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en Astrologie Naturelle

Débat : langage et communication conditionaliste
par Collectif

Dans le milieu astrologique, les conditionalistes traînent une sulfureuse réputation d’intellos abstraits, rationalistes et matérialistes s’exprimant dans un jargon aussi obscur qu’ésotérique. C’est un mauvais procès : en fait, nous ne faisons qu’utiliser un langage rationnel cohérent avec la complexité de notre discipline : l’astrologie.

Ce débat lors du congrès conditionaliste de Sainte-Baume en 1983 illustre à merveille les malentendus du langage et de la communication conditionalistes.

Bernard Blanchet : Je voudrais savoir, d’après vous, où est-ce que ça boite dans le langage, ou dans la non-communication conditionaliste ?

Jean-Pierre Nicola : Qu’est-ce qui ne va pas ?… D’abord, dans une communication, il y a un échange. Alors l’échange, on a parfois l’impression que la question, vous la renvoyez aux conditionalistes, enfin… on vous la renvoie, mais nous, on aurait pas le droit de dire : mais vous, pourquoi vous ne vous mettez pas à la portée de notre langage ? Bon, on va généraliser : un Chinois, qui rencontre un Français. Le Français lui dit : “Pourquoi vous ne parlez pas français ?” Eh bien le Chinois, il ne fait que passer des idées en chinois, mais il les fait passer aussi bien qu’en français. Alors on vous dit : apprenez le chinois, voilà ! Le chinois, c’est peut-être conditionaliste, sauf que cette fois, il s’agit d’un langage qui permet d’aller plus loin que le pur langage de la communication humaine… La réalité astrologique a un niveau de complexité qui appelle un autre langage, une autre langue que la langue des échanges humains…

Richard Pellard : Un langage de la complexité…

Jean-Pierre Nicola : Un langage de la complexité, oui. Alors, envoyez des questions là-dessus, vous avez certainement quelque chose à dire, puisqu’on nous dit “vous êtes des Chinois”. Alors, allez-y, dites-nous pourquoi on est des Chinois.

Anonyme : Moi je m’étais initiée au chinois, et j’ai besoin de l’apprendre encore beaucoup…

Jean-Pierre Nicola : Tu as compris qu’il suffisait d’apprendre la langue…

Anonyme : Et ce que je voudrais faire, moi, c’est réussir à traduire votre chinois dans mon langage à moi, pour le faire passer aux autres.

Jean-Pierre Nicola : Bon, ben on va apprendre le conditionalisme aux Chinois.

Bernard Blanchet : C’est vrai qu’avec la méthode d’analyse, avec l’objet d’étude conditionaliste, on est obligé d’avoir, comme l’a dit Richard, un langage du complexe. Mais ceci dit, ce langage du complexe n’exclut pas d’être capable ensuite, auprès d’un enseigné ou d’un consultant, de le retraduire… Un langage, ça a deux vertus, c’est un outil pour penser : le R.E.T., force d’inhibition machin, phase truc, etc. Ensuite, quand je veux communiquer, surtout avec un consultant, ça n’exclut pas d’employer un langage plus commun, quoi…

Richard Pellard : Voire symbolique…

Bernard Blanchet : Voire symbolique, oui…

Anonyme : C’est là qu’il faut qu’on soit sûrs de ne pas se tromper.

