Pendant plus de 2500 ans les astrologues n’ont eu qu’une notion intuitive et empirique de ce qu’est la réalité objective d’un Aspect. Ils se bornaient à en constater empiriquement certains effets réels et à en imaginer d’irréels. Très rares et très embryonnaires ont été les tentatives de conceptualisation et donc de théorisation, comme celle exposée par Ptolémée au IIe siècle et celle proposée par Kepler au XVIIe. Toutes deux ont débouché sur des explicatives erronées et des échecs. Ce n’est qu’au XXe siècle que le concept d’Aspect a commencé à être véritablement élaboré, permettant de distinguer le vrai du faux dans les antiques et traditionnelles notions et de formuler une théorie explicative rationnelle à travers une conception d’ensemble de l’astrologie. La conception et la représentation graphique contemporaines des Aspects sont le produit d’une longue histoire, et l’idée même d’Aspect a évolué au cours des millénaires.
La longue histoire de la conception des Aspects et de leurs orbes montre que pour les mesurer, la très grande majorité des astrologues savants, qui étaient en général aussi des astronomes, a pratiquement toujours négligé les latitudes écliptiques des planètes. L’absence de cette coordonnée dans le calcul des Aspects est un phénomène d’autant plus intéressant et significatif que ces observateurs et chercheurs du ciel ne pouvaient ignorer l’existence de ce phénomène. Et pour en comprendre la raison, il nous faut (re)faire une brève excursion spatio-temporelle en Mésopotamie il y a au moins trois millénaires.
La vidéo ci-dessous (4′ 27″) est une animation commentée de la notion d’Aspect chez les sumériens et babyloniens.
On peut imaginer que les premiers astronomes-astrologues moyen-orientaux étaient extrêmement sensibles, lorsqu’ils observaient les planètes pour essayer d’en prévoir les futurs mouvements, aux moments où deux astres (deux planètes ou bien une planète et une étoile) se situaient dans une très grande proximité à la fois en longitude et en latitude. Ils étaient alors considérés comme étant en conjonction. C’était en effet dans ces moments-là que se produisaient les éclipses totales ou partielles, événements célestes majeurs qui s’imposaient à leur perception par leur rareté. Et nous avons vu qu’au début et en raison de son caractère rare, spectaculaire et immédiatement perceptible, la conjonction était le seul Aspect, non seulement qui les intéressait visuellement, mais dont ils pouvaient facilement observer et prévoir les réapparitions périodiques.
Ils auraient pu ainsi s’en tenir à une conception de la conjonction exclusivement basée les occultations planétaires ou stellaires (donc à la fois sur les latitudes et longitudes écliptiques) pour noter sur leurs tablettes d’argile ses apparitions périodiques. S’il en avait été ainsi, les angles des autres Aspects qui furent progressivement découverts auraient eux aussi été calculés en fonction de ces deux coordonnées. Et de ce fait, la conception des Aspects en tant qu’angles calculés exclusivement en arcs de longitude écliptique à l’intérieur d’un orbe, qui s’imposa peu à peu au cours des siècles, n’aurait jamais vu le jour ni la nuit. Les éphémérides, inscriptions qui listent les positions d’astres à intervalles réguliers, auraient eu un contenu écourté, les Aspects exacts ou presque sur l’écliptique ne se produisant somme toute qu’assez rarement. Et ceux-ci, inscrits au centre de nos cartes du ciel depuis la révolution graphique de Choisnard, n’y apparaîtraient qu’en nombre extrêmement réduit : seuls figureraient ceux entre des planètes sans latitude écliptique au moment d’un événement comme celui d’une naissance. Autant dire qu’un très grand nombre de Thèmes n’auraient tout simplement pas d’Aspects.
Mais ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. La périodicité des fortes latitudes de la Lune, Mars et surtout de Vénus, trois planètes dont les diamètres apparents les rendaient les plus visibles et donc les plus aisément accessibles à l’observation, a changé cette donne. Les pionniers astronomes-astrologues mésopotamiens se sont ainsi aperçu que la périodicité de leurs conjonctions exactes en longitude et latitude était en fait indexée sur celle, plus générale et plus fréquente, de leurs positions en longitude seule.
