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en Astrologie Naturelle

Lion
Le rythme Lion

Le rythme du Soleil en Lion repose sur l’écart moyen entre le jour dominant mais décroissant et la nuit dominée mais croissante.

Lion

Lion : profil adapté

Lion

Première facette : force d’excitation débloquante

L’écart moyen entre le jour dominant mais décroissant et la nuit dominée mais croissante, favorise la concentration de la fermeture estivale autoprotectrice et la retourne en ouverture volontaire et audacieuse au monde.

Même s’il domine encore, le jour, symbole du « moi », diminue de plus en plus en été. Voilà pourquoi cette saison sensibilise aux limites personnelles et prédispose tant les natifs du Cancer que ceux de la Vierge à se protéger du monde extérieur.

Alors qu’il était maximal au Cancer et deviendra minimal en Vierge, l’écart entre la durée du jour et celle de la nuit est moyen au Lion. Ce rapport intermédiaire d’un pôle qui domine nettement l’autre en lui laissant assez d’importance, est spécifique des quatre Signes du centre de leur saison et permet d’en concentrer l’incitation de fond. Au Taureau, la concentration de l’ouverture basique du printemps sur un objet de prédilection a pour effet une fermeture instinctive à ce qui se trouve en dehors du champ d’intérêt. Au Lion, la concentration de la fermeture autoprotectrice de l’été sur ce qu’il y a à protéger revient à blinder le point critique jusqu’à acquérir un sentiment d’invulnérabilité suffisant pour s’ouvrir au monde et y conquérir la meilleure place possible. C’est ce qu’illustre le mythe léonin d’Achille et de son talon. Au cœur d’une saison où, malgré l’avancée inquiétante de la nuit, le jour garde la vedette, le Lion constitue le dernier bastion d’un moi fort. Doté d’une personnalité volontaire et ambitieuse, l’adapté du Signe ne s’apitoie pas sur lui-même et fait l’impasse sur ce qui pourrait le déstabiliser. Un peu comme s’il ignorait délibérément la menace potentielle que constitue la nuit, pour mieux utiliser les effectifs réels du jour qui la domine bel et bien. Le tempérament léonin est celui d’un battant et d’un gagneur, qui pourrait faire sienne la devise de Napoléon : « Vouloir, c’est pouvoir. »

Dans sa prime jeunesse, Lambert Wilson aspirait à être acteur, mais il se trouvait laid et ne se sentait guère attiré par le devant de la scène. De son propre aveu, il a donc laissé de côté ses complexes pour mieux développer la « détermination forcenée » qui servait sa vocation. « La Maison Blanche est un champ de bataille permanent où, dès le matin, il faut garder les yeux sur la colline à prendre. Pendant la procédure d’impeachment, plus d’un homme se serait jeté dans le Potomac, Bill Clinton, lui, est resté presque serein. Il avait appris cette discipline : rester concentré sur son travail de président, même si le monde s’écroule autour de lui [1]. » Selon un biographe, Jackie Kennedy affrontait les multiples et incessantes infidélités de JFK « … en s’efforçant de considérer l’infidélité comme un élément désagréable mais peut-être inévitable de l’équation matrimoniale… Je décidai que ce chagrin vaudrait la douleur », disait-elle. (…) Elle s’interdisait d’échouer là où sa mère avait échoué, tout comme de se détourner sous prétexte qu’elle était blessée. (…) Par ailleurs, elle savait que Jack ne pouvait pas la quitter et cela lui donnait une supériorité morale et même un contrôle sur lui… Surtout, elle se confortait avec cette conviction : « Je sais que j’occupe une place très spéciale à ses yeux, une place unique. » D’après l’épouse du vice-président, Mrs Johnson, Jackie Kennedy était comme « une fleur fraîche », à ceci près qu’il y avait « une dose d’acier et de résistance quelque part en elle » qui lui permettait « de continuer à avancer en restant elle-même [2] ».

Taraudé, en effet, par la nécessité d’aller de l’avant en restant soi-même, l’adapté du Lion prend au fond le contre-pied de celui du Cancer. Par exemple, il voit dans les petits bonheurs simples de la vie quotidienne, par définition sans surprise, l’ennemi sournois et difficile à combattre que constitue la routine : rassurante en surface, mais étouffante et sclérosante en profondeur. « J’aurais fait le choix de rester à la maison…, j’aurais été écrabouillée entre moi et moi », explique l’avocate Gisèle Halimi [3]. « Il faut faire très attention à ne pas se laisser engluer par la routine », met en garde Mick Jagger. « Combien de fois me suis-je cru impuissant, désespéré devant le rideau noir de l’habitude, se souvient Yves Saint Laurent, et combien de fois le rideau s’est déchiré pour me laisser entrevoir des horizons illimités qui m’ont donné mes plus grandes joies et, j’ose le dire, une véritable fierté [4]. »

Le Lion incite à repousser aussi loin que possible les limites à l’intérieur desquelles les deux autres Signes d’été prédisposent à rester cantonné : celles de l’espace imparti, comme les siennes propres. C’est pourquoi l’astrologie moderne lui attribue une fonction de « déblocage ». « Avant tout, il faut avoir le champ libre, préconisait le compositeur Karlheinz Stockhausen. Avant la culture, il faut l’espace. Je ne puis m’empêcher de vouloir constamment faire reculer mes limites. Ce que je veux, c’est voler sans avion et plus vite et plus loin… Je veux voir plus que ne voient mes yeux et entendre plus que n’entendent mes oreilles… [5] » « L’impossibilité que nous rencontrons aujourd’hui est notre victoire de demain, assurait le grand yogi indien, Sri Aurobindo. Nous sommes faits pour tout vaincre. » Sri Aurobindo est allé jusqu’à penser que la mort n’est qu’une habitude dont il ne tient qu’à soi de se défaire. « On peut toujours aller encore plus loin ou explorer d’autres domaines… », affirme Robert De Niro. « Quel que soit votre type d’acteur, renchérit Robert Redford, vous avez la possibilité de faire reculer vos limites d’individu et celles de votre destinée… » « En allant plus loin en moi, je vais plus loin dans mon métier, j’avance », a expliqué Yves Saint Laurent.

