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Alignement des planètes et rumeur médiatique

L’expression “alignement des planètes” est depuis le début des années 2010 couramment utilisée à tors et à travers par toutes sortes de journalistes, politiciens, économistes et autres commentateurs de l’actualité pour désigner une mystérieuse configuration céleste qui aurait une influence favorable sur le cours d’un événement temporairement remarquable ou d’une étape majeure de la courte destinée d’un personnage en vue. Notons que dans la médiasphère anglo-saxonne, les expressions “alignment of the planets” et “alignment of the stars” sont indifféremment utilisées. Cette indifférenciation est révélatrice d’une malheureuse confusion sémantique entre planètes et étoiles. En effet, par définition, seules les planètes, astres mobiles, peuvent être l’objet d’alignements périodiques. Les étoiles, elles, sont de lointains astres pouvant être considérés comme immobiles, relativement aux planètes, en raison de l’imperceptibilité, à l’échelle humaine, des très lents mouvements qui peuvent les rapprocher ou les séparer sur l’échelle des temporalités astronomiques qui se comptent en centaines de millions d’années. Un bon point donc pour les médiacrates frenchies. Mais c’est bien le seul car pour le reste, ils sont comme les anglo-saxons : ils ont tout faux.

Les alignements planétaires médiatiques

Cette frénésie astrolâtrique et superstitieuse a touché jusqu’aux plus hauts sommets de l’État français. Ainsi, dans un article paru le 6 janvier 2017 dans le magazine économique Les Échos, bien entendu intitulé “Faut-il redouter la fin de l’alignement des planètes ?”, peut-on lire les phrases suivantes : “C’était en 2015. François Hollande se félicitait d’un parfait ‘alignement des planètes’. En astronomie, ce phénomène n’intervient que tous les dix ou quinze ans. Le président de la République, lui, faisait allusion à une situation économique tout aussi rare : la conjugaison improbable de facteurs très positifs (…) Si la fin de l’alignement des planètes est donc bien réelle, ses effets devraient pour l’instant rester mesurés. Le principal sujet de préoccupation, en 2017, devrait plutôt être la montée du risque politique, et son lot d’incertitudes. Un climat que les marchés détestent.

Cet article, qui n’est qu’un exemple parmi une multitude d’autres touchant tous les domaines, est emblématique de ce phénomène d’abus de langage ignare à plusieurs titres. Dans ce texte, il est avant tout question du caractère favorable ou défavorable d’une conjoncture économique et de son impact politique possible. Amusons-nous un peu : les mêmes phrases auraient pu être utilisées pour évoquer une succession de victoires de la part d’une équipe de foot, au hasard celle des Bleus : “C’était en 2015. Didier Deschamps se félicitait d’un parfait ‘alignement des planètes’. L’entraîneur de l’équipe de France faisait allusion à une rare situation sportive : la conjugaison improbable de facteurs très positifs (…) Si la fin de l’alignement des planètes est donc bien réelle, ses effets devraient pour l’instant rester mesurés. Le principal sujet de préoccupation, en 2017, devrait plutôt être la montée du risque de performances de la Mannschaft allemande, et son lot d’incertitudes. Un climat que le sponsor Nike déteste.” Et c’est un fait que la presse sportive utilise elle aussi abusivement cette expression.

Mais revenons à l’article des Échos. Son titre, “Faut-il redouter la fin de l’alignement des planètes ?”, aurait pu être celui d’une chronique inepte de la calamiteuse Élizabeth Teissier, ci-devant astrologue-sociologue diplômée de la Sorbonne. Nous sommes là en présence d’un concentré de superstition alarmiste et ignorante : un mystérieux “alignement des planètes”, le texte de l’article montrant que le journaliste qui l’a rédigé ne connaît rien aux lois astronomiques, pourrait être “redoutable”, mais les effets de sa fin pourraient rester “mesurés”. Bref Guillaume Benoît, qui a rédigé ce texte, fait de l’astrologisme alarmiste débile sans le savoir dans le genre “il pourrait y avoir une catastrophe à cause d’une configuration caractéristique des planètes, mais quand celle-ci prendra fin ça ne sera pas si terrible que ça”.

