordonné, tranquille (sauf quand le Dieu de l’Orage faisait des siennes) et prévisible, où étoiles et planètes reviennent régulièrement à la même place, permettant à ces nomades de se guider dans leurs déplacements.

Dans l’animisme primitif, les forces invisibles mais agissantes de la nature ont été assimilées à des dieux dont il fallait se concilier les bonnes grâces et tenter de prévoir les réactions grâce à toutes sortes de méthodes rationnelles ou irrationnelles permettant d’essayer de savoir de quoi demain serait fait en cherchant des présages dans le grand livre ouvert et sans mots de la nature.

Parmi ces forces naturelles déifiées, il en est de visibles (le dieu du Tonnerre, le dieu des Mammouths, le dieu de l’Eau, etc.) et d’invisibles… et parmi elles les forces astrales. On ne saura jamais les premiers noms que celles-ci ont reçu, qui devaient infiniment varier selon les tribus. Par contre, ce qu’on sait avec certitude, c’est que les ethnies les plus primitives, donc animistes, peuplant encore notre Terre aujourd’hui (pour combien de temps encore ?) se caractérisent par une très grande intuition des forces de la nature, par un incroyable instinct que nous autres “civilisés” avons pour la plupart d’entre nous en grande partie perdu.

On peut donc penser que nos lointains ancêtres avaient cette très grande intuition et ce profond instinct des réalités visibles et invisibles du Ciel et de la Terre. Les millénaires ont passé, ces savoirs se sont transmis de génération en génération par l’intermédiaire des shamanes tandis que se sophistiquait l’aptitude au langage parlé et l’observation et la connaissance du ciel et de ses présages. Petit à petit, siècle après siècle, millénaire après millénaire, parmi la multitude de dieux animistes qui représentaient les forces de la nature, certains ont émergé du lot parce qu’ils étaient des lieux de convergence des principales forces. C’est probablement ainsi que sont apparus dans l’imaginaire humain les premières déités de religions organisées. Des déités habitant presque toutes dans le Ciel apparemment immuable et ordonné, et dont nos ancêtres pensaient qu’étoiles et planètes étaient les messagers.

L’astromancie originelle

Puis vient le temps où apparut en Mésopotamie, il y a environ 5000 ans, la plus vieille religion connue du monde. Ses principaux dieux portaient les noms des astres visibles du système solaire, qui étaient leurs représentants dans le Ciel : Shamash (le Soleil), Shin (la Lune), Nabu (Mercure), Ishtar (Vénus), Nergal (Mars), Marduk (Jupiter) et Ninib (Saturne). Dans la pensée mythique des prêtres-astronomes-astrologues babyloniens, “le médium était le message” (McLuhan) : en d’autres termes, les planètes exprimaient la volonté des dieux (des forces de la nature) qui portaient le même nom, et en même temps elles étaient ces dieux… une chose difficile à comprendre pour la pensée cartésienne différenciatrice et binaire.

Pour comprendre et prévoir la volonté des dieux, les mésopotamiens ont conjointement inventé — ou plutôt découvert — l’astronomie et l’astromancie. Pendant des millénaires, l’astrologie-astromancie fut avant tout au service du pouvoir temporel et religieux (les deux étant alors indissociables) et “éminemment politique : elle annonce victoires ou défaites, prospérité ou famine, désordres civils ou stabilité du trône. Les astres et les planètes sont porteurs de messages divins concernant la collectivité.” (Pierre Villard)

Cela ne fait aucun doute : du début de l’étude systématique et rationnelle du Ciel par l’Homme vers 2300 ans avant J.-C., si l’on se réfère au premier document astrologico-astronomique connu jusqu’à l’apparition, vers 420 av. J.-C., du premier thème individuel natal connu (et de son interprétation), tous deux retrouvés en Chaldée, on ne trouve pas de traces de l’astrologie “psychologique” telle que nous l’entendons aujourd’hui. Ce qui a régné pendant près de 2000 ans, c’est une astromancie collective basée sur des recherches astronomiques qui la fondaient. Nos ancêtres astromanciens de cette longue période ne s’intéressaient pas du tout à l’horoscope “miroir du sujet”, vu que l’horoscope individuel n’existait pas, en accord avec l’absence concomitante de la notion d’individualité.