Certes, une conjonction en longitude et avec une forte latitude simultanée des deux planètes, surtout si l’une est supérieure et l’autre inférieure, était moins spectaculaire (la distance de Vénus à Mars mesurée en hauteur peut alors être de plus de 13° alors qu’elles sont sur le même degré de longitude), mais elle était tout aussi régulièrement périodique. Ils avaient ainsi découvert que les conjonctions exactes en latitude n’étaient qu’un cas particulier d’un intercycle dont ils pouvaient mesurer la fréquence avec les seules longitudes. Les latitudes furent donc progressivement amenées à n’être plus considérées que comme des épiphénomènes, c’est-à-dire des apparences périodiques particulières (et rappelons-le très spectaculaires) du phénomène temporel sous-jacent mesuré par les longitudes, visuellement beaucoup moins impressionnant.
De ce point de vue, les conjonctions exactes sur l’écliptique étaient un signal fort qui comme tel s’est d’abord imposé. Il a fallu beaucoup de temps, de patience et de réflexion aux astronomes-astrologues mésopotamiens pour réaliser que ce fort signal visuel était déterminé par un signal faible, certes moins séduisant pour le regard, mais plus fondamental. Cette déduction était par ailleurs confirmée par l’accumulation des observations concernant les effets des conjonctions, lesquels apparaissaient comme semblables avec ou sans latitude. C’était là le fondement de ce qui allait devenir, des siècles plus tard, laborieusement et à travers bien des erreurs et errances (comme c’est le cas pour tous les savoirs et toutes les sciences), une proto-théorie des Aspects selon laquelle ceux-ci se mesurent en longitudes écliptiques.
Notons bien qu’il n’est pas sûr du tout que les générations d’astronomes-astrologues qui se sont ensuite succédées aient gardé à l’esprit les circonstances de cette découverte du caractère indépendant des intercyclicités planétaires par rapport aux latitudes. Il est même probable qu’il l’aient perdue de vue en parcourant leur chemin temporel, la considérant comme un fait acquis sur lequel il n’était plus besoin de revenir ni de s’interroger. C’est du moins ce que laisse à penser la remarquable constance avec laquelle ils s’en sont tenus, consciemment ou inconsciemment et au fil des siècles, à la coordonnée longitudinale pour définir et mesurer les Aspects dans le ciel et les signaler dans les éphémérides.
Après tout, au cours d’une aussi longue période, certains d’entre eux au moins auraient pu changer d’avis sur ce sujet, et décider d’opter pour des distances angulaires longitudinales et latitudinales, imaginer une méthode de calcul arithmétique ou arithmologique permettant d’associer longitude et latitude dans la prise en compte des Aspects. Ou encore, solution extrême, opter pour une sorte de plan écliptique moyen dont le degré d’inclinaison sur l’écliptique réel serait la résultante de la moyenne des latitudes alors observables compte tenu des planètes connues. Or cela ne s’est jamais produit, ou si ça l’a été, l’archéologie (pour les sources mésopotamiennes) ou les archives (pour l’astrologie post-ptoléméenne) n’en ont gardé aucune trace.
Cette saisissante persistance à se référer aux longitudes pour définir les Aspects interpelle et interroge. Elle a été le fait d’astrologues qui étaient très fréquemment en même temps astronomes (il n’est pas question ici des pseudo-astrologues ignares et charlatans). Tous ceux qui l’étaient savaient donc ce qu’ils faisaient en écartant les latitudes écliptiques. S’ils ont persisté à le faire ainsi, c’est donc qu’outre les résultats des observations qu’ils devaient à leur pratique, ils avaient de bonnes raisons et/ou ou intuitions qui les incitaient à maintenir ce cadre de référence.
Mais on peut aussi penser qu’ils se sont peut-être fourvoyés à cause d’un présupposé initial qui semblait astrométriquement fondé qui était en fait une erreur. Or il n’en est rien. Si les astrologues n’ont peut-être pas tous pensé le plan référentiel des Aspects en connaissance de cause, ils l’ont tous fait en connaissance d’effets. Il est évidemment regrettable qu’aucun n’ait explicité les bonnes ou mauvaises raisons de cette mise à l’écart des latitudes écliptiques. Même Kepler, pourtant si disert dans ses écrits pour évoquer le moindre des problèmes astronomiques ou astrologiques auxquels il était confronté et sur lesquels il se questionnait, n’en a pas fait mention alors que les Aspects étaient au centre de sa conception de l’astrologie. Reste à présent à identifier clairement la cause de ce choix objectif.
La vidéo ci-dessous (7′ 06″) est une animation commentée du rôle des latitudes écliptiques dans les Aspects.