Bernard Blanchet : II faut bien différencier le langage en tant qu’outil pour penser et le langage en tant qu’outil de communication. Ici, d’après ce que j’ai cru comprendre, nous n’étions pas là pour parler des thèmes d’un tel ou un tel, mais pour vous faire toucher du doigt la richesse d’un outil de pensée. Un outil de pensée, donc un langage ; avec des nouveaux concepts, donc des néologismes… et pour cause ! Il n’y a pas une discipline, pas une connaissance qui ait étudié un nouvel objet d’étude et qui ait défini de nouveaux concepts et qui n’ait pas été obligée de définir des néologismes. Ça me rappelle l’histoire de Piaget avec son “égocentrisme”. Je vais vous raconter ça. Piaget, parlant du début du stade jupitérien, vers 5 ans, dit : “l’enfant est égocentrique.” Tous ceux que Laborit appelle les psychologues langagiers disent : “l’enfant, égocentrique ? Mais il est social, nanana…” Piaget, lui, était un scientifique. Il avait pris la peine de définir ce qu’il entendait, lui, par le terme conventionnel, parce que les mots ce sont des conventions, ce ne sont pas des choses. La définition de l’égocentrisme de Piaget était très simple : un enfant de 5 ans… on est dans une salle, on est tous les cinq, là. On demande à l’enfant : “Combien êtes-vous dans la salle ?” Il compte : “un, deux, trois, quatre”. Il s’oublie lui-même : il est égocentrique, dit Piaget qui précise : “dans ma terminologie, par ‘égocentrisme’, j’entends l’incapacité à se décentrer de soi pour se considérer soi-même comme objet de son activité, à se décentrer de son propre point de vue.” Et c’est là qu’il y a une impossibilité des parlants à se faire entendre, mais il y a aussi une incapacité parfois des auditeurs à comprendre que les mots ne sont que des conventions. Le mot n’est pas la chose ! Une fois qu’un chercheur a pris la peine de définir pendant tant de pages ce qu’il entend par tel et tel concept, eh bien, les gens qui veulent s’approcher de sa connaissance doivent d’abord, c’est vrai, apprendre la terminologie, ce qui n’est pas apprendre des mots, mais apprendre des concepts nouveaux, sinon des néologismes, c’est-à-dire des mots nouveaux, du moins des mots du langage commun employés dans un sens différent, sens différent qui désigne un concept nouveau…

Anonyme : Ce qu’il y a de plus profond que le rapport concept/langage, c’est le problème logique/concept… Sur quelle logique, autrement dit, le concept est bâti !

Jean-Pierre Nicola : Euh… tu nous fous dedans ? !

Didier Doré : Bon, pour enchaîner sur ce que tu dis, et ça me rappelle un passage de La Condition solaire, ça veut dire que si effectivement quelqu’un a pris la peine de définir un langage, des termes, en donnant à ces termes une valeur, un poids, une signification telle que c’est bien de celle-ci qu’il s’agit et pas d’une autre, moi je dis à ce moment-là, on ne va pas transformer son langage en un autre langage pour le faire passer, je ne suis pas d’accord avec ça. Et ça, c’est vachement important, y compris dans la consultation. Ça veut dire aussi : Pavlov, il a emmerdé tout le monde, parce que quelque part, si on va au bout de son truc, ça veut dire que les mots sont des mots, mais ce sont des mots efficaces, ce n’est pas n’importe quels mots qui doivent designer n’importe quelles choses c’est-à-dire qu’il nous faut des mots qui signifient vraiment quelque chose et qui soient en adéquation avec leur objet. Sans ça, plus personne ne comprend plus personne.

Jean-Pierre Nicola : Mais alors, c’est-à-dire au niveau de la recherche sur le psychisme, Pavlov, à un moment donné, a interdit l’utilisation des mots. Il a dit : on va se donner comme règle du jeu… faut pas oublier que le langage, c’est une règle du jeu…

Bernard Blanchet : Eh oui, c’est jupitérien !

Jean-Pierre Nicola : Alors, à partir de là, si vous oubliez que c’est une règle du jeu, on ne peut plus communiquer. La communication, c’est basé sur le fait que vous savez à quoi on joue. Alors, il faut pas tout-à-coup dire : mais à quoi vous jouez ? Non ! Vous jouez, ou vous jouez pas. C’est pour ça que les conditionalistes sont des videurs, parce que s’il y a quelqu’un qui veut jouer aux boules alors qu’on est en train de jouer à la belote, on dit : “Monsieur, allez jouer aux boules plus loin, nous, ici, on joue a la belote !” Je veux dire, il se passe autre chose quand les gens, ils jouent aux boules… On ira après pour jouer aux boules. Et il ne se passera pas la même chose. Alors il ne faut pas remettre en cause un cadre de référence, un cadre de langage, des règles du jeu, parce que le but de toute la recherche conditionaliste, ça a été de dire : les astrologues ne communiquent pas entre eux au départ, il faut donc leur donner des règles du jeu, c’est-à-dire des langages pour qu’ils puissent dire quelque chose qui se ressemble. C’est tout. On peut dire que les conditionalistes, justement, communiquent entre eux tout en étant très différents de tempérament, et même parfois très antagonistes, ils savent quand même de quoi ils parlent. Je ne fais pas de polémique, enfin, j’en fais quand même un peu, en tout cas, je rappelle que, qu’est-ce qui se passe, eh bien à ce moment-là il faut isoler les conditionalistes, faut les isoler, c’est une tribu, on peut pas parler… Sauf que nous on connaît leur langage et que eux ne connaissent pas le nôtre. Ce qui se passe chez les astro-symbolistes, c’est qu’il n’y a pas de règle du jeu, et il est interdit de faire des échanges. Chacun joue son petit morceau de violon, et puis on applaudit à la sortie, et on continue comme c’était avant.