La dynamique léonine du dépassement de soi se traduit par le goût de l’exploit, lequel requiert un investissement maximal. « Il m’a appris que quand vous croyez passionnément à quelque chose, vous devez y consacrer toute votre énergie », a rapporté à propos de Stanley Kubrick qui l’a dirigée dans son film-testament, Nicole Kidman, née sous le Signe d’éparpillement des Gémeaux. Une telle dynamique exclut de se reposer sur ses lauriers. À peine une marche est-elle gravie, qu’on se doit d’attaquer la suivante. « Chaque fois qu’on atteint un sommet, il faut en trouver un autre à escalader… », déclare Madonna. L’échelle qui mène à l’accomplissement personnel (à l’individuation et au Soi de Cari Gustav Jung) est sans fin et chaque étape forcément plus difficile à franchir que la précédente, mais l’adapté méprise la facilité et n’est pas sujet au découragement durable.

« Ce qu’on risque révèle ce qu’on vaut », affirme encore Madonna, résumant en quelques mots la philosophie de son Signe. Ce pour quoi on prend des risques, est plus révélateur encore. En réalité, l’adapté du Lion n’aime pas se mettre en danger inutilement, mais se sent stimulé par les défis qui lui permettent de s’affirmer et de progresser. Ne lésinant ni sur les moyens ni les efforts à fournir pour atteindre son but, il voit grand et fait les choses en grand. Sa foi en lui-même constitue son meilleur facteur de réussite. « Il faut croire en soi, conseille Melanie Griffith. Tant qu’on travaille sur des projets de valeur et qu’on a fait la preuve de son talent, on peut vraiment réussir n’importe quoi. » À un journaliste qui lui demandait s’il n’y avait pas des moments où elle craignait de ne pas être à la hauteur — crainte qui paralyse beaucoup de natifs du Cancer et de la Vierge —, Emmanuelle Béart a répondu que ce n’était pas la bonne formulation, qu’en fait elle se disait qu’elle allait être à la hauteur. « J’ai toujours été très ambitieuse, a reconnu Leni Riefenstahl [6], cinéaste avant-gardiste qui a réalisé Le Triomphe de la volonté, j’ai toujours voulu être la meilleure, quel que soit le domaine où je m’engageais. C’était un moteur très fort en moi. »

Focalisé sur ce qui l’arme et l’élève, l’adapté ignore superbement ou combat hardiment ce qui le retient en arrière ou le tire vers le bas. Si les doutes et le défaitisme sont indignes de lui, ce qui est petit, mesquin, médiocre et étriqué, l’est encore plus. Queen Mum, la célèbre reine mère, qui, petite fille déjà, n’avait peur de rien sauf des dentistes, a connu le sommet de sa popularité pendant la Seconde Guerre mondiale en refusant, comme on le lui conseillait, de partir au Canada pour se mettre à l’abri avec ses deux filles, et en entraînant, entre deux bombardements, son époux George VI au milieu des décombres, afin de remonter le moral de ses concitoyens. « J’en ai assez des sceptiques et des grincheux, déclarait Martine Aubry [7] durant l’exercice de son ministère… Il est de bon ton dans certains milieux de dire qu’une loi à peine promulguée est déjà un échec, que cela ne marchera jamais… la meilleure réponse c’est l’énergie et l’enthousiasme que l’on met à agir. » « L’aspect négatif ne me rend pas créative, a expliqué Leni Riefenstahl. Je ne deviens productive et créative, je n’ai d’idée que sur ce qui est enthousiasmant et cela vaut pour tous mes films. » « We could be heroes… » chante David Bowie [8]. « On sait, au plus profond de nous-mêmes, qu’un jour tout ça va s’écrouler, mais en attendant soyons des héros », recommande Sean Penn. « Je déteste la lâcheté. Or, dans notre métier, la sauvagerie et la lâcheté sont absolument partout », déplore le comédien Jean-Hugues Anglade, un ami de Sean Penn.

L’extrême exigence de l’adapté vis-à-vis de lui-même, lui fait mal supporter le manque de compétence et d’envergure des autres, à plus forte raison s’il en dépend. « Cela ne me dérange pas d’être contraint en tant qu’acteur par le script, assure Sean Penn, mais c’est de l’être par une vision erronée du réalisateur qui me rend fou ! » Quand le natif du Lion manque d’autonomie, il cherche à en acquérir suffisamment pour être en mesure d’aller aussi loin qu’il le souhaite. Beaucoup d’acteurs du Signe sont passés à la réalisation —Sean Penn, Robert Redford, Robert De Niro, Kevin Spacey, Antonio Banderas, Edward Norton, Matthieu Kassowitz —, probablement pour goûter, ne serait-ce qu’une fois, au bonheur de l’indépendance où les inévitables restrictions viennent de soi, et non d’un tiers dont les priorités ne correspondent pas forcément aux vôtres ; sans doute aussi parce que l’autorité est naturelle chez un natif enclin à savoir autant ce qu’il vaut que ce qu’il veut. L’aptitude à imposer aux autres ce que l’on s’impose à soi-même est à double tranchant, mais c’est la façon la plus efficace d’obtenir le résultat visé. Quand on est sûr de sa propre valeur et de celle de son projet, on n’a aucun complexe à diriger une équipe et à la mener, sans faillir ni faiblir, où bon vous semble et comme bon vous semble. Stanley Kubrick était connu pour pousser ses collaborateurs à aller au-delà de ce qu’ils espéraient donner. « Quoi qu’on fasse, a insisté Roman Polanski, on doit le faire bien. J’ai en commun avec Kubrick la recherche d’excellence et le souci du détail. (…) Autoritaire, oui : sur le plateau, c’est comme dans l’armée, il faut que les ordres soient exécutés. »