Un Aspect étant la phase d’un cycle ou d’un intercycle, la représentation de cette phase dans un graphe de cycle sous la forme d’un angle élimine de facto toute référence à sa latitude écliptique. Dans cette optique en effet, ce n’est pas l’angle déterminé par les trois dimensions spatiales entre deux planètes qui importe, mais celui par exemple qui caractérise la demi-période (opposition) de ce cycle.
La figure ci-dessus permet d’en faire la démonstration. Elle représente, en trois dimensions, une opposition sans orbe entre Vénus et Mars-Pluton. Cette configuration simultanée de trois Aspects indique que les intercycles de Vénus-Mars et Vénus-Pluton sont à leur demi-période, que l’on peut formellement représenter par une distance angulaire de 180° sur le graphe de cycle (segment de droite noir), tandis que Mars-Pluton, conjoints, sont à 0° donc au début de leur futur nouvel intercycle et à la fin du précédent. Ces trois planètes avoisinent toutes leurs latitudes écliptiques extrêmes, soit Nord (+8° pour Vénus et +17° pour Pluton), soit Sud (−5,5° pour Mars).
De ce fait l’angle géométrique Vénus-Pluton n’est pas de 180°, mais de 155°, ce qui le met hors de l’orbe de l’Aspect d’opposition mais le rapproche plutôt du quinconce (150°). La différence entre l’angle géométrique de Vénus-Mars (182,5°) et son angle de graphe de cycle est moins importante (2,5°), ce qui s’explique par le fait que ces deux planètes ont des latitudes opposées (Nord pour Vénus, Sud pour Mars) et que celle de Mars est beaucoup moins importante que celle de Pluton. Quant à la conjonction Mars-Pluton située de part et d’autre de l’écliptique, elle se caractérise par un écart en hauteur de 22,5°, alors qu’elle se situe à 0° en longitude, cet écart vertical correspondant à la valeur d’un Aspect horizontal très mineur de demi-demi-carré…
Il y a de quoi être perplexe… Mais cette perplexité disparaît si l’on ne confond pas les angles purement spatiaux (donc atemporels) et ceux qui représentent les phases d’un cycle temporel dans un graphe. Dans ce cas par exemple, l’angle purement spatial de 155° entre Vénus et Pluton, induit par leurs latitudes, n’a strictement aucune importance. Ce qui est mesuré par cet Aspect, ce n’est pas cet angle, c’est la demi-période de leur intercycle, laquelle se représente graphiquement par un angle de 180°. Et c’est la raison pour laquelle les astrologues ont toujours privilégié le plan de l’écliptique pour déterminer et calculer les Aspects.
Bien sûr, on peut s’interroger sur les effets réels ou supposés des latitudes. Ceux d’une conjonction entre deux planètes ayant de fortes latitudes Nord et Sud sont-ils équivalents à ceux d’une autre entre les mêmes planètes exactement sur l’écliptique ? L’observation et la pratique tendent à montrer que ce n’est pas le cas. Sinon, on trouverait dans les archives de nombreuses mentions d’astronomes-astrologues qui en auraient fait état, ce qui ne signifie pas qu’il ne reste pas quelques possibles raffinements à découvrir en poursuivant les recherches.
Et de ce côté-là, il faut en priorité se méfier des analogies fondées sur de pures apparences ou des chiffrages similaires entre longitudes et latitudes. L’écart vertical de 22,5° (équivalent à un semi-semi carré en longitude) entre Mars et Pluton dans notre exemple ne signifie aucunement que ces deux planètes sont en Aspect dissonant : un écart angulaire en latitude n’est pas l’équivalent d’un Aspect en longitude, même si le nombre de degrés est identique. Mars et Pluton ne sont donc pas en semi-semi-carré : ils sont en conjonction, même si Pluton est beaucoup plus haut que Mars dans le ciel.
Pour en rester aux réflexions que peut inspirer ce graphique, signalons que l’argument des latitudes est l’un de ceux qu’aiment à brandir les anti-astrologistes se croyant un peu moins ignorants que leurs collègues pour prétendre que les astrologues racontent n’importe quoi en projetant les Aspects sur un seul plan, et qu’ils sont par exemple incapables de faire la différence entre 155° et 180°. Nous venons de faire la démonstration que cet argument est irrecevable. Bien entendu, la plupart des astrologues contemporains, peu informés des fondements astrométriques de leurs pratiques et généralement indifférents à leur égard, seraient incapables de le contrer, ce qui ne change rien au fait que cet argument apparemment réaliste mais fondamentalement fallacieux ne tient pas la route.