Un astrologue lambda aussi ignare que ce folliculaire économiste aurait écrit ça dans un grand média, la presse lui serait aussitôt tombé dessus et, avec une touchante unanimité anti-astrologique, l’aurait traité de prophète charlatan. Les rarissimes gratte-papier médiacrates ayant quelques notions élémentaires d’astronomie lui auraient même reproché — et à raison ! — de raconter n’importe quoi à propos des alignements planétaires, qui ne se produisent pas “que tous les dix ou quinze ans”, mais selon de tout autres périodicités dépendant entre autre de l’identité et du nombre des planètes “alignées”, de leur regroupement dans un angle donné, de leurs intercycles sidéraux et synodiques, de leurs ascensions droites, déclinaisons et latitudes écliptiques, etc. Mais voilà : c’est un gratte-papier économiste qui a pondu ce texte, et, en passant, rappelons que contrairement à ce que les économistes voudraient faire accroire, l’économie n’est pas une science et encore moins une science exacte (pas plus que l’astrologie) en dépit des modèles mathématiques dont elle use et abuse pour faire croire le contraire nonobstant ses réguliers échecs prédictifs.

Car il faut le savoir : l’économisme dominant se fonde depuis deux siècles sur l’hypothèse saugrenue selon laquelle l’être humain serait un être foncièrement rationnel qui ne serait motivé que par le désir d’augmenter le plus possible ses gains et/ou de réduire ses pertes, ces mécanismes accouchant d’une entité nommée “le marché”, qui s’auto-régulerait idéalement grâce à sa propre, mystérieuse et quasi-divine “main invisible”. Une conception du monde encore plus irrationnelle que celle de l’astrologie classique. Et pourtant l’astrologie, elle, ne nie pas la dimension irrationnelle, irréductible à toute équation économiste, de très nombreux comportements de l’être humain. Cherchez l’erreur…

Il est frappant de constater que c’est dans la presse économique qu’on trouve le plus de références à ce mythique “alignement des planètes”. Cela n’a probablement rien d’un hasard : faute d’être capable d’élaborer des modèles prédictifs fiables, les pseudo-scientifiques économistes semblent contraints, tels de vulgaires astrologues fatalistes, d’en appeler magiquement à la périodicité de configurations planétaires auxquels ils ne comprennent et dont ils ne savent rien pour tenter d’expliquer, rationaliser et prévoir des événements dont les caractéristiques temporelles actuelles et à venir leur échappent.

Les alignements planétaires astronomiques

Il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses et de définir aussi précisément que possible ce qu’est un alignement planétaire, une notion astronomique si vague et imprécise qu’on comprend mieux, en l’analysant, pourquoi les folliculaires et bavardeurs ignares usent et abusent de la métaphore qui y est associée : l’imprécision est ici un viatique sémantique permettant de raconter n’importe quoi sous un vernis superficiel de rationalité explicative. Tel est le sort des mots détournés de leur sens premier dans la sphère médiacratique.

En fait, le terme “alignement planétaire” peut définir deux réalités astronomiques très différentes selon qu’il se rapporte à un regroupement de planètes formant toutes des conjonctions et contenu dans un arc réduit à proximité d’une portion de l’écliptique, ou bien à la disposition d’un certain nombre de planètes ne formant pas toutes nécessairement des conjonctions et pouvant même être très éloignées les unes des autres, mais semblant alignées sur une même droite en raison de la forte inclinaison de l’écliptique sur l’horizon à une période donnée.

Pour bien les différencier, nous appellerons le premier type d’alignement “alignement-amas”, et le second “alignement rectiligne”. L’alignement-amas se caractérise par le fait que l’alignement peut être plus ou moins vertical lorsque les planètes regroupées sont proches de l’horizon, et plus ou moins horizontal lorsqu’elles sont proches de leur culmination supérieure (voir explications détaillées ci-dessous). L’alignement rectiligne, lui, est toujours plus ou moins horizontal.

Un exemple d’alignement rectiligne

Le plus récent alignement rectiligne des planètes visibles à l’œil nu s’est produit pendant la période du 20 janvier au 20 février 2016. Pour la latitude de Paris par exemple, c’est le 5/02/2016 à 7 h 15 HO que l’ensemble des planètes pouvait être observé dans le ciel nocturne. Et pour que ce phénomène puisse être observé, il est nécessaire que les planètes ainsi “alignées” se situent toutes dans des Signes dits de “longue ascension” (du 0° Cancer au 0° Capricorne) et que les Signes Ascendants soient le Capricorne ou le Verseau. Pour en savoir plus sur ce sujet, référez-vous à notre article consacré à l’astronomie des Maisons.

