“Somme toute, je veux arriver au point qu’on dise de mon œuvre : cet homme sent profondément et cet homme sent délicatement, malgré ma soi-disant grossièreté ou précisément à cause d’elle.” (Vincent Van Gogh)
La super-dominante du thème revient sans contestation au “e intensif” au complet (Vénus-Mars-Neptune) en Poissons. Pour être tout à fait objectif, référons nous à l’interprétation qui est faite de ce rapport planètes-Signe :
“Votre formule planétaire met en évidence le fond tumultueux de votre sensibilité. Il y a en vous, sous des dehors indolents ou détachés, sous des attitudes apparemment plus sereines, tout un magma d’émotions et de sensations, toute une houle d’impressions qui peuvent vous ballotter de la passion au vague-à-l’âme […] Vous faites partie de ceux qui sentent : il en faut peu pour vous affecter, vous êtes réceptif, impressionnable, tel un sismographe qui enregistrerait les moindres variations du milieu ambiant. Vous avez toujours la possibilité de vous ‘déconnecter’, de vous retrancher dans une indifférence feinte, de vous absorber momentanément dans vos pensées et dans vos rêves, mais l’éloignement et l’isolement ne sauraient convenir durablement à votre besoin de présence et de contacts […].
Vous êtes ainsi d’une nature sensitive et sensuelle, vibrante et tourmentée, mais votre fébrilité intérieure ne favorise pas la libre expression de vos sentiments. Du moins pourrez-vous toujours communiquer votre trouble, et si vous tombez sur une âme aussi réceptive que la vôtre, vous vivrez dans un état de communion affective auprès duquel les plus beaux dialogues amoureux paraîtront pleins de fadeur et de mièvrerie.
Si l’amour pour vous sait se passer de mots, il souffre à l’extrême de ne pouvoir ou de ne pas oser se déclarer. Vous aurez alors un goût prononcé pour la rêverie solitaire où votre âme romanesque s’enivrera des troubles et des affres où vous jette votre imaginaire.
Au fond, le sentiment est votre seul guide et votre seule mesure : vous n’avez d’autre logique que celle de l’intuition, d’autre ambition que celle de l’amour […] Vous avez d’immenses réserves de dévouement et d’abnégation, de tendresse et de générosité, qui peuvent vous amener à vous pencher sur le sort de ceux qui souffrent, qu’ils appartiennent à votre entourage immédiat ou à l’humanité entière et indifférenciée.”
Ce portrait théorique, écrit par l’astrologue Philippe Pinchon, ressemble d’une manière frappante à celui de Van Gogh. Ne disait-il pas de lui-même : “Somme toute, je veux arriver au point qu’on dise de mon œuvre : cet homme sent profondément et cet homme sent délicatement, malgré ma soi-disant grossièreté […] ou précisément à cause d’elle.”
En une phrase, Van Gogh définit le “e intensif” qui domine son thème natal en un raccourci saisissant : par Neptune ‘eT’, il “sent” (‘e’) “profondément” (‘T’), par Vénus ‘eR’, il “sent” (‘e’) “délicatement” (‘R’), et enfin par Mars ‘eE’, en dépit de sa “grossièreté” (‘E’), ou “précisément à cause d’elle” (‘e’) il sent intensément.
Van Gogh est donc bien un être chez qui domine un intense et fiévreux ressenti des êtres, des choses et des situations. La puissance de l’éprouvé, du sentiment (‘e’) l’emporte sur la distance et l’abstraction (‘t’ faible). Il le reconnaît lui-même dans une autre lettre à son frère Théo : “Moi, je suis un homme à passions, capable et sujet à faire des choses plus ou moins insensées, dont il m’arrive de me repentir plus ou moins. Il m’arrive de parler ou d’agir trop vite, lorsqu’il vaudrait pieux attendre avec plus de patience […] Maintenant cela étant, que faut-il faire ? Doit-on se considérer comme un homme dangereux et incapable de quoi que ce soit ? Je ne le pense pas. Mais il s’agit par tout moyen de tirer de ces passions mêmes un bon parti.”