Sur ce sujet Henri Broch, un anti-astrologiste fanatique, s’est particulièrement distingué. Dans la page 47 de la section de son livre Au Cœur de l’extraordinaire consacrée à l’astrologie, il s’est fondé entre autres sur cet argument des latitudes pour l’attaquer. Et il l’a fait en commettant deux énormes erreurs dans sa démonstration. Celle-ci se fonde particulièrement sur une opposition Mercure-Pluton, analogue à l’opposition Vénus-Pluton de l’exemple ci-dessus. Il y décrit un Mercure à +7° et un Pluton à +17° de hauteur Nord sur l’écliptique, soit dans ce qu’il considère être leurs hauteurs maximales par rapport à ce plan. Les connaissances astrométriques de ce pseudo-zététicien donneur de leçons paraissent en effet très lacunaires, puisque les +7° de Mercure ne correspondent pas du tout à sa latitude, mais à l’inclinaison de son orbite sur l’écliptique (7° 18′ très exactement) arrondie à l’unité inférieure. Le tableau-ci-dessous détaille l’ensemble des inclinaisons orbitales (qui sont des paramètres héliocentriques) et les latitudes écliptiques (qui sont des paramètres géocentriques) qui leurs sont associées. Étant donné la grossière erreur que fait Broch pour Mercure en confondant inclinaison orbitale et latitude, il est probable qu’il ait commis la même concernant Pluton.
Il est pourtant évident qu’inclinaison orbitale et latitude écliptique ne sauraient être confondues, les latitudes étant un effet géocentrique induit à la fois par la distance planète-Terre et par les inclinaisons des orbites. En effet, comme le montre le graphique ci-dessous, la latitude écliptique d’une planète - ici Mercure - varie en fonction de sa distance à la Terre et au Soleil. Dans le cas de Mercure, elle ne dépasse pas +4° Nord et −5° Sud. Broch a donc tout faux. Quand on prétend donner des leçons d’astrologie, il faut savoir de quoi on parle. Ou se borner à donner des cours de pseudo-zététique.
Ce n’est pas tout : non content de confondre inclinaisons orbitales et latitudes écliptiques, Broch se trompe aussi en écrivant qu’un angle de 23° de latitude entre deux planètes en conjonction exacte “se rapprocherait plutôt d’une semi-quadrature que d’une conjonction”. Cette fois non seulement il confond grossièrement latitude et longitude, mais se révèle également incapable de faire correctement une division. En effet, si une quadrature (carré) vaut 90°, une semi-quadrature en vaut 45, et non 22,5, qui est la valeur exacte d’un quart de quadrature. Broch a encore une fois tout faux, ce qui ne l’empêche pas de conclure de ses propres erreurs que “les Aspects qu’utilisent les astrologues traduisent donc, pour certains cas, de manière totalement erronée les angles réels que peuvent former les astres entre eux.” C’est un exemple de ce qui arrive couramment à tous ceux qui prétendent s’attaquer à un sujet dont ils ne maîtrisent et ne comprennent pas les données tout en prétendant en être des spécialistes. Les démonstrations pontifiantes de ces baudruches se dégonflent alors quand elles tombent sur des os, et ici l’os est astrométrique… Dans le cas de l’anti-astrologiste Broch, c’est particulièrement savoureux si l’on est porté sur l’ironie et la dérision.
L’importance des latitudes écliptiques apparaît aussi chez l’astrologue Max Duval (1930–2000) : “On peut toutefois penser qu’un transit par conjonction notamment possède toute chance de se montrer d’autant plus efficient que la latitude de la planète transitante est d’autant plus voisine de la position natale transitée […] C’est le seul moyen de pronostic reposant sur des positions astronomiques réelles”, écrit-il dans La Domification et les transits (éditions Traditionnelles, 1987). On voit que depuis Ptolémée, c’est toujours dans le domaine des techniques prévisionnelles que les latitudes sont le plus souvent invoquées.
Max Duval était un astrologue savant et féru d’astronomie, néanmoins il se trompait probablement sur ce sujet : l’observation et la pratique montrent que l’efficacité d’un transit, quel que soit l’Aspect, ne semble pas être proportionnelle à la similitude des positions en latitude écliptique des planètes concernées. C’est là un effet du caractère cyclique, temporel et non spatial des Aspects : une conjonction n’exige pas une occultation partielle ou totale (phénomène spatial) de la planète transitante ou transitée.