L’inclinaison du plan écliptique (sur lequel se situent à peu près ces planètes) par rapport au plan horizontal varie en fonction des latitudes terrestres et des heures de la journée. La figure ci-dessous illustre le phénomène de mouvement de “vrille” de l’écliptique pour une latitude Nord de 45° 11′ et une longitude Est de 5° 42′, en 24 h et en partant de l’Ascendant à 0° Bélier. En effet, la sphère locale étant… locale, les mouvements des Planètes sur l’écliptique et leur hauteur par rapport à l’horizon varient en fonction des latitudes terrestres.

On voit ainsi que varient, en fonction des heures d’une même journée, la hauteur du Signe qui culmine au MC, l’inclinaison de l’écliptique sur l’horizon et l’azimut (angle, dans le plan horizontal, entre la direction d’un objet et la direction du Sud — voir la figure ci-dessous) du Signe zodiacal Ascendant.

On remarque que l’écliptique (cercle par lequel passent les points AS-MC-DS-FC) est très bas sur l’horizon lorsque ce sont les Signes de “courte ascension” qui se lèvent à l’horizon (point Ascendant), et en particulier le Capricorne qui nous intéresse au premier chef, puisque c’était lui qui se trouvait à l’Ascendant lors de cet alignement rectiligne. Et quand le 0° Capricorne est le point Ascendant, la hauteur de l’écliptique au méridien est de 34,47° sur l’horizon pour une latitude terrestre de 45° Nord. Par comparaison et pour la même latitude et pour un Ascendant à 0° Balance (reportez-vous toujours à la figure ci-dessus), la hauteur de l’écliptique au méridien est de 68,45°.

Ce qui signifie que pour un Ascendant début Capricorne, la courbe que décrit l’écliptique, très inclinée sur l’horizon pour une latitude terrestre de 45°, semble beaucoup moins prononcée que pour un Ascendant début Bélier. De ce fait, si toutes les planètes visibles à l’œil nu se trouvent dans des Signes de “longue ascension” ou dans un Signe (le Capricorne) suivant du dernier de ceux-ci, le Sagittaire (ce qui est le cas le 5/02/2016, puisque la Lune, Mercure, et Vénus sont en Capricorne, Saturne en Sagittaire, Mars en Scorpion et Jupiter en Vierge), l’arc d’écliptique sur lequel elles se situent est si incliné sur l’horizon à cette heure-là qu’elles paraissent alignées sur une courbe d’une amplitude si réduite qu’elle peut passer pour une ligne droite… si l’on n’est pas trop regardant sur la rectitude et l’exactitude. Dans ce cas, les astronomes amateurs ne semblent pas l’être excessivement. La figure ci-dessous représente très schématiquement ce pseudo-alignement rectiligne, ne prétend elle non plus pas à l’exactitude (entre autre parce que la Lune et toutes les planètes y sont situées sur l’écliptique, alors qu’en réalité la Lune, avec une latitude écliptique de 5° 06′, se situe un peu au-dessus de cette courbe). Mais cette figure le montre très bien :

Dans cet alignement rectiligne qui ne l’est pas et qui s’étend sur 118° 27′ degrés d’arc, seuls Lune, Mercure et Vénus forment une conjonction (large orbe de 17° 24′). Saturne et Mars sont séparés par un arc de 27° 29′, Mars et Jupiter par un arc de 55° 05′. Hormis le fait que cette succession de positions planétaires se trouve à ce moment-là sur leur arc diurne (donc au-dessus de l’horizon), ce qui n’est pas rarissime, elle n’a rien de rare et donc de médiatiquement sensationnel.

La figure ci-contre est une autre représentation, plus rigoureuse du point de vue de l’exactitude des positions planétaires par rapport à l’horizon, mais qui ne prend pas en compte les distances d’arcs qui séparent les planètes les unes des autres. Il s’agit du Thème des hauteurs, qui se borne à noter les hauteurs positives ou négatives des planètes par rapport à l’horizon, représenté par la ligne centrale.