Les états d’âme neptuniens rendent parfois mélancolique cet énergique marsien et tendre vénusien : “Au lieu de me laisser aller au désespoir, j’ai pris le parti de mélancolie active” (Mars-Neptune) “pour autant que j’avais la puissance d’activité” (Mars) “ou en d’autres termes j’ai préféré la mélancolie qui espère et qui aspire et qui cherche” (Neptune dominant) “à celle qui, morne et stagnante, désespère” (c’est ainsi qu’un Neptune ‘e’ dominant peut considérer les mélancolies saturniennes… Saturne étant la planète “aveugle” du thème natal).
Mars est bel et bien au centre du réel vangoghien et du “e intensif” ; ainsi Van Gogh reprend-il à son compte et fait-il siennes les phrases d’un autre peintre, Millet : “L’art est un combat. Dans l’art il faut y mettre sa peau.” Et lui répond en écho qu’il veut “faire des dessins qui frappent certaines gens”.
L’art de Van Gogh est un art vivant, frémissant, plongé au cœur de la nature. À propos de son premier tableau abouti, “Les mangeurs de pomme de Terre”, qu’il peignit en avril-mai 1885 alors qu’une conjonction Vénus-Mars au sextile de Neptune transitait sa conjonction Vénus-Mars natale, n’écrit-il pas : “Mais que celui qui désire voir les paysans doucereux passe outre. Pour ma part, je suis convaincu qu’on obtient à la longue de meilleurs résultats en les peignant dans leur rudesse plutôt qu’en y apportant une joliesse de convention.”
Peinture si épaisse, avec tant de relief qu’on dirait de la sculpture ou du bas relief. Pein-ture au couteau, coups de pinceaux rageurs : l’image (‘eR’, Vénus) doit toucher, frapper, émouvoir violemment (‘eE’, Mars). Mais par Neptune (‘eT’) un tableau doit aussi : “dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre les femmes et les hommes” (‘e’) “avec ce je ne sais quoi d’éternel” (‘T’), “dont autrefois la nimbe était le symbole, et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration” (‘e’) “de nos colorations” (‘R’).
Dans le thème de Van Gogh, le Soleil/Bélier est conjoint à Vénus-Mars/Poissons. Cette conjonction à cheval sur l’équinoxe de printemps peut donc être considérée comme dissonante, le Bélier et le Poissons, Signes “en miroir”, ayant des dynamiques inverses l’une de l’autre. Ce conflit entre ‘R’ (Soleil-Vénus) et ‘e’ (Vénus-Mars-Neptune) est très perceptible dans l’œuvre et les écrits du peintre. Nous y reviendrons. Pour l’instant, en quoi Van Gogh est-il un solaire du Bélier ? C’est sans aucun doute ce Soleil/Bélier qui fait de lui un être intrépide, un fonceur, un pionnier à la fois humble (Vénus-Mars-Neptune) et orgueilleux (Soleil ‘rR’), prêt à tous les (re)commencements, un battant n’hésitant pas à aller de l’avant quoi qu’il lui en coûte, prisonnier aussi de son impulsivité têtue et de ses impatiences.
Solaire du Bélier, Van Gogh voudrait bien ne jamais transiger sur ses sacro-saints principes : “Plus vite on cherche à se qualifier dans un certain domaine d’activité et un certain métier, et on adopte une façon de penser et d’agir relativement indépendante, et plus on se tient à des règles fixes, plus ferme deviendra le caractère, et il ne faudra pas pour cela devenir borné.”
Solaire du Bélier toujours, en dépit des affres de mécontentement de soi-même dans lesquels le plongeait son perfectionnisme et malgré la misère matérielle, morale et physiologique dans lequel il a vécu, il n’a au fond jamais douté de lui-même : “Et c’est la raison pour laquelle je me dis à mon sujet : si je ne vaux rien, maintenant, je ne vaudrai pas davantage plus tard, mais si je vaux quelque chose plus tard, c’est que je vaux aussi quelque chose maintenant.”
