Qui est vraiment Pluton ? Ses origines familiales sont mystérieuses, comme bien souvent dans les mythologies. L’image apparemment unique d’un dieu naît fréquemment du croisement de plusieurs autres. Dans le panthéon grec, Ploutos était le fils d’Iasion et de Déméter. Iasion, fils de Zeus et de la Pléiade Electre, et Déméter, fille de Chronos et de Rhéa, s’accouplèrent dans un champ trois fois labouré, ce qui était très mal vu chez les Olympiens.
Légèrement énervé en découvrant ce sacrilège, Zeus foudroya Iasion pour le punir. Quelque temps plus tard, Déméter, déesse du Blé et de la germination, accoucha du petit Ploutos, qui personnifia la Richesse. Afin d’être sûr que Ploutos dispenserait cette richesse d’une façon égalitaire, Zeus le rendit aveugle : privé de la vue, il ne pourrait ainsi plus différencier les pauvres et les riches, les beaux et les laids, les bons et les méchants.
De quelle “Richesse” s’agissait-il ? Étant donné que Ploutos devait distribuer ses bienfaits aussi bien aux nantis qu’aux misérables, on peut penser qu’il ne s’agissait pas exclusivement de richesses financières : les riches sont déjà riches, pourquoi faudrait-il encore les enrichir ? L’endroit où il a été conçu peut nous donner une piste : Ploutos est né dans un champ bien labouré, et sa mère avait la haute main sur les processus de germination : il doit s’agir des richesses profondes que dispense la Terre nourricière, celles qui prémunissent contre la famine. Des richesses plus foncières que boursicoteuses. Ploutos était donc le dieu des richesses de fond et de fonds.
Aujourd’hui, le terme “ploutocrate” désigne péjorativement un personnage influent, puissant par sa richesse : capitaliste à gros cigare ou machiavel de la finance internationale, il n’a de cesse de vouloir instaurer une ploutocratie, c’est-à-dire un gouvernement où le pouvoir n’appartient qu’aux riches. Nous vivons des temps très ploutocratiques. Qu’ils soient banquiers, industriels, financiers ou spéculateurs, les ploutocrates détiennent une puissance invisible mais réelle, bien plus importante que celle des politiques. Dans l’ombre, ils décident de tout. Et ils ne manquent jamais de fonds pour influer sur les décisions des États. Gageons que si Ploutos revenait, il ne reconnaîtrait pas dans les ploutocrates ses dignes successeurs : ils sont trop éloignés des richesses de la Terre. Ils ne moissonnent plus le blé, ils se font du blé. Ils ont des fonds, mais ils manquent de profondeur. Et en plus, loin d’être aveugles comme lui, ils répartissent très inégalement les richesses !
Pluton était un dieu romain. Son nom est dérivé de celui de Ploutos. “Visage sans indulgence, bouche presque cruelle, encadrée par une barbe bouclée et serrée, tel est Pluton, le dieu romain des Morts.” Divinité souterraine comme Ploutos, il était la personnification de la fécondité de la Terre et veillait à ce que les récoltes fussent toujours abondantes. En ces temps d’économie principalement agricole, la richesse ne pouvait venir que des obscures germinations du sous-sol… Ainsi Pluton était-il appelé le “père des richesses”. Au fur et à mesure que les mythologies grecque et latine fusionnaient, il prit de plus en plus les traits de l’Hadès grec : redoutable souverain de l’Empire des Morts dans les profondeurs de la Terre, on lui sacrifiait des animaux au pelage sombre, et tous les condamnés à mort étaient voués à son implacable jugement.
Il existe une continuité logique entre Ploutos, Pluton et Hadès : les trois dieux règnent sur la fertilité et sur les profondeurs obscures. En se décomposant, les cadavres enterrés dans le sol réintègrent les cycles biochimiques de la Terre et la fécondent à leur tour, la nourrissent comme elle les a nourris du temps de leur vie. Ainsi l’Empire des Morts est-il aussi celui de la fertilité. Si la mort n’existait pas, la planète s’épuiserait vite à nourrir des vivants trop nombreux. Retenons donc que pour Pluton-Hadès, la mort est féconde… Mais il est temps de faire plus profondément connaissance avec Hadès.
Hadès naquit d’amours incestueuses entre deux parents illustres : sa mère Rhéa et son père Chronos étaient tous deux enfants d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre). Il avait trois sœurs : Hestia (déesse du foyer domestique et de la famille) Déméter (déesse des Moissons) et Héra (déesse du mariage légitime), et deux frères : Poséidon (dieu des tremblements de terre et des océans) et Zeus (le “roi des dieux”).
Ayant appris par un augure qu’un de ses rejetons le détrônerait un jour, Chronos-Saturne avait contracté la sale manie de dévorer ses enfants avant qu’ils ne soient en âge de chanter “Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus” : on n’est jamais trop prudent. Dès que le petit Hadès naquit donc, son père n’en fit qu’une bouchée. Après avoir ainsi perdu ses quatre premiers enfants, enceinte de Zeus-Jupiter, Rhéa s’enfuit du domicile conjugal et se réfugia en Crète, où elle accoucha du futur roi de l’Olympe. De retour chez elle, elle trompa la vigilance de Chronos en substituant au nourrisson un caillou langé, que l’ogre eût tôt fait d’engloutir. Le dernier-né était sauvé !
