L’astrologie a besoin d’une théorie cohérente avec les réalités humaines et astronomiques pour fonder ses pratiques et ses discours. Elle a également besoin de protocoles expérimentaux basés sur des méthodologies rigoureuses, permettant de valider empiriquement et rationnellement le fait astrologique… Les méthodes statistiques occupent dans ce domaine une place de choix. Nous avons fait le point sur l’un des derniers “tests”.
Après la parution de “L’Astrologie” dans la collection Que sais-je ? (PUF), S. Fuzeau-Bræsch se lance sur les traces de l’astro-statisticien Michel Gauquelin, récemment décédé. Dans son nouveau livre, elle fait largement référence aux travaux de ce dernier, et, comme lui, s’efforce de trouver des protocoles expérimentaux basés sur les statistiques, satisfaisant aux exigences rationalistes de la science en place.
Forte de la crédibilité et de la légitimité (expressément revendiquées) que lui octroient sa formation de directrice de recherches en sciences exactes au CNRS (biologie), elle est persuadée que seul un membre officiel de la communauté scientifique a les compétences nécessaires et reconnues pour valider expérimentalement le fait astrologique. C’est une position qui peut se défendre… en milieu universitaire.
“Astrologie : la preuve par deux” relate une expérience qu’elle a menée auprès de 238 paires de jumeaux et de leur parents. En se basant sur les angularités planétaires et/ou zodiacales, elle s’est efforcée de déterminer, à l’aide d’un formulaire envoyé aux jumeaux eux-mêmes ou à leur parents si, en fonction de l’heure de naissance qui fait varier les orbes d’angularité planétaires, l’on pouvait déterminer, avec les seules informations données par l’horoscope natal, les différences de comportement entre jumeaux appartenant à la même famille. L’hypothèse est la suivante : le jumeau qui a la planète la plus angulaire est davantage représentatif des caractéristiques psychologiques attribuée à cette planète que l’autre jumeau.
L’expérience, d’après S. Fuzeau-Bræsch, a donné des résultats positifs, à tel point qu’elle en fait le “premier test irréfutable” validant l’astrologie. L’ensemble des écoles d’astrologie a d’ailleurs réservé à ce livre un accueil favorable, voire enthousiaste, comme c’était le cas pour les travaux de Michel Gauquelin. L’opinion d’ARIANA est nettement plus réservée : ce travail n’est pas à l’abri de la critique, loin de là, et si S. Fuzeau-Bræsch a indubitablement bien servi la cause de l’astrologie avec son ouvrage de la collection Que-sais-je, le bilan de “Astrologie : la preuve par deux” est moins favorable.
Puisque l’auteur se réclame largement de l’héritage de M. Gauquelin (méthode des “traits de caractère”, etc.), il faut se doit de rappeler que :
Dans ses études statistiques sur les valorisations planétaires par angularités, M Gauquelin utilisait objectivement ce que nous appelons des “grilles de hiérarchisation ordinales”, ce qui signifie qu’il se contentait de noter la présence ou l’absence d’une planète aux angles, hiérarchisés ordinalement suivant, grosso modo, la formule suivante : AS = MC > DS = FC. On ne trouve pas chez lui ce concept d’angularité approchée ou éloignée, dont se sert S. Fuzeau-Bræsch pour différencier les comportements à l’intérieur des couples géméllaires.
La méthode de S. Fuzeau-Bræsch, elle, se fonde objectivement sur une grille de hiérarchisation cardinale (ex : tel jumeau qui a Mars à 5° de l’AS est considéré comme “plus Marsien” que son frère dont le Mars est à 7° de l’AS). Elle est donc fondamentalement différente, voire même en contradiction avec les méthodes de M. Gauquelin. Si S. Fuzeau-Bræsch persiste à vouloir revendiquer et développer l’héritage de Gauquelin en conservant la même optique statistico-réductrice, cet héritage risque d’être difficile à assumer…
Enfin, S. Fuzeau-Bræsch, entérinant le fait que l’“effet Gauquelin” accorde une prééminence aux angularités APRÈS le lever, le coucher et les culminations inférieures et supérieures, se demande s’il faut “s’en tenir aux corrélations de Gauquelin ou élargir ses résultats ?”, en considérant comme angulaires les planètes situées AVANT les axes de la sphère locale. “Avec une certaine audace”, elle n’hésite pas à le faire… et elle a bien raison. Mais, et c’est regrettable, elle omet de signaler quelles orbes d’angularité elle utilise, pas plus qu’elle ne précise si ces orbes sont comptées en degrés d’arc ou en minutes de temps, ni si elles tiennent compte ou non des latitudes célestes et déclinaisons des planètes (mais ses commentaires démontrent qu’elle ne les prend pas en compte, ce qui est une très grave erreur astronomique qui entache ses résutats).