Et en passant, n’oublions pas que cette astromancie primitive était pratiquée en association avec d’autres techniques divinatoires irrationnelles telles que les haruspices (lecture du futur dans les entrailles d’animaux éventrés). Non, décidément, l’astrologie n’existait pas en ces temps reculés. Elle n’a commencé à voir le jour que vers 500 av. J.-C., lorsque le zodiaque a été divisé par les Chaldéens en douze parties égales appelés “Signes”, et surtout entre 420 et 300 av. J.-C., lorsque l’astrologie chaldéenne naissante, encore largement empreinte d’astromancie, a fait son apparition en Grèce, les Chaldéens amenant aux Grecs leurs vastes connaissances en astronomie et en astrologie, et les Grecs apportant à l’astrologie chaldéenne leurs théories physiciennes, leur philosophie et leur logique rationnelle, laquelle a probablement joué un rôle majeur dans la différenciation entre astromancie et astrologie.

De l’astromancie à l’astrologie

Imaginez le scénario : l’observation des mouvements des astres était initialement vouée à la prédiction d’événements collectifs et de catastrophes naturelles, et ces prédictions étaient la plupart du temps infirmées par les faits, ce qui n’a pas empêché pour autant le maintien et le développement de l’astromancie, puis de l’astrologie. C’est stupéfiant… mais pas plus stupéfiant, au fond, que le maintien et le développement de la physique ou de la médecine, par exemple, elles aussi basées sur des conceptions erronées du réel et d’une efficacité plus que douteuse. Ce qui ne les a pas empêchées de progresser en se remettant radicalement en question, ce qui n’a pas été le cas de l’astrologie, restée prisonnière de sa magique matrice astromancienne selon laquelle tout ce qui se produisait dans le monde sublunaire était implacablement déterminé par les astres.

Dans la phase de transition entre astromancie et astrologie (c’est-à-dire la période pendant laquelle est né l’horoscope individuel avec son corollaire, la possibilité d’une astrologie “psychologique” relativement autonome par rapport à l’astrologie purement prédictive), les deux — astromancie et astrologie — sont restées intimement mêlées, à l’instar d’un bébé dont le cordon ombilical le reliant à sa mère n’aurait pas été coupé, inaugurant son existence autonome. Puis, au fil des siècles, sans que ce cordon soit rompu, l’astrologie a commencé à prendre une relative autonomie par rapport à l’astromancie, grâce aux réflexions pré-conditionalistes de quelques grands astrologues-astronomes tels que Ptolémée, Cardan ou Kepler qui ont admis et/ou théorisé le fait que les influences astrales n’étaient que relatives et ne s’exerçaient par conséquent qu’à l’intérieur de déterminismes terrestres plurifactoriels (hérédité, sexe, éducation, etc.). La distinction entre prévision (évaluation d’une échéance possible dont l’astrologie n’est qu’un des déterminants) et prédiction (affirmation d’une échéance certaine dont l’astrologie est la seule cause) devenait alors possible.

Cette phase de transition n’est malheureusement pas terminée, tant chez les astrologues que chez les anti-astrologues, et encore moins pour le grand public consommateur d’horoscopes. Les houleux débats qui viennent d’agiter la FDAF (dont je ne fais pas partie) en témoignent. De trop nombreux astrologues continuent, sous des masques variés et avec des motivations multiples, à fonctionner comme des astromanciens d’il y a 40 siècles. Une minorité éclairée (conduite par les conditionalistes) a coupé le cordon ombilical sans renier sa maman astromancienne qui avait des circonstances atténuantes, certes, mais insuffisantes pour qu’on la laisse persévérer dans une astrolâtrie prédictionniste que les échecs répétitifs et quasi-systématiques ont condamnée pour tout être doté de raison et de sens de l’observation, qu’il soit astrologue ou non.