On observe, puisque cette figure prend aussi en compte le Soleil et les planètes invisibles à l’œil nu, que Pluton faisait partie de cet alignement plus ou moins rectiligne (plutôt moins que plus) au-dessus de l’horizon, tandis qu’Uranus, Neptune et le Soleil se trouvaient en-dessous.

Ces alignements plus ou moins rectilignes des hauteurs n’ont rien d’exceptionnel et, à ce titre, ne devraient pas contribuer à fouetter le sang de médiacrates en mal de formules astrolâtriques percutantes. Enfin, à titre de comparaison, voici, représenté par la figure ci-dessous, ce qu’aurait donné (à peu près, car j’ai réalisé cette illustration au pifomètre) la même succession de positions planétaires comprises dans un arc identique si les planètes s’étaient trouvées dans d’autres Signes que ceux qu’elles occupaient à ce moment-là, mais cette fois au lever du 0° Balance, moment où, toujours pour une latitude terrestre de 45°, le point de l’écliptique au méridien supérieur (MC pour les astrologues) est à une hauteur de 68,45° :

Dans ce cas de figure, on le voit, il est rigoureusement impossible, même dans l’esprit d’un astronome amateur particulièrement peu exigeant en matière de rectitude et d’exactitude, d’évoquer un alignement rectiligne : pour un Ascendant à 0° Balance et une latitude terrestre de 45°, la courbure de l’écliptique est alors trop caractérisée pour permettre ce genre de fantaisie géométrique. De ces deux exemples il ressort que les alignements rectilignes sont des micro-événements astronomiques d’essence visuelle qui n’ont de sens que pour les observations que font les voyeurs du ciel à un moment donné et pour une latitude terrestre donnée. La même configuration vue depuis un point d’observation équatorial ne permettrait pas d’imaginer une quelconque ligne droite autour de laquelle pourraient s’aligner tant bien que mal les planètes en question dans cet exemple. Bref, ce genre de pseudo “alignement” n’a rien d’universel. Ce qui n’est pas le cas des alignement-amas.

Les alignements-amas

Un alignement-amas planétaire (qu’en astrologie on appelle un amas planétaire, sans utiliser le terme d’alignement) n’est rien d’autre qu’une suite de conjonctions géocentriques entre plusieurs planètes regroupées à l’intérieur d’un angle d’écart indéfini. Si toutes les planètes sont alignées, si toutes les conjonctions sont exactes (écart angulaire de 0°) et si l’alignement l’est aussi, ce qui n’arrive jamais, ce n’est pas un alignement, mais une seule et unique conjonction exacte. L’alignement, lui, suppose un écart angulaire (un orbe) supérieur à 0° entre chacune des planètes groupées : elles se situent alors les unes à côté des autres.

Où commence, où finit un alignement-amas planétaire ? Quelles sont les limites inférieure et supérieure par lesquelles on peut le définir ? La limite inférieure est bien entendu celle de la conjonction exacte. Quant à la limite supérieure, elle est indéfinie. Selon le nombre de planètes alignées et les orbes admis pour leurs conjonctions successives, un alignement ou amas peut réunir des planètes en conjonctions successives très proches les unes des autres (quelques degrés d’arc) ou plus éloignées (jusqu’à plusieurs dizaines de degrés d’arc), sachant que chaque conjonction peut avoir son orbe particulier, plus ou moins large ou étroit.

Astronomiquement, il n’existe aucune loi physique définissant l’écart angulaire maximum pour qu’une planète soit considérée comme en conjonction avec une autre. Il n’en existe donc pas non plus pour définir l’étendue d’arc maximale dans les limites de laquelle un certain nombre de planètes conjointes peuvent officiellement être considérées comme alignées. C’est la raison pour laquelle le terme d’alignement planétaire n’est guère utilisé que par les astronomes amateurs, lesquels ont une conception très élastique et oculaire de son étendue, qui n’est limitée que par ce que leurs télescopes leur permettent d’observer, par l’idée personnelle que chacun d’entre eux se fait de ce qu’est un alignement et par le caractère rare et donc spectaculaire de ceux qui se produisent dans un arc inférieur à 10° ou 15°. Cette limite mathématique est parfaitement arbitraire, puisqu’il existe quantité de cas où les conjonctions successives qui constituent les amas-alignements peuvent s’étendre sur 30° à 60°.