Le natif a du mal à déléguer et brigue une mainmise maximale sur ce qu’il fait. Le besoin de contrôle peut aller très loin chez les personnalités fortes qui ont les moyens de leurs ambitions. Leni Riefenstahl a été à la fois productrice, réalisatrice, opératrice, monteuse et, chaque fois que c’était possible, actrice de ses films à grand spectacle. « Pour Alfred Hitchcock, a écrit François Truffaut [9], le meilleur moyen de se protéger était de devenir le metteur en scène par qui toutes les stars rêvent d’être dirigées, devenir son propre producteur, en apprendre plus long sur la technique que les techniciens eux-mêmes… Il aime les problèmes de construction du scénario, mais il aime aussi le montage, la photographie, le son. Il a des idées créatrices sur tout, s’occupe même de la publicité ! » Kubrick ne se contentait pas de réaliser ses films, il lui fallait les produire et les monter lui-même. Il s’occupait également de la distribution et de l’équipement des salles de projection, continuant de se soucier de la qualité des copies de ses films, des années après leur sortie. Luc Besson produit ses films, a monté son propre studio où de la production à l’édition vidéo, il peut contrôler chaque maillon de la chaîne. Il a également créé « un lieu unique de post-production par souci d’être indépendant et de disposer des meilleurs outils [10] ».

Avoir assez de foi pour déplacer les montagnes—Leni Riefenstahl les escaladait à mains nues !—, tenir en échec les vents contraires, au sens figuré ou au sens propre, à la façon du navigateur Éric Tabarly, élargir le champ des possibles comme Neil Armstrong, le premier homme à avoir posé le pied sur la Lune, ou comme Stockhausen qui a composé son dernier concerto pour quatre hélicoptères en cours de vol, devenir son propre maître ainsi que le préconise Jung, n’est pas à la portée de tous les natifs du Signe. La plupart sont cependant sensibilisés aux vertus qui évoquent l’idéal du moi des psychanalystes et transcendent les instincts matériels ou sécuritaires : courage, droiture, exemplarité, dignité… « Plus d’honneur au singulier que d’honneurs au pluriel », aura été la devise d’Yves Saint Laurent. « Je considère que la faiblesse est le pire péché qui soit, a décrété la chanteuse Whitney Houston. J’occupe une position privilégiée et j’ai encore moins que les autres le droit de me laisser aller. Je dois au contraire être un exemple et c’est ce que je m’efforce de faire tous les jours. » Si l’on en croit une certaine presse, les efforts de cette grande et belle chanteuse n’ont pas toujours été couronnés de succès, mais l’intention est là.

Pour que l’adapté du milieu de l’été soit en mesure de se surpasser, il doit être dégagé des divers carcans susceptibles de l’entraver. Nés sous le Signe du Lion, Coco Chanel [11] et Yves Saint Laurent ont beaucoup travaillé à libérer le corps féminin. La fonction dite de « déblocage » du Signe consiste à résoudre les problèmes, simplifier les données trop embrouillées, démêler les sacs de nœuds, dissiper les équivoques, éclairer les zones d’ombre… Dans ses relations avec les autres, le natif a besoin que les choses soient clairement pensées et dites. L’attitude bouche cousue, qui est souvent celle des personnalités plus craintives du Cancer et de la Vierge, ne lui plaît guère, car elle prête à confusion : pudeur ou hypocrisie, discrétion ou lâcheté ?

« Faire l’autruche n’a jamais été une solution », pense l’impériale Carole Bouquet.

Le natif a des convictions qu’il clame haut et fort. Même si le besoin de donner le change en toutes circonstances l’empêche de s’étaler sur ses sujets d’inquiétude ou de chagrin, il n’est pas du genre à cacher ce qu’il pense, encore moins à dire blanc quand il pense noir ou à prêcher le faux pour savoir le vrai. Considérant le mensonge comme dégradant, il le condamne en bloc. « L’essentiel en politique, assure Martine Aubry, rejoignant ainsi Michel Rocard qui parle de “volonté d’authenticité dans le discours”, c’est de n’avoir qu’un seul discours, à l’intérieur comme à l’extérieur. » « J’ai toujours été méfiant vis-à-vis des gens que je ne sentais pas sincères d’une manière ou d’une autre, a confié Robert Redford… Un moyen de ne pas m’embourber, de me permettre d’avancer dans la construction de moi-même… » « La dissimulation est trop difficile et épuisante », a fait remarquer le romancier Raymond Chandler. De son côté, Robert De Niro prône la loyauté et refuse de « perdre son temps à jouer au plus malin ».