Prévoir ou prédire, il faut choisir

L’enfance ne meurt jamais en nous. Même adultes, nous restons l’enfant que nous avons été, que nous le voulions ou non. Mais nous ne sommes pas obligés de continuer à nous comporter comme des enfants lorsque nous sommes devenus adultes. L’astromancie, c’est l’enfance de l’astrologie. Elle persiste en nous sous la forme de croyances irrationnelles selon lesquelles tout serait écrit d’avance dans l’horoscope et les transits. On a le droit de croire à ce conte de fées en dépit des mécomptes de faits qu’on peut aisément lui opposer. Mais il est quand même temps que l’astrologie en finisse avec son enfance astromancienne et reconnaisse enfin que sa puissance prédictive est quasi-nulle.

J’en reviens ici au malentendu et au paradoxe que j’énonçais au début de ce texte : née d’un désir prédictif collectif exempt de tout psychologisme individuel, l’astromancie a accouché de l’astrologie, extraordinaire instrument — pour qui sait le manier — de compréhension du fonctionnement des individus, indépendamment de toute volition prédictive. Ultime assomption de ce malentendu réaliste et paradoxal : l’astrologie dépouillée de sa gangue astromancienne permet de prévoir le comportement d’un individu dès sa naissance, ce qui confirme son pouvoir prospectif tout en enterrant ses velléités prédictionnistes ! Autrement dit, l’astrologie est née d’une matrice qui n’aurait pas dû lui donner le jour, mais qui en a quand même paradoxalement accouché ! De quoi faire flipper l’étroit cerveau d’un scientiste rationaliste ignorant des paradoxes dont l’épistémologie regorge pourtant à foison… et feignant d’oublier que toutes les sciences sont nées des questions que se posaient les Hommes au sujet des relations et interactions entre le Ciel et la Terre !

Prévoir ou prédire, il faut choisir… Le “prévoir” permet de couper le cordon ombilical entre astromancie et astrologie tout en maintenant le lien de filiation. Le “prédire” n’est que de l’astrolâtrie, autrement dit une régression infantile. L’astrologie ne doit pas se priver de ses moyens de prévoir, mais humblement, dans un cadre probabiliste, à l’intérieur d’un cadre de déterminations et conditionnements multifactoriels et par conséquent extra-astrologiques qui doivent clairement être appréciés comme tels. Elle doit abandonner toute velléité de prédire quoi que ce soit dans l’absolu. Et tant pis si cela la conduit à s’opposer à sa mère l’astromancie : c’est cela, devenir adulte.

Les limites du prévisible

L’astromancie prédictive ayant été mise à la place qui devrait depuis longtemps être la sienne, c’est-à-dire au musée, reste à délimiter le domaine de l’astrologie prévisionnelle.

Cet abandon de l’astromancie doit évidemment aller de pair avec celui des techniques prévisionnelles magico-symbolistes telles que les directions et progressions qui n’ont de réalité que dans l’imaginaire. Seuls les transits devraient être pris en compte, en s’accordant sur le fait qu’ils ne sont que des indicateurs de tendances et de problématiques et non des déclencheurs d’événements. Les transits posent des questions auxquelles il revient aux individus de répondre dans le cadre de la situation extra-astrologique (familiale, professionnelle, affective, spirituelle, économique, etc.) où ils se trouvent. Dans cette optique non-déterministe ou pluri-déterministe, à un même transit deux individus ayant le même Thème natal peuvent réagir de manière totalement opposée en fonction du contexte où ils se trouvent et de leur évolution personnelle.

Sur le plan de l’astrologie individuelle, 35 ans d’expérience de la consultation m’ont appris que la prévision ne pouvait être que probabiliste et ne pouvait s’opérer que dans le cadre d’une analyse multifactorielle des divers déterminismes qui conditionnent un individu à un moment donné. Ils m’ont également appris que plus un individu avance en âge, plus il devient possible de prévoir (et non prédire… mais parfois presque !) la manière dont il est susceptible de réagir à un transit.