L’astrologue Jean-Christophe Vitu commet la même erreur en estimant que “L’erreur actuelle du calcul d’Aspect est de mesurer des angles entre des points qui n’existent que pour le mathématicien, à savoir les projections de ceux-ci sur l’écliptique.” Ce n’est en effet qu’en projetant les Aspects sur un seul et même plan spatial qu’on peut les représenter comme les phases d’un cycle ou intercycle.
Les diagrammes ci-dessus représentent les deux conceptions des Aspects : à gauche les Aspects-cercle, et à droite les Aspects-cycle. On remarque que tout en ayant d’évidentes similitudes, elles n’en sont pas moins très sensiblement différentes :
▶ Diagramme des Aspects-cercle : il est dépourvu de flèches directionnelles, ce qui exprime le statisme de cette conception des Aspects. Ces derniers, répartis horizontalement de part et d’autre de l’axe de symétrie central 0°–180° qui relie la conjonction à l’opposition, sont les côtés de polygones réguliers, et leurs différentes distances sont mesurées par rapport à leur point d’origine 0° : par exemple, le sextile vaut 60°, qu’il soit à gauche ou à droite de la conjonction. Il s’agit donc d’un espace purement géométrique.
▶ Diagramme des Aspects-cycle : une flèche directionnelle est intercalée entre chaque Aspect, ce qui exprime le dynamisme de cette conception des Aspects. Ces derniers sont les séquences successives d’un phénomène temporel qui commence (0°) et finit (360°) conventionnellement au moment de la conjonction, l’opposition étant la demi-période de ce cycle entier. Les Aspects sont mesurés en fonction de leur progression par rapport à l’origine à 0° : par exemple, le sextile de gauche est à 60° de ce point, soit 1/6e du cycle, alors que celui de droite en est à 300°, soit 5/6e. Il s’agit donc d’un espace-temps, ou plus exactement d’un phénomène temporel figuré à l’intérieur d’un espace.
Qu’ils soient Aspects-cercles ou Aspects-cycles, les Aspects se passent des latitudes. Les premiers parce que celles-ci ne peuvent pas figurer dans l’espace géométrique à deux dimensions par lequel ils se définissent, les seconds parce qu’ils sont les phases d’un schème temporel dont les fréquences et périodicités sont indépendantes des latitudes.
La vidéo ci-dessous (8′ 05″) est une animation commentée des Aspects en Maisons & des Aspects aux Angles.
Le Thème de domitude a été évoqué à plusieurs reprises dans cet exposé. Il n’a pas un rapport direct avec les Aspects, si ce n’est par l’intermédiaire des positions réelles des planètes dans les secteurs de la sphère locale (Maisons). Mal compris et mal interprété, il peut, comme les pseudo-Aspects aux Angles, prêter à confusion entre les coordonnées écliptiques de la sphère céleste (déclinaisons, longitudes & latitudes) et les coordonnées de la sphère locale (horizon & méridien délimitant 4 quadrants dont la tripartition produit les Maisons). Il est donc nécessaire de préciser quel est l’impact des domitudes sur les Aspects.
Le terme de “domitude” est un néologisme forgé par l’astrologue Dom Néroman (1884–1953). Il vient du latin “domus”, qui signifie “maison”. La domitude d’une planète est donc synonyme de sa position en Maison. Cette position semble évidente et pourtant elle ne l’est pas. Les Tables des Maisons, qui permettent de la calculer, sont en fait basées sur les longitudes écliptiques du Soleil, qui par définition n’a pas de latitude écliptique, ce qui n’est pas le cas de la Lune et des planètes. Les Tables des Maisons ou les logiciels qui désormais les remplacent ne donnent donc qu’une position très approximative des planètes en Maisons en domification placidienne, surtout dans le cas de Lune, Mercure, Vénus, Mars et Pluton, qui ont les latitudes écliptiques les plus importantes.