Soleil narcissique, se posant sans cesse le problème de l’auto-estime, de la représentation que l’on a de soi-même, du regard des autres, de la reconnaissance immédiate ou posthume… Van Gogh le solaire est l’un des peintres qui a exécuté le plus d’autoportraits (“représentation de Représentation”, c’est la formule R.E.T. du Soleil !), comme s’il lui était vital, essentiel, nécessaire de reproduire incessamment son image pour se re-connaître (‘rR’).
Soleil idéaliste également, profondément marqué par les modèles transmis par son austère et rigoureux pasteur de père, un père qu’en dépit de tout il n’a jamais cessé d’admirer et de vénérer. L’idéal solaire est évidemment simple, lumineux, exemplaire… ce qui ne va pas sans lui poser des problèmes et lui créer des difficultés : “un idéal de simplicité” (Soleil) “rend la vie plus difficile et celui qui l’a, cet idéal, il n’arrive, comme c’est mon cas, qu’à ne pas pouvoir faire ce qu’il veut” (conjonction Soleil-Mars dissonante).
Sans doute, dans le terme “simplicité”, faut-il faire la part du “e intensif” qui pousse à vivre naturellement, sans artifice. Mais la fonction solaire est également de la partie. Elle incite à chercher des modèles et identifications. Ainsi, pour le meilleur de sa gloire posthume et le pire de sa misère vécue, Van Gogh s’est-il mythiquement identifié à l’image éternelle du Peintre avec une totale intransigeance qui est bien le fait d’un Bélier inadapté à son époque, sourd à toute modération, à toute prudence, jetant son statut d’artiste violent et rebelle à la face de la société et de l’art officiel. Comme si cette identification idéaliste (‘rR’), ce modèle du Peintre, lui permettaient de surplomber des aléas de l’existence concrète (Soleil “non-E”).
Vincent, solaire qui se veut unique, incomparable… et qui a été conçu pour remplacer un autre Vincent, né et mort avant lui : difficile, dans ce contexte, de se forger une identité stable, rassurante, permanente.
Un conflit entre ‘R’ et ‘e’ souligne les tensions et incompatibilités entre la représentation que nous avons des choses et leur existence concrète dont nos cinq sens témoignent. Pour Van Gogh, artiste, peintre, ce conflit est évidemment transposé dans les rapports entre peinture (Représentation) et nature (Existence). Et ses lettres à son frère Théo sont particulièrement symptomatiques de ces tensions : “Je ne connais pas de meilleure définition du mot art que celle-ci : ‘L’art c’est l’homme ajouté à la nature’, la nature, la réalité, la vérité” (Mars ‘eE’), “mais avec une signification, une conception, avec un caractère que l’artiste fait ressortir et au-quel il donne une expression, ‘qu’il dégage’, qu’il démêle, affranchit, enlumine” (Soleil ‘rR’). “Un tableau […] dit plus et parle plus clairement” (“Vénus-eR”) “que la nature elle-même” (Mars ‘eE’). De même, sans cesse Van Gogh se pose-t-il le problème des interactions complexes entre la couleur (‘R’) et le ressenti (‘e’) : “Il en est de même de la question du coloris. Il y a des couleurs qui contrastent agréablement toutes seules” (Vénus ‘eR’), “mais je m’efforce de faire comme je vois” (Soleil ‘rR’), “avant que je me mette à travailler” (Mars ‘eE’) “pour l’avoir comme je sens” (“e intensif”).
Enfin, dernier symptôme de cet écartèlement entre Représentation et Existence, Van Gogh n’a jamais cessé, toute sa vie, de reproduire et recopier (Soleil ‘rR’) les tableaux des peintres anciens et contemporains : l’imitation (‘R’) intentionnelle (‘r’) était pour lui une nécessité incontournable pour parfaire son art… On sait par ailleurs qu’il ne pouvait pas peindre sans modèle. Et pourtant, par ailleurs, il a développé un art pictural original, radicalement original par rapport à celui de ses contemporains impressionnistes. Un art fondé sur la métamorphose alchimique, dans le creuset du ressenti intense (‘e’), des images du monde (‘R’) en impressions sensorielles puissantes (‘e’).