Un dernier mot à propos de la Tradition qui veut que le natif du Lion ait une chevelure aussi florissante que la crinière de l’animal qui symbolise le Signe. Si les cheveux sont tributaires du conditionnement génétique et non du ciel natal, si les chauves du Lion sont aussi nombreux que ceux des autres Signes, il n’en demeure pas moins que beaucoup de natifs se signalent par une chevelure impressionnante. L’importance de celle-ci a, de tout temps, été mise en rapport avec la force vitale. La médecine chinoise considère que « les reins fleurissent dans les cheveux » et personne n’a oublié le mythe de Samson qui perdit sa force en même temps que sa chevelure. « Lorsque l’homme a peur, ses cheveux se dressent sur sa tête et ses reins en soudaine constriction l’amènent à uriner [12]. » La peur que sait utiliser à ses fins le natif du Scorpion, Signe inverse du Lion, et qui réduit tellement le champ d’action des fragiles Cancériens et Virginiens, est superbement ignorée par le natif du Lion qu’on n’intimide pas facilement. « Je sais résoudre les problèmes, a déclaré, peu après l’attentat du 11 septembre 2001, George W. Bush né au lever de Mercure, Pluton et Vénus en Lion. Et je ne perds pas de temps à m’angoisser ou théoriser… Je n’ai jamais eu peur pour ma vie, je n’ai jamais eu peur pour la vie de ma famille, et je n’ai jamais eu peur de prendre des décisions. »

Lion

Deuxième facette : lenteur d’excitation

Décroissance du processus dominant : lenteur. Jour : excitation. Décroissance du jour dominant : lenteur d’excitation. Action réfléchie, orientée, contrôlée. Aboutissement lent mais sûr. Concentration décuplée.

La dynamique léonine de dépassement coexiste avec la lenteur d’excitation par laquelle se traduit la décroissance du jour dominant de l’été. Comme les natifs du Cancer et de la Vierge, et malgré une bien meilleure confiance en ses moyens, l’adapté du Lion a besoin de mûrir ses décisions, préparer soigneusement le terrain, planifier, prévoir et organiser son action. Plus sincère que spontané, plus affirmé que décontracté, il compense son manque de mobilité par une grande ténacité et par un perfectionnisme acharné. Son profil est celui du bosseur, pour qui il n’est pas question d’improviser, ni de bâcler.

Selon l’un de ses collaborateurs, Stanley Kubrick « … prenait des risques, mais évaluait chaque mouvement avec un soin d’une extrême minutie ». « J’aime avoir le temps pour une préparation minutieuse, a confié Robert De Niro, parce que je veux pouvoir dire que je donne à mon rôle le maximum de ce que je peux y mettre. » « Autant que faire se peut, semble renchérir Kevin Spacey, j’aime prendre mon temps pour répéter. Il n’y a pas de secret : c’est en travaillant que l’on parvient à saisir toutes les nuances d’un rôle. » D’après tous ceux qui ont travaillé avec lui, Louis de Funès ne laissait rien au hasard et faisait preuve, lui aussi, d’une minutie d’orfèvre. « Il faut vingt ans pour faire un acteur », affirme Shelley Winters. « Yves est à la recherche constante d’une perfection de sa perfection », pense au sujet de Saint Laurent son ami et associé Pierre Bergé [13]. Si l’adapté du Lion prend son temps, ce n’est pas tant pour gérer l’héritage du passé ou assurer ses arrières, comme ceux des deux Signes voisins, que pour parvenir à la plus grande conformité entre son ambition de départ et le résultat final, vers lequel il se dirige avec la positivité et l’exigence qui le caractérisent.

Les deux premières facettes du Signe concourent non seulement au besoin de contrôler au maximum les tenants et aboutissants de ce qui incombe, mais aussi à un très grand pouvoir de concentration. Rien ne distrait le peu influençable natif du but qu’il s’est fixé et qu’il ne doute pas d’atteindre. Du moment où il franchit la ligne de départ, il ne dételle plus. « Elle n’a jamais, quelles que soient les circonstances, abandonné son objectif », apprend-on au sujet de Coco Chanel. Stanley Kubrick mettait parfois du temps à savoir ce qu’il voulait, mais une fois qu’il avait trouvé, plus rien ne pouvait l’arrêter, lit-on dans sa biographie. Il était d’ailleurs obsédé par Napoléon [14] — autre célèbre natif du Lion — et se reconnaissait dans les propos suivants : « Il n’y a pas d’homme plus prudent que moi lorsqu’il prépare une bataille, déclarait en effet l’Empereur, mais une fois ma décision prise, je ne pense plus qu’à la victoire [15]. »

Comme tous les lents et à l’instar de l’adapté du Cancer ou de la Vierge, celui du Lion fait preuve de stabilité et, par conséquent, de fidélité. Toutefois, s’il garde les mêmes partenaires dans sa vie professionnelle et privée, ce n’est pas par la force rassurante de l’habitude, mais en raison d’une complémentarité qui suscite une émulation assez stimulante pour que le temps l’entretienne et l’améliore. Dans ces conditions, on comprend que les partenaires professionnels ou privés du Lion n’acquièrent et ne gardent son estime qu’en mettant la barre aussi haut que lui.

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Troisième facette : sens des dosages

Le pôle diurne domine nettement le pôle nocturne, mais celui-ci gagne de plus en plus de terrain : sensibilisation aux rapports de force plus inquiète qu’au Taureau. Sur fond de moi fort et ambitieux : concessions sans compromis à ce qui est indispensable à l’ascension ou à la progression personnelle. Aptitude à équilibrer conquête et maîtrise, autonomie et concessions. Sensibilisation au pouvoir sur soi.

L’écart moyen entre le pôle dominant — diurne ou nocturne — et le pôle dominé qui caractérise les Signes du milieu de la saison, sensibilise les natifs concernés aux rapports de domination. Au Lion, l’écart jour/nuit qui se creuse au profit de la nuit dominée et donne un avant-goût de la fin du règne du jour, prédispose à tenir compte de la relativité du pouvoir comme de l’intérêt personnels, par rapport aux pouvoirs et intérêts collectifs que symbolise la nuit. La première facette du Lion pousse à réagir aux inquiétudes estivales en développant un moi solide, la troisième incite à trouver un moyen terme acceptable entre l’ambition d’être seul maître à bord et les pressions ou données extérieures qui s’y opposent, tout en s’avérant indispensables à la concrétisation des projets.