Pour l’observateur terrestre astronome ou astrologue, cette ribambelle céleste qui se déploie sur ou à proximité immédiate d’un arc de cercle peut être proche de la verticale (les planètes se situent alors les unes au-dessus des autres), ou de l’horizontale (les mêmes planètes sont dans ce cas les unes à côté des autres). L’alignement vertical maximum se produit lorsque les conjonctions planétaires sont proches de l’horizon, donc dans les zones de leur lever (direction de l’Est) et de leur coucher (direction de l’Ouest). Quant à l’alignement horizontal maximum, il s’observe lorsqu’elles sont proches du méridien supérieur ou inférieur. De ce fait, au cours de son cycle géocentrique de 24 h 00, le même alignement peut être vertical ou horizontal, selon que les planètes conjointes se lèvent, se couchent ou culminent au Sud ou au Nord.

La verticalité ou l’horizontalité relatives d’un alignement-amas dépend de son étendue, c’est-à-dire de l’orbe des conjonctions successives qui le constituent. Plus un alignement-amas est resserré, plus les planètes le composant sont proches de la verticalité lorsqu’elles sont proches de l’horizon (axe Ascendant-Descendant pour l’astrologie) ; plus il est étendu, et plus cette verticalité relative apparaît pour ce qu’elle est : une fraction d’arc de cercle suffisamment petite pour avoir l’air d’une droite. L’effet est le même pour les alignements en culmination supérieure et inférieure (axe Milieu-du-Ciel-Fond-du-Ciel).

Deux exemples d’alignements-amas

Exemple n° 1. Les cartes du ciel ci-dessous ont été calculées pour le 01/05/1881 à 7 h 00 HO à une latitude nord de 45° 47′. Celle de gauche représente les positions planétaires projetées sur le plan écliptique dans la sphère céleste, dont le centre est celui de la Terre. Celle de droite représente les mêmes positions, cette fois dans la sphère locale, dont le centre est l’œil de l’observateur. Dans ces deux représentations, on observe l’existence d’un alignement-amas relativement serré (20° 54′ d’arc dans la sphère céleste à gauche) composé de Mercure, Saturne, Jupiter, Soleil, Vénus et Neptune, soit pas moins de 5 planètes. En s’autorisant des orbes de conjonction plus larges (ce qu’on n’hésite pas à faire ici), Pluton et la Lune font aussi partie de cet amas de 8 planètes dans un arc de 50° 17′. Le Soleil étant au centre de cet amas, les planètes ne sont pas visibles au bout de l’oculaire d’un télescope puisque l’astre du jour les plonge dans la nuit de sa lumière. Tant pis pour les astronomes amateurs maniaques des chiffres-fétiches, qui ne pourront pas ergoter sur l’excès de ces 20° 54′ ou 50° 17′ d’arc qu’ils n’ont pas eu la possibilité d’observer.

Puisqu’il est question d’observation, notez au passage que dans la carte du ciel de gauche, Pluton se trouve au-dessus de la Lune, alors que dans celle de droite, c’est l’inverse. C’est normal : la représentation de gauche est fondée sur la projection sur le plan écliptique (orbite géocentrique apparente du Soleil) des positions de la Lune et des planètes, sans tenir compte des latitudes écliptiques de celles-ci, c’est-à-dire de leur hauteur positive ou négative par rapport à ce plan. La représentation de droite, elle, est basée sur les positions réelles de la Lune et des planètes dans la sphère locale, qui tiennent compte des positions réelles, c’est-à-dire des latitudes écliptiques (−2° 11′ pour la Lune et −13° 14′ pour Pluton).

Du fait de sa position (23° 26′ d’arc au-dessus de l’horizon), cet alignement-amas ne peut être perçu ou considéré comme approchant de la verticale : si le Soleil n’était pas en son centre, donc si on pouvait l’observer, les planètes ne seraient pas vues comme les unes nettement au-dessus des autres sur un segment de droite approché, mais les unes à côté des autres, dans une succession de conjonctions croissantes en hauteur conformément à leur disposition en segment d’arc de cercle qui apparaît plus clairement à mesure que l’alignement-amas s’éloigne de l’horizon et se rapproche du méridien.