En Bélier-Poissons s’affrontent le jour et la nuit, le diurne et le nocturne. Un texte essentiel de Van Gogh, consacré à la technique des couleurs, illustre à merveille ce conflit des contraires : “Et par un phénomène singulier, ces mêmes couleurs qui s’exaltent par leur juxtaposition se détruiront par leur mélange […] Cela étant, de nouveaux contrastes pourront naître de la juxtaposition de deux complémentaires, dont l’une est pure et l’autre rompue. La lutte étant inégale, une des deux couleurs triomphe, et l’intensité de la dominante n’empêche pas l’accord des deux.”
Et tous les tableaux de Van Gogh sont bel et bien construits autour d’un affrontement de couleurs violemment opposées d’où naît une émotion percutante et dérangeante…
Dans le thème natal de Van Gogh, Vénus-Mars-Neptune en Poissons sont au carré de Lune-Jupiter en Sagittaire. L’existence intensive (‘e’) est donc en conflit avec l’Existence extensive (Mars-Jupiter, ‘E’), ces tensions affectant fortement la fonction lunaire.
Conflit donc entre l’intensément ressenti, la puissance des émotions, la fièvre des sentiments (‘e’) et la nécessité de gérer raisonnablement son vécu, d’en tirer profit dans une logique concrète et utilitaire (‘E’). Conflit qui se traduit, chez Van Gogh, par un douloureux tiraillement entre le plaisir sensoriel de peindre (‘e’) et le réalisme qui commande de pouvoir négocier et vendre ses tableaux (‘E’) : “Le sentiment et l’amour de la nature trouvent tôt ou tard un écho chez ceux qui s’intéressent à l’art. Le peintre a pour devoir de plonger complètement dans la nature, et d’utiliser toute son intelligence, de mettre tout son sentiment dans son œuvre, pour qu’elle de vienne compréhensible pour d’autres” (‘e’) “mais travailler en vue de la vente n’est pas précisément le vrai chemin à mon sens, mais plutôt se foutre des amateurs” (‘E’ dissonant et rejeté).
Van Gogh a été toute sa vie littéralement crucifié entre ces deux impératifs : ou bien s’adonner exclusivement et sans réserve à l’exaltation sensorialo-mystique que lui procure l’acte même de peindre (‘e’ en F− extinctive) tout en ressentant douloureusement à quel point une telle attitude, non seulement l’isole de toute vie normale et lui interdit tout cocon douillet (Lune-Jupiter), mais en plus l’empêche d’organiser matériellement sa vie (Mars carré Jupiter). Ou bien se montrer raisonnable et réaliste (‘E’), tenter de s’insérer dans les circuits normaux de l’establishment artistique de son époque (Jupiter), trouver un foyer sécurisant (Lune), au risque d’y perdre l’ivresse de la passion, la fièvre de l’intensément éprouvé (‘e’) : “Je suis toujours entre deux courants d’idées, les premières : les difficultés matérielles, se tourner et se retourner pour se créer une existence” (‘E’), “et puis : l’étude de la couleur […] Exprimer l’amour de deux amoureux par un mariage de deux complémentaires, leur mélange et leurs oppositions, les vibrations mystérieuses des tons rapprochés” (‘e’).
D’une souveraine liberté et indépendance en ce qui concernait sa perception et sa conception de la peinture (le ‘e’ en inhibition extinctive incite à vivre ses émotions et sensations sans se laisser influencer par l’extérieur), Van Gogh était totalement dépendant d’autrui, et surtout de son frère Théo, pour survivre matériellement (Lune-Jupiter faibles et dissonants).
Pour conjurer concrètement les conditions d’existence difficile des peintres de son époque, il a souvent fantasmé sur le projet de créer des coopératives d’artistes associés (Lune-Jupiter/Sagittaire) qui leur permettraient de s’entraider en se serrant les coudes et en partageant le fruit de leurs ventes, ce qui relève bien de l’Existence extensive et de la Lune en “excitation associative” sagittarienne : “Il est conscient de faire une peinture destinée à l’avenir, mais cette justesse d’analyse n’est pas suffisante pour conforter son esprit bouleversé par les affres de la dépendance financière. Il se bat tant qu’il peut, suggérant même la création de coopératives d’artistes pour aider à la vente, mais refuse de renoncer à ses exigences : plutôt mourir que de ne pas faire la peinture dont il ressent la nécessité profonde.”