« Je dois composer avec des gens que, normalement, je ne saluerais même pas dans la rue », a déploré Roman Polanski, qui préférerait, bien évidemment, consacrer à sa création artistique tout ce temps que prennent les « … discussions, querelles, disputes stériles… » avec les représentants des sociétés de production, sans la coopération desquelles aucun film ne se monte. Malgré sa profonde aspiration à rester au-dessus de contingences aussi triviales que les impératifs d’ordre matériel, financier, commercial, l’adapté se plie d’autant plus aux règles du jeu, qu’il est loin d’être indifférent à la caution extérieure. Comme l’adapté du Taureau, il est capable de mettre de l’eau dans son vin au mieux de ses intérêts, tout en se montrant plus sourcilleux quant au point limite au-delà duquel les concessions tourneraient à la compromission.

Le même Sean Penn, qui supporte si mal d’être soumis à ce qu’il juge une « vision erronée », pense que « … la soumission à quelque chose de supérieur est la forme ultime de courage ». « Ma seule règle est que si je sens que ce n’est pas bien pour moi, dit Robert De Niro, je me dégage et je ne m’y soumets pas. » Assertion impliquant qu’il est capable, lui aussi, de se plier à des directives qui vont suffisamment dans son sens.

L’utilisation des mots « soumission » et « supérieur » n’est pas anodine et en dit long sur le fonctionnement léonin. Avec son ego fort et fier, le natif est plus à son affaire lorsqu’il dirige que lorsqu’il est dirigé, et ne se laisse dicter sa conduite que pour des raisons valables à ses yeux, y compris quand il s’est mis de lui-même dans la position où un autre tient les rênes. À l’instar de Robert De Niro ou de Sean Penn, il n’obéit qu’aux instances qu’il respecte et dans la stricte mesure où ce qui lui est demandé correspond à sa conception de la qualité, de la vérité et du challenge. Shelley Winters reconnaît avoir eu de fréquents désaccords avec ses metteurs en scène. « Dans ces moments-là, je négocie de mon mieux, mais c’est le capitaine du bateau qui doit avoir le dernier mot ! » soupire-t-elle. « On peut me demander vingt prises, assure Carole Bouquet, ça ne me dérange absolument pas. Si on a le courage de me dire que je suis nulle, c’est qu’on pense que je peux faire mieux. »

La façon la plus intelligente de composer avec un pouvoir incontournable dont les critères divergent des vôtres, est à coup sûr celle de Robert Redford : « La cupidité, la corruption, l’argent sont les maîtres du monde, rappelle-t-il, et il n’est pas question de jouer à ce jeu-là, mais d’aller plus loin que lui de façon à ce qu’il vous intègre puisqu’il ne fonctionne que sur les critères de succès, en lui montrant que l’on peut être commercial autrement. » Redford a prouvé la validité de son point de vue en fondant le festival du film indépendant de Sundance, qui permet l’existence et l’essor d’un cinéma où les impératifs de la créativité prennent le pas sur ceux de la rentabilité. Ajoutons que l’adapté a assez de noblesse de caractère pour s’incliner devant plus fort que lui. Il est de ceux qui préfèrent perdre la partie au bénéfice d’un bon partenaire que la gagner aux dépens d’un mauvais.

La réussite léonine tient à l’art de combiner efficacement la dynamique de dépassement de la première facette avec la nécessité modératrice de la deuxième de garder le contrôle de soi-même et des situations rencontrées. Dosant audace et prudence, détermination et patience, autorité et magnanimité, l’adapté du Lion sait jusqu’où aller trop loin ; à l’image de Coco Chanel, il est un « conquérant réfléchi [16] ».

Lion

Lion : profil inadapté

Lion

Première facette : faiblesse d’inhibition différentielle

Nuit croissante et dominante du Scorpion : aptitude à différencier, discriminer, démystifier. Nuit croissante mais dominée au Lion : manque de recul, de finesse, de subtilité.

Tout le monde ne peut pas être un modèle avisé d’ambition, de courage et de discipline ! Les tendances du profil adapté coexistent donc souvent et à des degrés divers, avec celles auxquelles prédispose le profil inadapté. Parce qu’à la nuit croissante mais dominée du Lion, correspond la nuit croissante mais dominante du Scorpion, ces deux Signes sont l’inverse l’un de l’autre. Là où l’adapté du Scorpion est doté d’un esprit critique aiguisé qui en fait le roi des différenciations et des démystifications subtiles, l’inadapté du Lion manque de finesse et de recul. Trop sûr de lui, trop braqué sur son objectif, il néglige le revers de la médaille et ne voit pas la faille par laquelle le problème peut ou va arriver. Leni Riefenstahl ne s’est pas rendu compte qu’en tournant pour Hitler qui lui donnait la possibilité de s’exprimer à sa guise, et dont par ailleurs elle se tenait soigneusement à l’écart par crainte « … d’aliéner sa propre volonté et de perdre sa liberté… », elle faisait alliance avec le diable, une alliance dont elle a payé chèrement les conséquences.

« Le mystère ne m’intéresse pas », affirme Carole Bouquet. « On en a assez que les philosophes nous jettent de la poudre aux yeux avec des phrases que personne ne peut comprendre, s’est impatienté le chanteur Hugues Aufray, on veut des choses claires et simples. » « Il me faut la vérité, la simplicité. Je refuse les eaux troubles, les doubles fonds, j’aime la limpidité des situations et des sentiments », dit Sylvie Vartan. Certains natifs ont tendance à trop occulter ce qui s’écarte de leurs idéaux réducteurs, de leur logique linéaire, de leurs dichotomies sommaires. Il leur est par exemple difficile d’envisager qu’il faille parfois taire, voire travestir sa pensée, pour qu’une situation évolue favorablement, ou renoncer à une bonne action sous prétexte que ses effets seraient pervers.