Bien qu’hyper-traditionaliste dans sa conception de l’astrologie, Dom Néroman a eu dans la 1ère moitié du XXe siècle l’idée d’essayer de trouver une méthode de calcul rationnelle et astronomiquement fondée pour déterminer les positions réelles des planètes en Maisons. Il s’est pour ce faire basé sur l’angle horaire (portion d’arc d’équateur comprise entre le plan du cercle horaire passant par l’astre et le plan du méridien céleste). Son excellente idée a été reprise par l’astrologue Yves Lenoble dans son article Le Thème de domitude (Cahiers Conditionalistes n° 4, éd. Comac, juillet 1981). Il y signalait que “les tables des Maisons ne permettent pas de situer de manière précise la position d’une planète à l’intérieur de la Maison. Et cela peut parfois entraîner des erreurs dans l’élection de la dominante.” L’astrologue Jean-Christophe Vitu, dans son article Du bon usage des latitudes, a calculé la moyenne de ces erreurs sur une période de deux siècles. Le tableau ci-dessous en donne la liste.
Ce ne sont que des moyennes statistiques et, comme toutes les moyennes, elles arasent des écarts qui peuvent être considérables dans le cas des Thèmes qui cumulent les fortes latitudes écliptiques. Les positions en Maisons des planètes concernées sont alors complètement fausses si on ne se base que sur leurs longitudes pour les calculer. Cela n’affecte pas les Aspects et leurs orbes, comme nous l’avons démontré, mais cela peut modifier leur ordre d’importance. En effet, celui-ci dépend de la hiérarchisation planétaire, qui est directement concernée par les positions en domitude.
Cette prise en compte des latitudes écliptiques exige donc de consulter le Thème de domitude. Mais les Aspects étant calculés en longitudes écliptiques, leurs distances angulaires ne sont plus pertinentes dans cette représentation du ciel qui privilégie leurs positions réelles en Maisons.
Le Thème du physicien et mathématicien Louis de Broglie (15/8/1892, 1 h, Dieppe) ci-dessus en offre une illustration. Dans ces deux cartes du ciel, les zones orangées représentent les orbes d’angularités planétaires calculées par notre logiciel Astrosoft.
▶ La carte du ciel de gauche est le Thème d’écliptique, dont le calcul ne se fonde que sur les longitudes écliptiques. On y observe que seules deux planètes semblent angulaires donc dominantes (en zone orange donc) : Vénus en Cancer, très proche de l’Ascendant (AS) dans ce même Signe et en début de Maison I ; et Mercure en Vierge au Fond-du-Ciel (FC) en Maison IV. Ces deux planètes étant par ailleurs en sextile, cet Aspect peut être considéré comme le plus important. On observe aussi que la conjonction Neptune-Pluton en début de Maison XII ne se trouve pas en zone de valorisation et semble très éloignée du point Ascendant. On observe enfin que Pluton semble se situer au-dessus de Neptune. En se fiant à cette représentation, un astrologue peu averti sera ainsi tenté de sous-valoriser l’importance de cet Aspect.
▶ La carte du ciel de droite est le Thème de domitude, dont le calcul se fonde à la fois sur les longitudes et les latitudes écliptiques selon la méthode de domification de Ptolémée-Placidus. On y observe que Vénus se trouve toujours en Maison I et en zone de valorisation mais proche de la limite de celle-ci, et qu’elle est en fait beaucoup plus basse sous l’horizon. On observe surtout que la conjonction Neptune-Pluton se trouve en fait dans la zone de valorisation, en raison des latitudes écliptiques de ces deux planètes. Celle de Pluton (–11° 14′ S) étant très supérieure à celle de Neptune (–1° 33′ S), la position réelle de Pluton le situe ainsi au-dessous de Neptune, presque au dernier tiers de la Maison XII et donc très proche de l’Ascendant. Il s’ensuit que le système d’Aspect dominant est la conjonction Pluton-Neptune au carré de Mercure.
On observe que si les Aspects interplanétaires figurent dans le Thème d’écliptique, ils sont absents du Thème de domitude. Cette absence est due au fait que leurs distances angulaires, calculées en longitudes, ne sont pas représentables à l’identique en domitude : les planètes forment d’autres angles dans la sphère locale, des angles qui ne sont pas des Aspects mais des mesures effectuées à partir de leurs positionnements en Maisons.
Résumons : soit on se réfère au Thème des longitudes, et on peut observer l’écliptique (le zodiaque) avec ses Signes de 30° chacun, ainsi que les Aspects interplanétaires. Mais on ne peut pas savoir que Pluton par exemple est en fait très proche de l’Ascendant. Soit on se réfère au Thème de domitude, et la prise en compte des latitudes écliptiques permet d’observer les positions planétaires réelles dans la sphère locale et ses 12 Maisons. Mais dans cette carte du ciel le zodiaque divisé en 12 Signes égaux de 30° disparaît et on ne peut plus visionner les Aspects interplanétaires. Un vrai trou noir pour astrologues !