Une conjonction Lune-Jupiter en Sagittaire bien vécue incite à vivre en intime association, fusion, osmose, avec un groupe uni par les mêmes règles et intérêts. Voici l’interprétation consonante de cet aspect : “Le sujet trouve son équilibre et sa plénitude dans une vie sociale riche et bien adaptée. Sa chaleur humaine, sa bonhomie, sa convivialité lui permettent de tisser autour de lui un réseau de relations et de soutiens. Il sait en user à merveille pour faciliter la réalisation de ses objectifs et ambitions. Par sa faconde, il devient sans se forcer le centre d’intérêt de son groupe, sur lequel il veille avec une autorité bienveillante et paternaliste. Il lui semble tout naturel de scrupuleusement respecter les codes, lois et règlements qui cimentent la vie sociale de son milieu. Il s’entremet, joue le rôle du diplomate raisonnable, de l’apaiseur de conflits, du ‘parlementaire’, celui qui en appelle à l’intérêt bien compris de chacun. Il sait organiser son quotidien au mieux de son bien-être. Il a l’art de se simplifier la vie avec bonne humeur.”
Rien de tout cela chez Van Gogh. Certes, il aspirait au calme, à la quiétude, à la sérénité lunaires : “Que je voudrais m’établir de façon à avoir un chez-moi”, s’exclamait mélancoliquement cet éternel errant. Mais en même temps, dès qu’il s’installait dans un quotidien douillet et organisé, dès qu’il tentait de s’associer avec d’autres peintres (comme par exemple Gauguin) pour partager une relation d’intimité, son caractère violemment émotionnel reprenait vite le dessus. Il ne savait pas faire les concessions nécessaires à toute vie sociale : “Pour ce qui est de la sympathie générale des gens à mon égard” (Lune-Jupiter/Sagittaire), […] “je continuerai toujours de croire que celui qui veut faire quelque chose de bon ou d’utile ne doit pas tabler sur l’approbation et l’appréciation générale, ni la désirer, mais au contraire n’espérer de sympathie ou d’aide que de très rares cœurs…” (‘e’).
Et puis, sous un carré Mars-Jupiter particulièrement mal vécu, “le sujet semble incapable d’insérer son vécu, ses actes instinctifs, son impulsivité turbulente dans le cadre des normes et modèles qui réglementent la vie en groupe ou en société. Il agit pour agir et vit pour vivre, prisonnier d’un activisme échevelé, dénué de tout but, de tout projet, de toute perspective sensée et raisonnable. Il est doué pour agir à rebours de ses intérêts bien compris et parait incapable de tirer quelque leçon de ses expériences. Viscéralement indiscipliné et partisan d’une existence sans entraves, il se rebelle contre toute autorité, tout consensus, tout ordre conventionnel, qui ne sont pour lui que des monuments d’hypocrisie. Là où il faudrait parlementer et négocier, unir plutôt que diviser, il s’épuise et épuise son entourage en déclenchant, avec une vigueur agressive, luttes, conflits et épreuves de force.”
Et de fait, Van Gogh ne manque jamais de faire le virulent procès de Jupiter au nom de Vénus-Mars-Neptune : “…une vieille école académique […] des hommes ayant comme une cuirasse, une armature d’acier de préjugés et de conventions, ceux-là quand ils sont à la tête des affaires, disposent des places, et par système de circonlocution” (Jupiter ‘rE’) “cherchent à maintenir leurs protégés” (Lune) “et à en exclure l’homme naturel” (‘e’).
Rebelle au confort des normes académiques et conventionnelles (Lune-Jupiter/Sagittaire), il ne pouvait que s’enfoncer dans son vécu intense de la peinture (‘e’), dans un défi permanent à toutes les règles du bon sens, de la perspective et de la survie matérielle.
Cette configuration, sous-dominante dans le thème natal de Van Gogh, est sans doute à l’origine de ses volumineux échanges épistolaires avec son frère Théo. Ce peintre farouche, sauvage et rustique avait besoin, dès qu’il s’échappait de ses toiles et pinceaux, de communiquer… avec un réel bonheur d’écriture et un superbe sens de la négociation… pour faire comprendre à Théo qu’il avait besoin d’argent !