Avant l’âge de 30 ans environ (soit la durée approximative du cycle de Saturne), il est quasiment impossible de prévoir comment il va réagir à un transit, d’une part parce qu’il en a encore vécu très peu de similaires, et qu’on ne peut donc pas se baser sur les réactions qu’il avait eu alors pour tenter d’évaluer celles qu’il serait susceptible d’avoir à l’avenir, et d’autre part — mais les deux phénomènes sont liés — parce que sa personnalité est encore en construction… donc assez imprévisible. À partir de 50 ans par contre, l’individu a vécu plusieurs transits similaires, et sa personnalité s’est structurée et plus ou moins stabilisée, notamment en fonction de ses réactions aux différents transits. En le questionnant pour savoir comment il a réagi à ceux-ci, et si l’on constate qu’il a toujours réagi de manière à peu près identique, on peut pronostiquer avec une bonne probabilité de ne pas se tromper, qu’il risque fort de réagir à l’identique lors d’un transit similaire à venir, non par une sorte de fatalité astrale, mais du fait de nos automatismes de répétition qui se renforcent avec l’âge. C’est ce qu’on appelle le conditionnement.

Ceci dit, en quoi cette prévision à très forte probabilité de réalisation effective peut-être être utile au consultant ? En rien, si ce n’est qu’un verdict du genre : “Monsieur X., étant donné que lors de vos quatre précédents transits de la planète Y sur le point Z de votre Thème vous avez réagi de manière dysfonctionnelle et inadaptée, vous recommencerez dans deux ans lors du cinquième transit.” Il est beaucoup plus utile de lui dire : “Monsieur X., étant donné que lors de vos quatre précédents transits de la planète Y sur le point Z de votre Thème vous avez réagi de manière dysfonctionnelle et inadaptée, vous risquez fort de faire de même dans deux ans lors du cinquième transit. Mais vous pouvez éviter ce désagrément en essayant de modifier dès maintenant vos conduites dysfonctionnelles afin d’éviter de commettre à nouveau les mêmes erreurs dans deux ans.” S’il en résulte pour le consultant une prise de conscience salutaire, l’astrologue peut alors lui proposer un programme et des méthodes pour résoudre ou mieux intégrer sa problématique, que le consultant sera alors libre d’accepter ou de refuser. S’il accepte et parvient à modifier ses comportements dysfonctionnels, échappant à ses automatismes de répétition, ce qui était prévisible ne se réalisera pas et c’est tant mieux pour lui. S’il refuse ou se montre incapable de se remettre en question, la prévision se réalisera… non pas à cause d’une quelconque fatalité astrale ou du génie prophétique de l’astrologue, mais du fait de cet automatisme de répétition auquel le consultant n’aura pas su, pu ou voulu échapper.

Dans cette perspective, vouloir prévoir pour prévoir est une imposture nuisible au consultant. Ce qui lui est utile, c’est que l’astrologue lui propose des stratégies de transformation pour éviter que des prévisions tragiques ne se réalisent. Il faut pour cela à l’astrologue beaucoup d’humilité et de sens de l’humain, qualités dont semblent dépourvus les matamores de la prédiction ou de la prévision à tout va qui se glorifient de leurs victoires en passant sous silence leurs échecs en la matière.

Évidemment, une telle conception du caractère prévisionnel de l’astrologie va à l’encontre de la demande des consultants avides de “connaître leur avenir” par n’importe quel moyen, et des astro-charlatans qui font de leurs prédictions un commerce lucratif et une base d’auto-promotion narcissique. Mais c’est un autre problème qu’il n’y a pas lieu d’aborder ici, sinon en soulignant le fait que ces astro-charlatans sont en fait des astromanciens de pacotille qui trahissent les vertigineuses intuitions des vrais astromanciens primitifs qui avaient su découvrir la mystérieuse relation entre l’Homme et le Ciel avec les instruments cognitifs de leur époque et de leur stade de développement intellectuel.