Exemple n° 2. Les cartes du ciel ci-dessous ont été calculées pour le 08/05/1929 à 7 h 45 HO. Il s’agit cette fois d’un alignement-amas planétaire beaucoup plus étendu, puisque Uranus, Vénus, Lune, Soleil, Jupiter et Mercure forment des conjonctions successives comprises dans un arc de 57° 30′. Il ne s’agit pas par ailleurs d’un alignement planétaire à proprement parler puisque le Soleil et la Lune occupent le centre de cet amas, que ce ne sont pas des planètes et que la conjonction Vénus-Uranus n’est pas conjointe à la conjonction Mercure-Jupiter. Ce qui n’a ici aucune importance : l’essentiel réside dans le fait que c’est bien un alignement-amas de grande étendue et que les orbes des conjonctions sont bien plus larges que dans le cas précédent. Peut-on encore considérer qu’une telle configuration planétaire est un alignement ? Oui, si l’on se réfère à sa définition fondamentale : une succession de conjonctions. Mais du fait de son étendue et pour l’heure de cette observation, il est impossible d’obtenir un alignement proche de la verticale ou de l’horizontale : les astres sont beaucoup trop dispersés.

La périodicité des alignements-amas

Contrairement à ce qu’écrivait le folliculaire des Échos, le phénomène des alignements, amas ou rectilignes, “n’intervient que tous les dix ou quinze ans”. La périodicité des alignements-amas dépend du nombre des planètes qui les constituent et de la combinaison des périodicités propres à leurs intercycles respectifs (de 88 jours pour Mercure-Pluton à 490 ans pour Neptune-Pluton en passant, par exemple, par les 2,23 ans de l’intercycle Mars-Jupiter ou les 45,36 ans de celui de Saturne-Uranus). Cet ensemble produit tout une gamme d’alignements-amas différents dont l’immense majorité ne se produit pas tous les 10 ou 15 ans.

Une simple conjonction entre deux astres ne peut constituer un alignement-amas. Pour être dignes de cette appellation non-contrôlée, les planètes doivent être au moins trois. Normal : s’il est facile de tracer une ligne droite entre deux points, ça l’est moins entre trois, à moins que les trois soient sur le même plan, ce qui n’a rien d’évident lorsqu’ils se situent sur un arc de cercle. L’alignement-amas minimum est donc composé d’une triple conjonction, phénomène qui n’est pas rare dans le cas des planètes rapides, mais qui l’est beaucoup plus dans celui des lentes. Les astronomes amateurs préfèrent donc les alignements-amas composés d’au moins quatre planètes : c’est plus rare, donc plus spectaculaire et ils peuvent dire “j’y étais !” s’ils ont pu braquer leurs télescopes dans leur direction durant la période de durée variable pendant laquelle ils se sont produits. Leur bonheur est à son comble s’il s’agit d’un alignement-amas Vénus-Mars-Jupiter-Saturne : deux rapides et deux lentes visibles à l’œil nu d’un seul coup, pour peu que la magnitude apparente de Vénus ne rende impossible l’observation de ses trois co-alignés. Le quintuple alignement-amas Mercure-Vénus-Mars-Jupiter-Saturne a aussi ses adeptes, mais ils sont rarissimes, étant donné que le tout petit Mercure n’est alors pas visible bien qu’étant présent, comme quoi on peut être à la fois présent et invisible.

En raison des inclinaisons différentes de leurs orbites sur l’écliptique (de leurs déclinaisons donc) et des caractéristiques de leurs périodes synodiques (temps mis par une planète pour revenir à la même configuration Terre-planète-Soleil), il est astronomiquement, et donc astrologiquement impossible que toutes les planètes du système solaire puissent rigoureusement s’aligner.