Anonyme : Mais qui interdit ?

Jean-Pierre Nicola : Qui ? Le consensus général ! Je termine mon truc sur Pavlov. Il a donné comme règle du jeu : “On ne va pas décrire les comportements animaux en termes de psychologie, en termes courants, on ne va les décrire qu’en phases, en force d’excitation et en force d’inhibition.” Et c’est à partir de là qu’il a découvert toute cette logique des comportements. Après la découverte de cette logique, il n’est pas interdit de retourner au langage. Il dit : “Maintenant, on a pigé, on peut en parler en termes psychiques”…

Anonyme : Alors, Pavlov, il a interdit ?

Jean-Pierre Nicola : II n’a rien interdit du tout ! II a donné une règle du jeu, c’est pas pareil ! Si je te donne le droit de jouer aux boules, je t’interdis pas de jouer à la belote !

Bernard Blanchet : Je voudrais aussi apporter un élément de réponse. Je suis Sagittaire. Le pied du Sagittaire, c’est de changer de langage — c’est la définition de l’excitation associative — excusez-moi pour ce vilain mot. Et longtemps, je me suis dit : en consult, je m’en fous, j’emploie n’importe quel langage du moment que ça passe. Ça veut dire, au Capricorne, je vais lui parler de montagnes, d’hiver et de squelette. Parce que je n’avais pas l’audace de mon langage ! Or, de quoi on s’aperçoit quand on fait de la consultation et qu’on a l’audace de son langage conditionaliste ? Si quelqu’un a un gros mécanisme Capricorne, je lui explique : attention, au Capricorne, la nuit commence à décroître ; ça succède au Sagittaire, et ça marque les limites de l’adaptation, et je lui explique ce que c’est que l’inhibition extinctive et je lui dis que le chien, au bout de trois fois, il veut plus saliver au coup de sonnette qu’annonce pas la bidoche. Je vous jure que le consultant comprend profondément et a un outil pour réfléchir à tout ce que ça implique dans sa vie, alors que finalement, je n’ai pas eu les mêmes résultats en employant un langage que je croyais plus facile, qui était le langage psy, qui était le langage symbolique. Si quels que soient les signes dominants chez vous on vous explique bien, techniquement, de la manière la plus abstraite possible, ce qu’est l’inhibition truc ou l’inhibition machin, c’est là qu’on va vous parler le plus profond. Si tu dis “Lune/Scorpion, attachement passionnel à la mère”, tu vas avoir bon une fois sur deux, parce que t’es concret ; mais si tu réussis à bien pointer le mécanisme le plus abstrait, là tu vas avoir bon pour tous les gens qui ont Lune/Scorpion. Mais d’un autre côté, attachement passionnel à la mère, cela peut vouloir dire une Lune/Scorpion, Ça peut vouloir dire également Lune angulaire, ça peut venir du Soleil, ça peut venir d’autre chose, mais tu ne décris pas la spécificité de cette position-là. Quand tu vas à l’abstrait, au plus pointu de l’analyse, alors à la fois ce n’est vrai que pour cette position-là, et c’est vrai pour tous les gens qui ont cette position-là, avec après tous les comportements, toutes les expressions, tous les symptômes possibles. Là, je vous jure qu’à mon sens, faites des expériences, je veux dire, vivez votre vie, si vous précisez bien votre terminologie et si vous allez bien à l’abstrait, y compris en consultation, il se passe quelque chose de beaucoup plus riche que si vous dites : tiens, t’es chauve, quoi, ou très actif, ou très passif. C’est une révolution dans la pratique. C’est plus performant, c’est plus opérationnel au niveau de l’acte thérapeutique. Mais on parle pas de la consultation, on parle de la méthode de recherche. Et y a deux choses différentes, la consultation et l’enseignement. Celui qui vient apprendre l’astrologie conditionaliste doit admettre qu’il va jouer aux boules et qu’il apprenne notre terminologie. Le consultant, c’est autre chose. Des gens qui font de l’astrologie conditionaliste depuis cinq ans, je ne vais pas leur expliquer ce que c’est que le niveau ‘R’, ni ce que c’est que l’inhibition extinctive : ils ont dû acquérir cette terminologie-là. S’ils refusent cet effort-là, on peut pas travailler ensemble. Si on n’a pas un langage commun, une règle du jeu commune, on ne peut pas parler ensemble. C’est jupitérien ! Le gosse, à trois ans, a besoin d’apprendre le langage commun pour s’inscrire dans les échanges, et c’est vrai dans tout groupe !