Indépendament du problème technique et méthodologique du choix des méthodes de sélection des “dominantes planétaires”, les différences de comportement entre jumeaux monozygotes et dizygotes ne sauraient se justifier uniquement par les orbes d’angularité des thèmes de naissance. Puisque “l’horoscope n’est pas le sujet”, un même thème peut se vivre à un, deux ou plusieurs.
Dans cette optique, les membres des couples géméllaires peuvent très bien, pour se différencier, se répartir les différentes configurations ou systèmes d’aspects de leur thème commmun. Exemples : en se répartissant les rôles à l’intérieur d’une dissonance dominante, on aboutit à une dialectique géméllaire fondée sur la recherche problèmatique de la dominance à partir de fonctions psychologiques différentes et antagonistes.
On peut aussi imaginer un couple géméllaire se structurant autour du duo-duel entre le “héros” (fonctions dominantes) et son “ombre” (fonctions non-dominantes ou contre-dominantes). Et entre ces deux options extrêmes, tout le nuancier des rapports entre fonctions fortes, moyennes, faibles, sans oublier que certains thèmes favorisent les fonctions d’unité et de ressemblance, d’autres de division et de dissemblance : c’est donc la globalité du thème qu’il faut étudier pour traiter le problème des jumeaux, et non tel ou tel élément de l’horoscope arbitrairement sélectionné.
De plus, n’oublions pas que l’éducation et les modes socio-culturelles peuvent favoriser la quête de ressemblances ou de différenciation des caractères à l’intérieur des couples géméllaires… un variable extra-horoscopique essentiel que curieusement, S. Fuzeau-Bræsch n’a pas intégré dans son test… un test pas vraiment conditionaliste donc, et qui semble davantage viser à légitimer l’horoscope absolu qu’à mettre en relief les subtilités et complexités du “conditionnement” astral. Est-ce bien ce qu’elle désirait faire ?
Par ailleurs, côté zodiaque, lorsque les thèmes ne comportaient aucune angularité planétaire, S. Fuzeau-Bræsch a décidé de prendre en compte les angularités zodiacales à l’AS et au MC, les Signes en F+ étant considérés comme “plus expansifs” et les Signes en F− comme “moins expansifs”. Pourquoi pas, si l’on prend comme hypothèse (fausse selon nous) qu’on peut remplacer au pied levé des planètes par des Signes.
Bon… en étant pas trop pointilleux, les planètes à l’AS et au MC étant considérées comme les plus fortes, il est légitime de penser que les Signes interceptés par l’AS et le MC participent au titre de la dominante zodiacale.
Là où l’affaire se gâte et où la “rationnalité” brandie par l’auteur se perd, c’est quand S. Fuzeau-Bræsch décide, pour discriminer astrologiquement les différences de comportement entre jumeaux ayant le même Ascendant (cas le plus fréquent) que “le jumeau dont l’Ascendant est le plus proche du Signe voisin se voit attribuer la qualification avec ‘plus’ de ce Signe, tandis que l’autre prend avec ‘plus’ la qualification de son signe propre. Par exemple, deux jumeaux dont les Ascendants sont respectivement à 16° et 22° du signe des Gémeaux seront, le premier, ‘plus mobile et expansif’ (= Signe des Gémeaux) et le second ‘moins expansif, plus attaché à sa mère’ (= Signe du Cancer)”.