« Ce qui est simple est difficile », décrète Robert De Niro. Pour ceux des natifs qui actualisent cette facette, ce qui est compliqué l’est infiniment plus. Aussi ont-ils tendance à se contenter de la surface émergée de l’iceberg et tombent-ils des nues quand on leur soulève un coin du voile qui laisse entrevoir que les êtres ne sont pas absolument conformes à l’impression qu’ils donnent, que le décor a un envers, que rien ni personne n’est d’un seul tenant. L’ambiguïté désoriente l’inadapté quand elle ne lui échappe pas tout à fait. Le dernier film de Stanley Kubrick, Eyes wide shut — titre qui résume cette première facette et non le réalisateur —, oppose de façon magistrale le monde diurne du Lion au monde nocturne du Scorpion [17] ; il montre comment un homme représentatif du Signe, en ce qu’il se base sur quelques valeurs simples et sûres, est déstabilisé de fond en comble par son intrusion forcée dans l’univers incontrôlable des fantasmes de sa femme. Le film insiste d’ailleurs sur les risques mortels encourus par celui qui vit dans un monde diurne, clair et net, quand il s’avise de forcer les portes du monde nocturne, obscur et trouble qui se trouve en deçà. Des risques dont le héros du film est totalement inconscient, ainsi que l’ensemble de ce profil porte à l’être.

L’inadapté du Lion n’est pas à l’aise avec ce que symbolise la nuit, autrement dit avec tout ce que l’individu, si fort, si courageux qu’il soit, ne peut maîtriser : d’une part, les forces inconscientes, irrationnelles, occultes, qui posaient problème au prototype léonin — loyal, fidèle, responsable, protecteur — de Kubrick interprété par Tom Cruise [18] ; d’autre part, le non-dit des rapports sociaux, les codes qui les sous-tendent, l’arrière-plan des données sociopolitiques… Bien plus en phase avec ces réalités-là, l’adapté du Scorpion avance en partie masqué, perçoit le dessous des cartes, voit où le bât blesse et ne dit que ce qu’il est bon de dire en y mettant les formes qui conviennent. À l’inverse, l’inadapté du Lion se découvre à mauvais escient, en dit trop et enfonce le clou, quand il lui faudrait rester discret. Les gaffes de type Lion proviennent surtout des préjugés réducteurs dont il est imbu. Contrairement à celles de type Bélier, elles n’ont aucun caractère impulsif ou provocateur.

Tremper dans l’espionnage n’a pas réussi à la danseuse Mata Hari qui s’est fait prendre et exécuter à cause de sa naïveté et de son inaptitude à jouer sur plusieurs tableaux. « Je ne suis pas capable de faire semblant ou de mener des batailles en sous-main », a confessé le président de la Commission européenne et ex-Premier ministre italien, Romano Prodi, à qui il est unanimement reproché d’être un « bloc de certitudes » et de « gaffer à longueur de journée [19] ». « J’ai tendance à trop faire confiance aux gens », a reconnu Monica Lewinsky qui, éblouie sans doute par le prestige de la fonction présidentielle, si valorisant pour son narcissisme, a effectivement trop fait confiance à Bill Clinton. En bon natif du Lion, ce dernier n’avait sans doute pas imaginé non plus que ses adversaires politiques seraient assez bas, mesquins, sordides (autant d’attitudes indignes d’un vrai Lion), pour tenter de le destituer en utilisant une petite aventure de rien du tout. Il confirmait parallèlement que le mensonge qui répugne tant aux natifs du Signe, leur réussit mal quand les circonstances les forcent à y recourir [20].

Lion

Deuxième facette : vitesse d’inhibition inadaptée

Nuit croissante et dominante : vitesse d’inhibition adaptée. Nuit croissante mais dominée : vitesse d’inhibition inadaptée. Rapidité de rétraction inopportune devant ce qui titille le talon d’Achille.

Au Scorpion, la croissance de la nuit dominante va de pair avec une défensive vive, mobile et souple, qui permet à l’adapté de se retirer habilement du jeu à la première alerte. Dans le registre de l’inadaptation, le signal d’alarme léonin est déréglé. Le natif concerné est sujet à un qui-vive qui monte en flèche au plus léger semblant d’attaque contre l’armure plus ou moins rigide et grossière qu’il s’est forgée. Sûr de lui, tant que son talon d’Achille lui paraît hors de portée, l’inadapté est désorienté, se braque, se bute, dès qu’il a l’impression que l’on met en question ce qui le fait tenir debout : son identité, son honorabilité, son rôle, son autorité, sa compétence, son crédit… « Nanni Moretti, écrit un journaliste qui a analysé les films du réalisateur italien, part de personnages d’abord très consistants, très sûrs d’eux, qu’il amène ensuite à douter de leur statut, au point d’en éprouver un malaise global qui les empêche de s’intéresser aux autres, a fortiori de les comprendre [21]. »

La susceptibilité dont souffrent certains natifs relève de cette facette et évoque Laurent Fabius qui, lors d’un débat télévisé où Jacques Chirac, Premier ministre avant lui, l’avait traité de « roquet agressif et prétentieux » (la pire des insultes pour un « Lion », quand bien même son comportement prêterait à une telle confusion !), s’était récrié trop vite : « Vous oubliez que vous parlez au Premier ministre de la France », ajoutant à la ridiculisation intentionnelle de son vis-à-vis, celle non voulue des réflexes défensifs mal inspirés de qui est piqué au vif dans l’idée qu’il se fait de lui et de sa fonction. La vitesse ne réussit jamais aux lents, quel que soit leur Signe.