Didier Doré : Il y a un rapport justement entre l’enseignement et la consultation. Ça me semble important parce qu’il est intéressant que la théorie soit appliquée quelque part un jour pour que l’application nous renvoie quelque chose à la théorie. À mon sens, il n’y a que comme ça que cette théorie pourra bouger en étant un peu infusée dans le concret, en ayant un vécu.

Bernard Blanchet : Le langage conditionaliste passe en tant qu’outil de communication quand on se donne la peine.

Didier Doré : Je pense qu’il n’y a même pas à se poser la question s’il faut le décrypter ou pas, je crois qu’il y a pas à le décrypter, parce qu’on trahit le langage quand on le traduit. Je pense que le fait d’essayer de faire comprendre à quelqu’un ce que c’est que ce langage, qui dit bien ce qu’il veut dire, est plus important que de chercher une traduction en termes symboliques, ou n’importe quoi.

Anonyme : Mais alors, dis-moi ce que tu dis au sujet de la Lune en Scorpion, par rapport à la formule…

Didier Doré : Mais c’est à toi d’expliquer l’inhibition différentielle !

Richard Pellard : Exactement, la consultation, il faut commencer par de la pédagogie à la limite…

Anonyme : J’ai remarqué une chose, c’est que vous dites qu’il faut rester dans l’abstrait, parce que notre langage est un langage. D’accord. Mais quand Bernard nous a parlé de la consultation, il a traduit les images de Pavlov, et non pas la théorie de Pavlov. Il n’a pas parlé abstrait, il a parlé du chien et là je suis d’accord : pourquoi prendre la montagne alors qu’on peut prendre le chien ?

Bernard Blanchet : Pavlov est un marsien !

Anonyme : Ah non, pardon, parler notre langage, mais de façon ‘R’, parce qu’il n’y a que ça qui passe. Pas oublier que nous sommes des “’T” peut-être, quelque part, en faisant passer par le ‘R’. Et il nous fait faire cet effort de passer par le ‘R’, par l’image, par le concept, que ça soit le nôtre de concept, alors là je suis bien d’accord, mais attention, ne pas oublier de passer par le concept reçu par tous ! Sinon, on est foutus ! La preuve, c’est que toi tu es passé par “le chien va renoncer à la troisième fois”. Tu as expliqué le système abstrait, mais par une image…

Bernard Blanchet : Non, c’est pas une image. Moi je suis fainéant comme une couleuvre : pour expliquer ce que c’est que l’inhibition extinctive, je raconte les expériences de Pavlov ; ce ne sont pas des images, ce sont des faits.

Anonyme : Oui, mais tu n’iras pas parler au consultant de ‘F+’ ou de ‘F−’ ! On est obligé de passer par l’image, qui est une explication de langage peut-être, mais qui est nécessaire pour que le type qui n’est pas encore dans la course le devienne, c’est tout !