Faut-il brûler les astromanciens d’aujourd’hui ?

Nous n’en sommes plus à l’ère de l’Inquisition (du moins dans les pays démocratiques et respectant les libertés individuelles et les droits de l’Homme). Les astromanciens ont donc le droit de vivre et de propager leurs inepties sur la place publique. Dans nos sociétés basées sur les lois du marché commercial, ils proposent une offre irrationnelle qui correspond à une demande irrationnelle. L’irrationnel étant au cœur du fonctionnement humain, il est vain de vouloir l’éradiquer. Il faut faire avec. Toutes les tentatives rationalistes de l’extirper ont échoué. Il est inutile et vain de tenter de recommencer. On peut prédire que ce serait un échec.

Par contre, il est vital pour les astrologues un tant soit peu rationnels de dénoncer haut et fort leurs théories et leurs pratiques. L’astromancie est le talon d’Achille de l’astrologie, non pas sa part d’enfance, mais sa part d’infantilisme, ce qui n’est pas la même chose. Ceux qui ne sortent pas de l’enfance son condamnés à l’infantilisme, cette grotesque simagrée de l’enfance.

Qui est le “père” de l’astrologie ?

Au fait, si l’astromancie est la mère de l’astrologie, qui est son père ? Et lequel des deux est le plus indigne, le père ou la mère ?

Je ne suis pas adepte des freudaines, donc je ne vais pas traiter ces questions sous l’angle du complexe d’Œdipe et blablabla. Quand j’ai écrit que l’astromancie était la “mère” de l’astrologie, ce n’était qu’une toute symbolique et symboliste figure de style. Mais puisque je l’ai utilisée, autant aller jusqu’au bout de la logique qui la sous-tend. Si la mère est Chaldéenne, le père ne serait-il pas Grec ? Même pas : les premiers documents “astro-psychologiques” connus datent d’avant (voir plus haut) la connexion entre l’astromancie Chaldéenne et les savoirs physiques et philosophiques hellénistiques. Donc le “père” semblerait bien, lui aussi, être Chaldéen, donc lui aussi astromancien. Comment alors comprendre le caractère “hybride” de l’astrologie, croisement improbable entre croyance irrationnelle et “science humaine” ?

Je ne suis pas historien, mais j’imagine néanmoins qu’entre −420, date du premier document astro-psychologique connu, et −300, date du début de la fusion entre l’astrologie chaldéenne et les savoirs Grecs, il a quand même dû y avoir quelques perfusions de savoirs. Le “père” putatif pourrait donc bien être Grec… ce qui expliquerait assez bien le statut hybride de l’astrologie : astromancien irrationnel mais néanmoins créateur de l’astronomie, des mathématiques et du langage par sa mère qui était quand même riche d’un potentiel astrologique, astrologique-moderne par son père affamé de logique et de rationalité — donc digne fils de sa mère, quelque part, vu qu’elle ne l’avait pas attendu pour explorer rationnellement, expérimentalement et logiquement les mystères du Ciel et de la Terre.

S’agirait-il alors de scissiparité, “mode de multiplication asexuée qui se réalise simplement par division de l’organisme” ? Dans ce cas, l’astromancie n’aurait pu reproduire que de l’astromancie, ce qui n’est pas le cas, sauf pour les astromanciens et anti-astrologues qui croient à ces fables.

Laissons donc tomber ces idées de “mère” et de “père” et constatons l’existence de ce paradoxe doublé d’un malentendu qui n’en est un que pour la raison raisonnante : l’astrologie est née d’une interrogation de l’Homme sur ses relations avec le Ciel. Au début, cette interrogation avait un caractère intuitif et irrationnel. Puis elle devenue pensée et rationnelle. Ce qui signifie que l’irrationnel a accouché du rationnel. Nouveau paradoxe vivant et concret dont la signification échappe aux rationalistes et irrationalistes de tous poils, vu que tout est dans la conversion, donc dans la Relation entre les deux.