Se fermer d’une façon ou d’une autre — en coupant court, en se drapant dans une dignité de roi offensé, en perdant ses moyens, en claquant la porte…— à l’instant où l’on croit voir se profiler le spectre de l’humiliation, de l’échec, de tout ce qui peut rabaisser le précieux ego, est la manifestation la plus courante de cette facette. Selon Douglas Day, l’un de ses biographes, Malcolm Lowry [22] boudait dès qu’on l’ignorait. « S’il faut lui reprocher quelque chose, ce serait une assurance trop emphatique », a-t-il écrit [23]. Durant le tournage du Gentleman d’Epsom [24] le comportement de Louis de Funès vis-à-vis de Jean Gabin était éloquent, lui aussi. Quand, en plein milieu d’une scène, l’irrésistible drôlerie de sa prestation faisait éclater de rire son illustre partenaire, il en prenait immédiatement ombrage, soupçonnant Gabin de se moquer de lui pour lui faire perdre le fil [25].

Relève aussi de la vitesse d’inhibition inadaptée associée au manque de finesse, la rapidité inadéquate avec laquelle certains natifs balayent ce qui, à tort ou à raison, leur paraît trop compliqué, équivoque, irrationnel. Sans prendre le temps de réfléchir, l’inadapté est porté au réflexe défensif consistant à qualifier trop vite d’hypocrisie, de manipulation, d’opportunisme, ce qui n’est parfois que l’expression des qualités de discrétion, de diplomatie et d’à-propos qui lui font défaut.

Lion

Troisième facette : phase paradoxale

Inégalité relative entre le pôle nocturne minoritaire croissant et le pôle diurne majoritaire décroissant, qui entraîne un déséquilibre dans la perception du type de rapports dominant-dominé auxquels le Signe sensibilise. Réactions paradoxales, par surévaluation du positif et de soi-même, et sous-évaluation parallèle du négatif et de l’autre.

Parce que le jour domine encore nettement, mais que la nuit n’est pas négligeable pour autant, la dynamique de dépassement du Lion prédispose l’adapté à évaluer et doser correctement les rapports dominant-dominé ; restant lucide sur ses points forts et sur ses points faibles, autant que sur ceux de la partie adverse, il en tient compte au mieux de ses ambitions. Peu subtil en même temps qu’exagérément chatouilleux sur les questions d’amour-propre, l’inadapté surévalue le pouvoir qu’il détient tout comme les idées qu’il défend — sans voir qu’elles le défendent lui-même —, tandis qu’il sous-évalue ce qui les menace.

Au cours de l’année 2002, alors que les Signes de récession économique mondiale se multipliaient, le ministre français de l’Emploi et de la Solidarité, Martine Aubry, forte des mesures énergiques prises durant son ministère, décrétait avec une assurance confondante qu’elle ne s’inquiétait pas outre mesure. Laurent Fabius lui emboîtait d’ailleurs le pas en annonçant un chiffre de croissance pour 2002 que tous les économistes compétents savaient d’ores et déjà trop élevé. À peine au gouvernement, Jean-Pierre Raffarin, autre natif du Signe, s’empressait de claironner le même optimisme [26].

La perte du sens des proportions qui résume cette facette peut porter le natif à être tellement obnubilé par ses impératifs, qu’il en devient incapable de moduler ses aspirations et de composer. Ne dosant plus soif de conquête et prudence, autorité et générosité, il verse dans la témérité et le despotisme. Parti vivre dans la campagne anglaise pour ne pas céder à la pression des studios hollywoodiens, Stanley Kubrick n’a jamais fait l’once d’une concession à la compagnie qui finançait ses films. Jusque-là tout va bien, sauf que Kubrick a rendu la plupart de ses tournages cauchemardesques : tout le monde devait être à son entière disposition et il ne se préoccupait ni de la fatigue, ni du planning de qui que ce soit, malgré les retards considérables qu’il prenait le plus souvent,— une année pour Barry Lyndon ! Ces retards étaient surtout dus au nombre incalculable de prises qu’il effectuait d’une même scène, y compris quand la prestation de ses acteurs était bonne d’emblée. Il en allait de même pour l’enregistrement de la musique de ses films. Après la cent cinquième (!) prise d’un morceau destiné à Barry Lyndon, le terrible réalisateur se plaignit que l’orchestre avait un décalage d’un tiers de temps. « C’en était trop, a raconté le jusque-là très patient chef d’orchestre Leonard Rosenmann. J’ai jeté ma baguette par terre, je l’ai saisi par le cou et j’ai essayé de l’étrangler [27]. »

Pendant le tournage du Gentleman d’Epsom, Louis de Funès interrompait régulièrement les scènes qu’il jouait avec Jean Gabin, pour les modifier à son avantage, ce qui non seulement déséquilibrait les scènes en question, mais retardait le tournage. De Funès « … mettait longuement et soigneusement sa trouvaille au point, laquelle, la plupart du temps, ne concernait que son rôle [28] ». « Jean, rapporte encore son biographe, s’irritait en plus qu’on perde du temps à satisfaire l’exigence de De Funès auprès de l’opérateur Sacha Vierny—le collaborateur attitré d’Alain Resnais—pour que celui-ci, dans les plans rapprochés, mette ses yeux bleus en valeur. “Il a quand même passé l’âge de jouer les godants [29] !” maugréait Jean [30]. »

Si Bourvil a incarné dans ses opérettes et dans quelques films l’innocence trop au premier degré de la première facette du mauvais profil léonin, Louis de Funès a basé son comique sur la propension de la troisième à ne pas s’émouvoir face à des problèmes majeurs, pour passer sans transition à une frénésie outrancière à propos de détails mineurs touchant aux points sensibles dus à un sentiment de soi envahissant.