Jean-Pierre Nicola : C’est parce qu’il y a deux fonctions du langage : il y a un langage de la consultation ; pour la pensée ou la recherche, il a une fonction différente…

Anonyme : II y a trois moments : il y a l’apprentissage, et il faut passer par l’image, il y a la communication entre spécialistes, et là il y a pas besoin d’images, et il y a la consultation, où il faut repasser par l’image !

Bernard Blanchet : Tout à fait, mais ceci dit, il ne faut pas mélanger les problèmes inhérents à un congrès dont on ne sait pas si c’est un congrès ou un stage ou un cours d’initiation, si on s’arrête à l’acception du mot congrès. Quand les psychanalystes font un congrès, ils ne définissent pas ce que c’est la “libido”, hein…

Anonyme : Oui mais alors dans un congrès, il n’y a pas d’animateurs…

Bernard Blanchet : Non, il y a des intervenants. Je pense que c’est bête de discuter du congrès, on, est en train de s’éloigner de notre sujet…

Richard Pellard : Non, on est en plein dedans…

Bernard Blanchet : Oui, c’est vrai que c’est un problème de communication aussi. Pour nous, ce congrès, ce n’était en aucun cas une formation pour les gens…

Richard Pellard : Nous pensions que c’était une information, pas une formation… et là, c’est sûr qu’il y a des problèmes de communication entre le langage de la pensée et le langage de la communication.

Anonyme : Mais je pense que c’est très bien, même si on n’a pas compris les ‘R’, les ‘E’, les ‘T’, on a une ouverture…

Bernard Blanchet : Ce matin, quand en une heure et demie-deux heures — je parle de moi mais c’est parce que c’est l’atelier que je connais —, j’aborde le zodiaque, je n’ai pas l’intention, pas la prétention une seconde de vous apprendre le zodiaque. Tu comprends, il y a plein de gens qui font de l’astrologie conditionaliste depuis trois ou quatre ans qui n’ont encore pas assimilé le zodiaque, il faut beaucoup de temps. Pour vraiment s’initier au zodiaque, il faut deux-trois jours à huit-neuf heures par jour… Mais j’ai voulu vous faire toucher du doigt l’intérêt de cette approche du zodiaque, et c’est ce qu’on a voulu faire ici. Seulement, votre demande quelque part est décalée, vous voulez savoir ce que ça veut dire ’“Lune-Scorpion”… Et là, il y a un monde… Langage et communication ! On essaie de recoller un peu …

Didier Doré : Quand on parle de communication, on parle de plusieurs langues. On peut assimiler la langue conditionaliste à du chinois par exemple, et la langue sociale à du français. Dans la vie, on a plusieurs façons d’apprendre les langues. On peut aller voir un prof de langues qui va nous apprendre le mot “table” avec un manuel ou avec un truc audiovisuel. C’est-à-dire qu’on va travailler le langage de l’extérieur. C’est quelque part ce que vous demandez tous !

Jean-Pierre Nicola : Effectivement, il y a une demande dans ce sens.

Didier Doré : Il y a une autre façon d’apprendre le langage : tu prends ta valise, tu ne connais rien au niveau de l’anglais, tu t’en vas en Angleterre et tu te démerdes. Il y a de bonnes chances quand même qu’au bout d’un an, tu maîtrises l’anglais assez bien. Alors qu’au bout d’un an de trucs audiovisuels et de professeurs, quand tu vas aller en Angleterre, tu auras des problèmes pour te faire comprendre. L’idée, c’est qu’au niveau de l’astrologie, et particulièrement de l’astrologie conditionaliste, puisque c’est ça notre langue, c’est de dire : “nous sommes en Chine, et ici on parle chinois.” Ici en fait, on discute des méthodes et des façons de se comprendre. Quand je fais des cours, je dis que, si les gens sont allés en Angleterre ou en Arabie avant, c’est leur problème, ils ont voyagé dans ces pays-là. S’ils viennent dans un cours, je leur dis, voilà, vous êtes ici en Chine, ici, voilà la règle du jeu, et quand je fais des consultations, je dis aussi aux gens, voila, je suis un chinois, et là, dans ce cabinet-là, on est en Chine. Et voilà la règle du jeu parce que si je dis pour vous faire plaisir, on va parler français, jamais je ne pourrai faire passer mon langage chinois.