Que dire, brièvement, de la faiblesse des planètes ‘t’ et ‘T’ dans le thème de Vincent ? Vincent Van Gogh, dans sa vie comme dans ses œuvres, c’est l’anti-intellectualisme, l’anti-abstraction, l’anti-distance, l’anti-recul. Il est furieusement et fiévreusement incarné, vivant, hyper-présent aux êtres et aux choses. “Qui commande, les chiffres ou moi ?” s’exclamait-il. En 1877, Saturne, planète ‘t’, “aveugle” dans son thème natal, transitait en conjonction de Vénus-Mars-Neptune natals. C’est pendant cette période qu’il a entrepris ses études approfondies de théologie… une “science” qui relève bel et bien des niveaux ‘T’ et ‘t’. Puis il s’en alla, en missionnaire, évangéliser les miséreux mineurs de son “plat pays”. Les autorités ecclésiastiques ne tardèrent pas à le relever de sa charge, constatant qu’au lieu d’appeler ses ouailles à la transcendance de Dieu, il préférait pauvrement, humblement et charnellement partager, en bon ‘e’, leurs misérables conditions d’existence. Une phrase de lui résume bien comment il se positionnait par rapport aux abstractions du ‘t’, sa famille planétaire la moins valorisée : “Si j’ai à regretter amèrement quelque chose, c’est de m’être laissé séduire quelque temps par des abstractions mystiques et théologiques.”
Et si Vincent Van Gogh a gardé toute sa vie une foi christique intense, elle était chevillée à son corps et à son vécu, beaucoup plus qu’une abstraction métaphysique.
Bien entendu, cette interprétation du thème de Van Gogh est très simplifiée et réductrice. Elle ne vise qu’à vous donner une idée générale de ce que peut être une analyse astrologique qui met en branle les différents concepts de l’astrologie moderne. On peut interpréter un thème en une page (c’est alors un cliché, un “photomaton”, voire une caricature), en dix ou cinquante pages (on peut alors davantage approfondir le sujet, sans toutefois l’épuiser) ou en 300 pages ou plus.
On peut aussi se demander ce qu’aurait donné l’interprétation de cet horoscope natal, s’il avait appartenu à quelqu’un d’autre qu’un peintre para-impressionniste né dans une famille de marchands de tableaux, d’un père pasteur, etc. Elle aurait sans doute été sensiblement différente, parce qu’elle aurait intégré d’autres conditionnements extra-horoscopiques. Peut-être ce “jumeau astral” aurait-il mieux vécu et intégré ses dissonances. Sans doute aurait-il investi les tendances et potentiels qu’exprime son ciel de naissance dans d’autres Objets que la peinture, leur donnant ainsi une autre ampleur, une autre intensité, un autre destin…
Mais la problématique générale qu’exprime le thème natal serait restée la même. Seules les réponses auraient varié : le même thème aurait été vécu différemment, voilà tout…
Enfin, cette interprétation très succincte des grandes lignes du thème de Van Gogh a essentiellement une vocation explicative, illustrative, en un mot pédagogique. À partir de la même trame zodiaco-planétaire, il est tout à fait possible d’en faire, par exemple, un portrait psychologique imagé et vivant, dans le style des “Caractères” de La Bruyère.
Article paru dans le n° 12 des Cahiers conditionalistes (décembre 1986).
Le petit livre du Bélier
par
49 pages. Illustrations en couleur.
Ce livre présente et explique les trois zodiaques : celui du décor des constellations, celui de l’astrologie traditionnelle basé sur les Quatre Éléments symboliques (Feu, Terre, Air & Eau) et celui de l’astrologie naturelle basé sur les phénomènes astronomiques objectifs.
Interprétation du Bélier selon la symbolique classique et selon ses réflexes dans le zodiaque naturel (force, vitesse, équilibre) ; interprétation du Bélier en fonction des planètes dominantes ; le Signe solaire & le Signe Ascendant.
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