Outre que l’attachement généralisé des Cancer à leur mère fait partie de ces vielles lunes (Maîtresses du Cancer, bien entendu) qu’une astrologie moderne et rationnelle a depuis longtemps abandonnées, on ne voit pas pourquoi, astronomiquement parlant, le 22° Gemeaux serait “plus Cancer” que le 16°. Que je sache, l’arc diurne est toujours dominant et croissant jusqu’au solstice d’été…
Poussons le “raisonnement” dans ses derniers retranchements : à l’extrême limite, ce système arbitraire devient franchement absurde : imaginons qu’un jumeau ait l’ascendant à 14° Gémeaux et l’autre à 16°, de part et d’autre de la fatidique barrière des 15° qui fait les “purs Gémeaux”… le premier serait-il “plus Taureau” et le second “plus Cancer” ? Avec pour terrifiant et ultraparadoxal résultat que, dans cette hypotèse, le Gémeaux disparait au profit de ses deux inhibés colatéraux… Les anti-astrologues intégristes qui ont lu ce livre ont du saliver devant de telles failles (astro ?)logiques. Là encore, est-ce bien ce que S. Fuzeau-Bræsch désirait ?
On peut également s’interroger sur la validité et la pertinence, non seulement des questionnaires de personnalité psy en général (S. Fuzeau-Bræsch ne manque pas de le faire et de démontrer leurs mécanismes), mais aussi de celui qu’elle a mis au point pour son enquête. Après tout, ce n’est jamais qu’un questionnaire “subjectif” classique, où l’on demande aux sujets de s’auto-définir ou à leurs proches de décrire leur mode de fonctionnement psychologique. On sait à quel point l’individu est peu fiable à ce… sujet. Dans notre optique, des protocoles d’expérimentation sérieux devraient limiter au maximun l’usage de ces tests exagérément subjectivo-verbaux, voire même carrément les éliminer.
On le voit, le nouvel ouvrage de S. Fuzeau-Bræsch souffre de nombreuses lacunes, que les astrologues sérieux se doivent de dénoncer, en dépit de la sympathie avec laquelle certains d’entre eux observent cette tentative de validation empirique du fait astrologique.
Les différences psychologiques et comportementales au sein des couples gémellaires ne sauraient se déduire exclusivement de ténues différences dans les orbes d’angularité, que l’on soit scientifique-universitaire ou pas. Et s’il est vrai que le problème des jumeaux peut avoir de test fondamental pour juger de la réalité du fait astrologique, il existe bien d’autres protocoles expérimentaux… plus complexes, moins sensationnalistes et surtout intégrant la globalité du thème plutôt que quelques uns de ses éléments plus ou moins arbitrairement sélectionnés, et abusivement disjoints des conditionnements extra-horoscopiques.
▶ 1 Rappelons que dans les grilles de hiérarchisation ordinales, on se contente de “noter” l’angularité d’une planète. La compétition pour l’élection de la meilleure grille — ou de la moins mauvaise — se joue au niveau des orbes d’angularité admis et de la primauté que l’on accorde ou non aux planètes angulaires reliées par aspects majeurs (conjonction, opposition). Ces orbes sont comptés en temps, et non en degrés d’écliptique. Exemple : l’orbe d’angularité pour une planète ascendante dans des Signes de courte ascension (du 0° Cancer au 29° Sagittaire) est environ deux fois moins élevé, exprimé en unités de degrés d’écliptique, que l’orbe d’angularité pour les Signes de longue ascension (0° Capricorne à 29° Gémeaux). En effet, pour une latitude de 45° environ, le Bélier par exemple, met environ deux fois plus moins de temps pour se lever que la Balance. D’où de “grandes” Maisons XII et I avec un ASC Bélier, et de “petites” Maisons XII et I pour un ASC Balance. Or les Maisons Placidius sont basées sur la tripartition de l’arc diurne… donc du temps.
▶ 2 En passant, pourquoi S. Fuzeau-Bræsch a-t-elle éliminé les angularités au FC dans son expérimentation ? Certes, elle en donne la “raison” : les statistiques Gauquelin n’auraient pas permis d’obtenir des résultats assez probants quant aux angularités au FC pour qu’elle puisse prendre en compte ce facteur… ce qui n’empêchait pas Gauquelin lui-même de s’en servir pour ses “analyses” astro-piquologiques !
Article paru dans le n° 1 du Fil d’ARIANA (avril 1994).
▶ Les problématiques spécifiques des statistiques astrologiques
▶ Les Thèmes de deux jumeaux monozygotes
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
Téléchargez-le dès maintenant dans notre boutique
Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
Téléchargez-le dès maintenant dans notre boutique