Anonyme : C’est toi aussi qui sais qu’il y a du ‘R’, il y a des gens qui sont en ‘R’, des gens qui fonctionnent en ‘E’ et des gens qui sont en ‘T’ C’est toi qui le sais, c’est pas eux. Il y en a qui ont besoin de la classe, d’autres qui auront besoin d’aller dans le pays…

Didier Doré : Simplement, quelque soit le niveau — le R.E.T. c’est des niveaux quand même, c’est pas des classifications —, quel que soit le niveau auquel le message est passé, c’est quand même du chinois, c’est-à-dire qu’on peut faire passer du chinois à un niveau ‘R’, ‘E’ ou ‘T’. Dans une consultation, les trois niveaux existent. Le ‘R’, c’est le discours, mais moi j’ai envie quand même de faire un R.E.T. qui soit parlé en chinois, et pas en autre chose.

Jean-Pierre Nicola : oui mais là, attends, justement, je crois que le truc de la langue, c’est une mauvaise image. Moi j’ai pris le chinois parce que justement il y a une connotation. Ça veut dire qu’à la limite on n’y comprend rien, c’est tordu. Mais en fait là, il s’agit d’autre chose, il s’agit d’une langue qui va décrire des réalités autres que celles de la langue intelligible que nous connaissons. Donc, est-ce que le langage conditionaliste permet, oui ou non, de décrire des choses plus profondes de la vie que d’autres langages ? Voilà le vrai problème. Sinon, on ne parlerait pas conditionaliste si on n’était pas en prise sur des réalités plus fondamentales, c’est tout. Le langage conditionaliste est plus complexe parce qu’il permet de cerner des choses complexes que ne permet pas le langage symbolique, et là-dessus, Richard, je pense que tu as beaucoup de choses à dire, parce que tu as été confronté à pas mal de résistances ! Bon, dans le fond, c’est une langue. Mais est-ce que les conditionalistes disent ou non la même chose que les autres écoles ? Et est-ce qu’on peut témoigner ou non d’une autre réalité ? Est-ce qu’on témoigne de quelque chose d’autre, ou est-ce qu’on a besoin de dire la même chose que les autres écoles en termes chinois ? En termes compliqués ?

Richard Pellard : Qu’est-ce que vous en pensez ?

Anonyme : Moi il me semble que c’est une autre réalité que décrit le langage conditionaliste, je suppose…

Anonyme : Moi je crois que vous dites les mêmes choses avec une approche et un regard différents, beaucoup plus profonds.

Jean-Pierre Nicola : Ah ! tu ajoutes “plus profond”, quand même !

Bernard Blanchet : Je ne sais pas… au niveau du témoignage, il m’est arrivé très très souvent d’avoir des élèves — et pour moi ce sont les meilleurs parce que j’aime bien ça — qui ont quatre, cinq, six ans d’une autre école, avant de venir à un stage conditionaliste. Or, par exemple, Mylène, qui est dans ce cas, me dit à la fin d’un stage : “On a raconté des trucs sur les thèmes, des thèmes qu’on avait déjà faits dans d’autres écoles, on n’a pas du tout parlé des mêmes choses. On n’a pas étudié la même chose’” Si j’étudie “Est-ce que tu es attachée à ta mère ou pas”, et si j’étudie “Quel rôle joue la fonction de ‘groupalité’, de Lune donc, dans ton thème”, je ne parle pas du tout de la même chose. Dans un cas je fais de la psy à la petite semaine, je singe les psys, dans l’autre cas je fais de l’astrologie.

Jean-Pierre Nicola : Voilà. Les conditionalistes, ce sont ceux qui font vraiment de l’astrologie. Je suis désolé mais c’est vrai. Peut-être qu’on devrait améliorer les deux langages pour qu’ils soient plus accessibles, mais…

Bernard Blanchet : Évelyne, tu veux intervenir là-dessus ?