La facette correspondante du Scorpion incite certains natifs du milieu de l’automne à se faire peur autant qu’à faire peur avec des Signes imperceptibles en provenance de données occultes invérifiables. À l’inverse, certains natifs du milieu de l’été se rassurent et espèrent impressionner en abusant des signes extérieurs spectaculaires — grandes phrases sentencieuses, grands moyens, gros effets, artillerie lourde… L’inadapté est du genre à se saisir d’une enclume pour écraser une mouche. Quand, à la suite de l’attentat contre le World Trade Center, George W. Bush a désigné un axe du Mal, il était dans la ligne du simplisme de la première facette de ce profil, mais quand il déclarait : « De ma vie entière, je ne me suis jamais senti aussi confiant », il illustrait la réactivité paradoxale de la troisième, dans la mesure où quand bien même une telle assertion était destinée à rassurer les populations, elle minimisait beaucoup trop les raisons de s’alarmer. On ne lui en demandait pas tant !

L’inadapté du Lion est une sorte de Samson susceptible de se faire piéger par la première Dalila qui saura flatter son ego, un Goliath pataud, lourdaud, orgueilleusement confiant en sa puissance et trop prisonnier de sa vision au premier degré, face à un David astucieux, habile et agile, représentatif des facultés discriminatoires que favorise le Scorpion, souvent bien plus utiles que la force brute, pour se défaire d’un adversaire ou le mettre dans sa poche.

Cet article vous a été proposé par Françoise Hardy

[1] Olivier Royant, Paris-Match, janvier 2001.

[2] Donald Spoto, Jackie, le roman d’un destin, le cherche midi.

[3] Paris-Match, février 2002.

[4] Laurence Benaïm, Yves Saint Laurent, Grasset.

[5] Jonathan Gott, Conversations avec Stockhausen, Éditions J.-C. Lattès. L’astrologie moderne attribue l’espace à l’été et la culture à l’automne.

[6] Leni Riefenstahl est née le 22 août 1902—Soleil en Lion, Lune en Bélier — et a été tour à tour danseuse, actrice, cinéaste d’exception. Sa célébrité qui avait dépassé les frontières, a chuté après 1945 en raison des films qu’elle avait tournés pour Hitler. Celui-ci lui avait donné les moyens de faire des réalisations grandioses —Le Triomphe de la volonté et Les Dieux du stade—qui ont influencé des générations de cinéastes.

[7] Interview dans Paris-Match, 1999. Martine Aubry est Lion Ascendant Scorpion, comme Élisabeth Guigou.

[8] David Bowie : triple conjonction non dominante Mercure-Mars-Soleil en Capricorne, triple conjonction dominante Lune-Saturne-Pluton en Lion.

[9] François Truffant, Le Cinéma selon Hitchcock, Robert Laffont.

[10] « Le plus grand défi de Luc Besson », par Jean-Pierre Lavoignat et Christophe d’Yvoire, Studio. Luc Besson : Soleil en Poissons. Ascendant et Uranus dominant en Lion.

[11] Coco Chanel avait une prédilection pour le chiffre cinq qui a fait sa fortune, et on ne peut s’empêcher de penser que ce chiffre, symbole en numérologie de conscience individuelle et de pouvoir spirituel, est celui du Lion, cinquième des douze Signes du zodiaque.

[12] Annick de Souzenelle, Le Symbolisme du corps humain, Dangles.

[13] Laurence Benaïm, Yves Saint Laurent, Grasset.

[14] Il est fréquent que des personnalités d’un Signe soient sinon fascinées, du moins particulièrement concernées par d’autres personnalités du même Signe. Ainsi, Madonna a-t-elle songé à adapter cinématographiquement les mémoires de Leni Riefenstahl. Ainsi, André Malraux a-t-il été subjugué par de Gaulle et Trotski, nés comme lui sous le Signe du Scorpion, de même que Camus était fasciné par Dostoïevski, Gide et Malraux…

[15] John Baxter, Stanley Kubrick, Le Seuil.

[16] « C’est au secret du travail, écrit Colette à propos de Coco Chanel, qu’il convient de regarder cette figure de conquérante réfléchie. » (Prisons et paradis, Fayard.)

[17] Stanley Kubrick était Lion Ascendant Scorpion.

[18] Tom Cruise : Soleil en Cancer, mais — comme par hasard — Lune, Vénus et Uranus en Lion.

[19] Jean Quatremer, Libération, 2001.

[20] Cette sous-estimation, relève autant ou plus de la dernière facette. L’épouse de Bill Clinton, Hillary, née sous le Signe du Scorpion, a assumé la situation avec l’habileté à laquelle prédispose un Signe dont les natifs sont mieux armés que ceux du Lion pour naviguer en eaux troubles.

[21] « Nanni Moretti », par Matt Dray.

[22] Malcolm Lowry est l’auteur du chef-d’œuvre Au-dessous du volcan.

[23] Douglas Day, Malcolm Lowry, Buchet-Chastel.

[24] Le Gentleman d’Epsom est une réalisation de Gilles Grangier.

[25] André Brunelin, Gabin, Robert Laffont.

[26] Ce n’est pas une attitude inhérente à tout politicien. Dès son arrivée au gouvernement, par exemple, Raymond Barre tenait un discours beaucoup plus réaliste et, par conséquent, moins optimiste.

[27] John Baxter, Stanley Kubrick, Le Seuil.

[28] André Brunelin, Gabin, Robert Laffont.

[29] Mot d’argot qui veut probablement dire « joli cœur ».

[30] Voir note 28, ci-dessus.

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