Devenu adulte, Zeus détrônera son père, prendra comme prévu sa place et lui fera régurgiter de force ses frères et sœurs. Hadès doit donc sa survie ou sa réincarnation à Zeus… Chronos ayant été mis hors-jeu, l’univers fut divisé en trois parties. Sur chacune régnerait désormais l’un de ses fils : Zeus gouvernerait les cieux, Poséidon les mers et Hadès le monde des profondeurs souterraines.
Le mot “enfer” vient du bas-latin d’église “infernus”, qui signifie “lieux bas”. On appelle souvent Hadès le “dieu des Enfers”. Rien n’est plus faux si l’on confond le concept d’enfer d’inspiration judéo-chrétienne avec celui de la culture grecque antique. L’enfer judéo-chrétien est le lieu où les âmes damnées, exclues du paradis, viennent expier leurs mauvaises actions qu’elles ont commises du temps où elles étaient incorporées. Les “Enfers” grecs, eux, désignent à l’origine les lieux où allaient toutes les âmes à la fin de leur vie corporelle. Les profondeurs souterraines que gouverne Hadès, si elles sont souvent sombres et inquiétantes parce qu’inconnues, ne sont donc pas nécessairement “infernales”… Hadès ne règne pas sur un enfer au sens chrétien, bien qu’il soit effectivement le maître d’un “lieu bas”, mais sur le socle premier, le fond des choses. Vieillard inflexible, justicier impitoyable coiffé d’un casque high-tech qui le rend invisible, il gouverne sans pitié, sans indulgence et sans compromission les âmes des morts, son innombrable peuple toujours renouvelé.
Les “enfers” d’Hadès se subdivisent en deux régions : le Tartare (plus ou moins analogue à l’“enfer” judéo-chrétien) et les Champs-Élysées (plus ou moins analogues au “paradis” chrétien. Le Tartare est un abîme insondable et obscur, séparé de la surface du sol par une distance égale à celle entre la Terre et le Ciel, qui constitue le fond ultime de toutes choses au-delà duquel plus rien n’existe.
Conduites par Hermès-Mercure, les âmes accédaient à l’empire des Morts après avoir traversé le Styx et versé leur obole à Charon, le vieux, avare et sinistre nocher. Une fois les portes de l’enfer grec franchies, elles se refermaient à jamais, sauf à de rares exceptions (Orphée). Chez les grecs, on ne se réincarnait pas. La mort était définitive.
Les défunts se retrouvaient alors face aux trois Juges que commande Hadès : Rhadamante, Éaque et Minos. Aussi impitoyables que leur maître, ils sanctionnent les anciens vivants et décident souverainement des conditions dans lesquelles s’effectuera leur existence post mortem : délices et Champs-Élysées pour les justes, supplices et Tartare pour les autres. Avec ces trois juges, pas moyen de tricher, pas de bakchich, pas de pot-de-vin : les âmes sont jugées sur le fond, une bonne fois pour toutes. On a intérêt à avoir été spirituellement impeccable du temps de son vivant… Quant à rencontrer Hadès-Pluton en face-à-face, il ne faut pas trop y compter : grâce à son casque, il est invisible… d’ailleurs, “haides” signifie “l’invisible”.
Fille de Déméter et de Zeus, Perséphone (Proserpine chez les Romains) avait été promise à Hadès par son auguste père. Évidemment, sa mère n’était pas d’accord : elle estimait que ce vieillard redoutable et taciturne n’était pas un bon parti pour une aussi délicieuse enfant. Zeus dut donc ruser : il envoya la jeune fille cueillir des fleurs en compagnie de charmantes et insouciantes nymphettes. Perséphone aperçut un très beau narcisse, se pencha pour le cueillir… Hadès entrouvrit alors une crevasse sous ses pieds et elle fut immédiatement happée dans les “enfers”.
Folle de douleur, ignorant le pacte entre Zeus et Hadès à l’origine de ce kidnapping, Déméter erra neuf jours et neuf nuits sur Terre à la recherche de sa fille. Apitoyé, le Soleil finit par lui révéler le nom du ravisseur. Folle de rage cette fois, Déméter décida de quitter l’Olympe et de ne plus faire fructifier la Terre. Zeus s’en inquiéta : qu’allaient devenir les mortels sans moissons ? Il envoya donc son émissaire Hermès-Mercure dans les “enfers” pour récupérer sa fille. Pour qu’elle fût rendue à sa mère, il n’imposait qu’une seule condition : Perséphone ne devait avoir fait aucun repas pendant son séjour dans l’empire des morts. Mais Hadès était un rusé : pour pouvoir la garder à ses côtés, il fit manger des graines de grenade à son épouse ravie.
Cette triste affaire de kidnapping se termina néanmoins par un compromis : Hadès accepta que Perséphone vive chez sa belle-mère (qui, rappelons-le était aussi sa sœur) six mois par an. Les six autres mois, elle les passerait en sa peu riante compagnie… Que signifie cette légende ? C’est simple : Perséphone-Proserpine symbolise les grains de blés. Ceux-ci sont ensevelis sous terre pendant les six mois d’automne et d’hiver, saisons froides où les nuits sont plus longues que les jours. Perséphone vit alors dans les “enfers” avec son vieux mari. Au printemps et en été, saisons chaudes où les jours sont plus longs que les nuits, les grains regerment et se transforment en plantes. Perséphone vit alors avec sa mère, déesse des moissons…
Morale de l’histoire : la vie et la mort forment un tout indissoluble, et Hadès, comme Ploutos, est bien un dieu de la fécondité, puisque sans lui, jamais les grains de blé ne pourraient germer, et par conséquent les vivants être nourris. Il y a là une logique… infernale !
▶ Neptune-Poséidon
▶ Uranus-Prométhée
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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