Évelyne : Oui, voilà, je suis psychologue-psychothérapeute. Ce qui m’a intéressé dans l’astrologie conditionaliste, c’est justement qu’on y faisait de l’astrologie, c’est tout !

Jean-Pierre Nicola : Bravo ! Merci.

Bernard Blanchet : Évelyne, je l’ai eue en stage d’initiation, et ça a été une des plus grandes joies de ma vie le jour où elle m’a dit : “Ah, là ça paye, parce que vous ne faites pas de la psy, vous faites de l’astro, ou vous tendez à faire de l’astro.” Et pour bien comprendre, moi j’enseigne la théorie des âges, et ça pèse lourd dans mes cours. Mais je ne fais pas de psy. J’utilise des concepts psy éventuellement, mais je n’étudie pas ce qu’étudient les psys. Et ça c’est quand même fondamental : on ne fait pas de la psy. Or les trois quarts des écoles d’astro font de la psy, et s’il y a un psy dans la salle, il va dire : “Ils font de la psy à la petite semaine, et c’est minable.

Anonyme : Mais il y a un manque d’organisation ! On nous laisse un peu mariner…

Jean-Pierre Nicola : Si vous voulez, on peut comparer le R.E.T. à une soupe constituée de tas d’éléments de densités différentes. Vous agitez le tout, ça fait le bordel. Vous laissez reposer, vous voyez les ‘R’ qui remontent et les ‘T’ qui baissent. Vous pouvez faire une soupe de molécules de densités différentes, ça vous restitue la dynamique du R.E.T. Alors nous, conditionalistes pervers, on laisse toujours brasser d’abord, on laisse venir. C’est pour ça qu’on est le plus neutres possible quand on arrive. On ne sait pas. On ne sait pas où on va. Et on en sort… on ne sait pas. Qu’est-ce qui s’est passé ? Vous allez voir que vous allez réfléchir, et tu vois bien que je ne finis pas comme j’ai commencé, et tu découvres autre chose, mais c’est ça, on a toujours fait comme ça, les conditionalistes. D’habitude, dans les milieux conditionalistes, ça brasse. On ne fait pas de conférence, on ne fait pas d’exposé doctrinaire, on laisse venir. Jusqu’à un moment donné où on commence à réagir. Et on commence à un moment donné à dire : “Bon, maintenant, on part à gauche, ou on part à droite, on a compris ce qui se passe, maintenant, tous dans le rang !” Enfin, je veux te dire, quelque part on est quand même un peu homogènes, tu vois, on laisse venir, mais je suis rigoureusement incapable d’avoir telle ou telle attitude au départ. Pour ma part, est-ce que je vais avoir le sourire ou non, je n’en sais strictement rien, d’abord, je ne sais pas, chaque animateur pourrait témoigner. Moi, ça me fait toujours chier de me retrouver parmi les gens, tu sais, je suis un solitaire, je veux dire que j’angoisse au départ, moi aussi, faut pas croire. Lorsque je vais quelque part je me dis “Aïe aïe aïe, qu’est-ce que je vais entendre, qu’est-ce qui va se passer ?” Je ne peux pas arriver complètement relaxe, je ne peux pas. Mais après, on regarde chacun ce qui se passe et puis, bon, on a compris : ça évolue trop par là, on va donner un coup de barre par là. Tu vois, finalement, on vit vraiment avec ce qu’on pense. Est-ce que tu vis avec ce que tu penses ? Est-ce que ta tête c’est du R.E.T., et le reste non ?

Bernard Blanchet : Je sais c’est ton cas aussi : dans les stages j’ai le souci constant, avec la merdouille — tous les gens qui ont bossé avec moi savent que ça merdouille à droite et à gauche, même la forme du stage —, d’avoir une pratique en cohérence avec le discours théorique. Et pour ce que tu dis qu’on ne sait pas où on va, tous les gens qui ont fait un stage avec moi savent que au début, ça merdouille, je patauge comme un âne, j’essaie de sentir le groupe, de voir ce qui se passe, et au début, ça patauge, qu’est-ce que c’est, de quoi on parle, et c’est là que, malgré toutes les différences entre nous, y a quelque chose qui se rejoint.