Le paradoxe est au centre de tous les savoirs. L’alchimie occultiste a accouché de la chimie.

En guise de conclusion provisoire…

L’astromancie a accouché de l’astrologie, c’est un fait. Dans l’arbre généalogique idéel de tout astrologue du XXIe siècle figure un ancêtre astromancien, c’est indéniable. Tout comme il est indéniable que la chimie moderne a renié sa mère l’alchimie occultiste dont elle est pourtant l’héritière. La mère de la chimie était-elle indigne ? Non. L’alchimie faisait ce qu’elle pouvait dans la mesure des savoirs de son époque encore baignée d’irrationnel comme toutes les époques. L’alchimie était l’enfance de la chimie, susceptible de croire au merveilleux comme toutes les enfances. De plus, tous les alchimistes étaient peu ou prou astrologues et/ou astromanciens.

Tous les savoirs, toutes les sciences ont des sources irrationnelles. Tous sont enfants de l’irrationnel, puisque c’est l’irrationnel qui a enfanté le rationnel (ne me demandez plus qui est le “père”). L’astrologie n’échappe pas à cette règle universelle. Ce qui fait sa spécificité, c’est qu’elle est le seul savoir à ne pas avoir coupé le cordon ombilical qui la relie à ses racines mythiques. Pourquoi ? Pour quelles raisons ou déraisons ? Probablement parce que c’est fondamentalement un savoir qui unit et relie et qui rechigne donc aux séparations. Très certainement parce que les astrologues n’ont pas voulu, su et/ou pu exercer un droit d’inventaire sur l’héritage astromancien. Pas voulu parce que l’illusion de toute-puissance prédictive leur conférait une aura de démiurges que l’astrologie seule n’aurait plus leur octroyer ; pas su parce qu’à l’époque de la naissance de la science moderne, ils ont été marginalisés… et se sont eux-mêmes guettoïsés en se réfugiant dans l’occultisme ; pas pu car une infime minorité d’entre eux se sont donné les moyens et ont eu l’audace d’opérer et de théoriser cette séparation, la majorité préférant se réfugier dans un conservatisme de boutiquiers frileux, les plus audacieux estimant qu’il n’y a pas une grande différence, au fond, entre un mythe, qu’on a un peu dépoussiéré pour le rendre réaliste, et une explication rationnelle (en passant, les explications rationnelles opérantes ne seraient-elles pas des mythes réalistes ?).

Ces considérations philosophico-poétiques, sociologiques et épistémologiques n’excluent en rien la nécessité d’une explicative biophysique de l’influence astrologique, qui est à mon avis indispensable. Grand merci aux astromanciens de la lointaine antiquité qui ont fait de moi un astrologue. Je revendique et accepte l’héritage qu’ils m’ont transmis. Sous droit d’inventaire implacable, sans aucune concession. L’astrologie dont ils ont accouché a pris une autre route que la leur, une route inimaginable dans leur esprit. C’est souvent comme ça avec les enfants : ils ne font pas vraiment ce qu’on avait prévu pour eux. Comme quoi la prévision est faillible.

Exercer un droit d’inventaire ne veut pas dire renier en bloc son héritage, pas plus que couper son cordon ombilical ne signifie tuer sa mère. De l’héritage de la mère astromancienne gardons donc le meilleur et l’essentiel : cette intuition d’une relation entre l’Homme et les astres du système solaire, dont le caractère cyclique et périodique permet la prévision. Et débarrassons-nous une bonne fois pour toutes du chimérique prédictionnisme magiste et fataliste.

Cet article vous a été proposé par Richard Pellard

Voir aussi :

▶ Astrologie et voyance : la différence
▶ Comment choisir son astrologue ?
▶ Choisir son “devin”
▶ L’astrologie peut-elle prévoir l’avenir ?


Les significations planétaires

par Richard Pellard

620 pages. Illustrations en couleur.

La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.

La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.

La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.

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Pluton planète naine : une erreur géante

par Richard Pellard

117 pages. Illustrations en couleur.

Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.

Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?

Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !

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