L’Institut de Mécanique Céleste et de Calculs des Éphémérides de l’Observatoire de Paris a néanmoins calculé — en excluant Pluton, pour cause de nanification — au bout de combien de temps les 8 planètes restantes pouvaient s’aligner en amas à peu près correctement en fonction du plus petit commun multiple des périodes synodiques. Résultat : théoriquement, les 8 planètes officielles de notre système solaire ont une possibilité de s’aligner environ au moins une fois tous les 147 milliards d’années. Si l’on inclut Pluton, c’est encore beaucoup, beaucoup plus long. Le problème, c’est que l’espérance d’existence du système solaire, et donc des planètes susceptibles d’alignement, est liée à l’espérance d’existence du Soleil, qui est d’environ 10 milliards d’années selon les connaissances actuelles. Étant donné que le Soleil en est déjà à la moitié de son existence, il est évident que l’alignement des 8 planètes officielles est quasi-impossible, et encore plus impossible si l’on inclut Pluton.

En guise de lot de consolation, sachez qu’on peut se rabattre sur le cas des alignements-amas imparfaits et partiels des planètes visibles à l’œil nu, ce qui se produit relativement fréquemment, un certain nombre de celles-ci se trouvant alors regroupées dans une même région du ciel.

Un maniaque des chiffres ronds, Jerard V. Uptain, s’est amusé à calculer quand s’étaient produits des alignements de planètes visibles à l’œil nu (donc en excluant le trio Uranus-Neptune-Pluton) dans un écart angulaire inférieur à 10° pour une période allant de −4000 à 2750, ce qui fait un bon bout de temps. De l’an 0 de l’ère chrétienne à la fin du XXIe siècle, il n’a trouvé que quatre dates : le 04/10/332 (arc de 8° 46′), le 26/06/710 (arc de 5° 39′), le 17/09/1186 (arc de 8° 44′) et le 08/09/2040 (arc de 9° 17′). Bien entendu, ces dates ultra-précises n’ont aucune signification : elles ne valent que ce que valent les arbitraires et exclusifs 10° d’orbe qui ont permis de les sélectionner. On remarquera (voir figures suivantes) que dans deux cas sur quatre, ces alignements se sont produits alors que le Soleil en était très proche ou au centre, ce qui fait d’eux des phénomènes inobservables, et que dans le quatrième, en 710, l’observation, qui ne pouvait se produire qu’aux alentours de 20 h 15 TU, soit après le coucher du Soleil et avant celui de cet amas-alignement, n’a pas pu avoir eu lieu, étant donné qu’à cette heure crépusculaire, la lumière du Soleil sous l’horizon était encore suffisamment importante pour rendre impossible la vision de ces planètes. De toute façon, à cette époque, il aurait en plus fallu avoir une excellente vue, étant donné que les premières lunettes astronomiques (qui n’avaient qu’on grossissement x 3) ne sont apparues qu’en 1590 ou 1608 selon les sources.

Le prochain alignement-amas réunissant toutes les planètes visibles à l’œil nu en conjonction serrée (moins de 10° d’angle donc) aura donc lieu le 8 septembre 2040. La figure ci-contre, calculée pour 20 h 30 TU, représente cet événement astronomique : en bas à droite, vous pouvez observer un alignement de Lune (qui n’est pas une planète, mais le satellite de la Terre), Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne regroupés (conjonctions successives) en orbe de 9° 17′ dans le Signe de la Balance. Au moment de cette observation, Neptune viendra de se lever, dédaigné par l’Institut de Mécanique Céleste et de Calculs des Éphémérides de l’Observatoire de Paris, et pour une fois, les journalistes pourront parler d’alignement partiel et imparfait (puisqu’elles ne sont pas toutes sur la même ligne en raison de leurs latitudes écliptiques) de quelques planètes regroupées sans raconter n’importe quoi comme de vulgaires astrologues traditionalistes.

Les alignements-amas planétaires astrologiques

Les alignements-amas, qui sont les seuls qui comptent en astrologie, relèvent du régime général des conjonctions de la théorie des Aspects : leur nature est donc à la fois consonante et dissonante. En fonction de leurs étendues, de la présence de tout ou partie des planètes qui les constituent, des orbes admis pour les conjonctions et des aspects consonants et/ou dissonants qu’ils reçoivent d’autres planètes extérieures à l’amas, ils peuvent être subdivisés en sous-amas. Pour le détail de ces opérations, consultez le protocole de hiérarchisation de notre logiciel en ligne Astrosoft.

Cet article vous a été proposé par Richard Pellard
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