Jean-Pierre Nicola : Oui, exactement, et toi Richard, qu’est-ce que tu fais ?

Richard Pellard : Pareil, je démarre pas de suite…

Didier Doré : Moi c’est pareil, je ne sais pas !

Jean-Pierre Nicola : Au départ, on est obligé d’être à l’écoute de la pluralité, c’est normal !

Anonyme : Moi je voulais dire que nous, étant néophytes, on a été avec René du début jusqu’à la fin, qu’il nous a très bien fait passer le message, qu’on a très bien compris tout ce qu’il nous a expliqué… et pour nous, il n’y a pas de problème de communication ni de langage. Je voudrais faire une image : quand on quittait la quatrième pour entrer en troisième, on commençait la trigonométrie. Bon, là c’est pareil, le prof qui te commence la trigonométrie, il va pas faire 36000 fois référence à l’arithmétique ! Et tu ne vas pas faire un complexe d’assiégé ou de culpabilité avec ceux qui ont appris ou continueront à apprendre l’arithmétique ! Ici, on nous apprend un langage nouveau, qui correspond à la trigonométrie par rapport à l’arithmétique. Nous sommes là pour l’apprendre, pour l’écouter. Vous parlez ce langage, c’est à nous de prendre des notes, de l’assimiler, de poser des questions, de demander des explications sur tel ou tel terme. Et puis au bout de trois jours, nous, ce langage, je ne dis pas qu’on le possède à fond, mais ce qu’on a pu nous dire nous le possédons.

Jean-Pierre Nicola : Je crois que ce qui se passe, c’est que nous, on est toujours à l’écoute, un peu trop à l’affût, on n’est peut-être pas assez ‘R’, on est trop global, pour être ‘R’, et c’est vrai qu’un problème conditionaliste, c’est qu’il n’y a pas assez de ‘R’ chez nous, pas assez de porte-drapeaux, pas assez d’autoritaires absolus, on est tous trop lunaires. On est un peu paumés, quoi, parce qu’on veut peut-être trop rester homogènes. C’est pour ça qu’il y a des débats qu’on ne devrait même pas soulever, je veux dire, si vous n’êtes pas contents, au revoir ! Je veux dire, on est venus ici vous apprendre la trigonométrie, un prof il ne s’emmerde pas avec tout ça. Vous êtes venus apprendre la trigonométrie, vous n’êtes pas de niveau, eh bien redoublez l’arithmétique. Et puis tant mieux, Ça allégera, ça fait de la sélection. Mais on n’est pas des sélectifs, non plus, tout le monde vient à la conditionaliste, et puis tout le monde pose ses questions. Mais en fait c’est un peu ça, on est quand même des natures humaines, lorsque vous attendez un meneur conditionaliste, pensez à tous les stress auxquels il est soumis. Il y en a qui disent, “Vous allez trop vite”, d’autres “Vous n’allez pas assez loin”, “Vous visez trop juste”… Vous dites bon, je te remercie, mais moi je dis merci à tous les conditionalistes meneurs qui sont venus ici, qui s’attendaient pas qu’ils allaient faire des cours d’ailleurs, et moi qui suis un peu à la base de tout ça, je suis personnellement vraiment touché de la solidarité des copains.

Anonyme : Moi je voudrais ajouter à ce qu’a dit Jean-Pierre Nicola que je suis nouvelle, que je ne connaissais pas le R.E.T., ça m’a vachement stimulée, ça m’a apporté énormément. Mais dans l’ensemble, malgré le fouillis, c’est positif à un point que je n’aurais même pas pu imaginer, et pourtant, j’étais persuadée que ce serait positif.

Cet article vous a été proposé par Collectif

Voir aussi :

▶ Langage conditionaliste : droite ou gauche ?


Les significations planétaires

par Richard Pellard

620 pages. Illustrations en couleur.

La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.

La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.

La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.

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Pluton planète naine : une erreur géante

par Richard Pellard

117 pages. Illustrations en couleur.

Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.

Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?

Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !

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