Ce trou noir ou plutôt ce vide blanc au milieu du Thème de domitude recèle un piège qu’il faut savoir éviter. Il est exposé en animation dans la vidéo qui accompagne cet article. Ce piège réside dans la tentation qu’ont eu certains astrologues de remplir ce vide avec des “Aspects de domitude”. Dans son article déjà cité, Yves Lenoble faisait état de cette tentation en écrivant qu’il “serait intéressant de vérifier si les Aspects communs aux deux Thèmes n’ont pas une influence plus importante que les autres Aspects.” Il semblait donc ne proposer qu’une prudente hypothèse de recherche… mais sa formulation montrait qu’il considérait les distances angulaires en domitude comme de véritables Aspects.
D’autres astrologues (ils sont heureusement rares) après lui ont été moins prudents. Les plus modérés ont fait de l’hypothèse de Lenoble une certitude : pour eux, seuls comptent les Aspects qui se reproduisent à l’identique en écliptique et en domitude. C’est un phénomène qui se produit assez rarement et dans des conditions astronomiques très spécifiques. Cette position a pour conséquence de réduire drastiquement le nombre des Aspects dans au moins les deux tiers des Thèmes, privilégiant ainsi quelques rares intercycles au détriment de tous les autres. Quant aux plus fanatiques (ils sont ultra-minoritaires), ils ne jurent plus que par les “Aspects de domitude”.
Dans les deux cas, ces astrologues se trompent profondément. Ils reproduisent une erreur semblable à celle qui a conduit à la confusion entre angles zodiacaux et Aspects planétaires. Les angles domitudinaux ne sont pas plus des Aspects planétaires que les angles zodiacaux. Ils ne sont pas les phases d’un intercycle. Comme les angles zodiacaux, ce ne sont que des droites dans un espace géométrisé, sans rapport avec les temporalités précises des Aspects planétaires.
Les deux Thèmes d’écliptique ci-dessous illustrent la position des “modérés”. Ils s’agit du même exemple que ci-dessus. Dans celui de gauche sont représentés les vrais Aspects, qui sont au nombre de 12. Dans celui de droite ne figurent que les vrais Aspects identiques aux angles domitudinaux. Ils ne sont que 6 à avoir survécu, grâce à d’heureuses coïncidences géométriques, à cette arbitraire opération astro-psychédélique. Ce Thème a l’avantage de simplifier radicalement l’interprétation.
Les deux Thèmes de domitude ci-dessous illustrent la position des fanatiques des pseudo-Aspects de domitude. Dans celui de gauche ne figure aucun Aspect, comme il est normal dans un Thème de domitude. Dans celui de droite ne figurent que les angles domitudinaux dont ces hurluberlus sont persuadés qu’ils sont les seuls véritables Aspects, au mépris de toute réalité astronomique.
Cette absence des vrais Aspects dans le Thème de domitude est inévitable, du moins si l’on tient à conserver le réalisme des distances angulaires qui les représentent. On peut néanmoins décider d’abandonner tout réalisme géométrique et faire figurer quand même les Aspects au prix de sérieuses distorsions spatiales. Les deux Thèmes ci-dessous illustrent cette possibilité. Pour ce faire, il faut impérativement abandonner la représentation des Signes du Thème d’écliptique de gauche, et se contenter de tracer des droites correspondant aux vrais Aspects dans le Thème de domitude de droite. Ce faisant et pour ne donner que deux exemples, le sextile Vénus-Mercure de 58° de gauche se transforme en un angle de 75°, et le carré Mercure-Pluton de 90° de gauche en un angle 103°.
Mais il est bien plus simple, et plus conforme à la réalité des angles des Aspects, de se contenter de deux cartes du ciel différentes et complémentaires : le Thème d’écliptique et celui de domitude. Le premier renseigne sur les positions planétaires zodiacales en longitudes écliptiques (mais pas en latitudes, et ce ce fait les positions en Signes peuvent être trompeuses) et les Aspects, le second sur les positions planétaires réelles en Maisons, mais sans représentation des Signes de 30° d’étendue chacun et sans Aspects. Il faut savoir faire la synthèse des deux. La vision binoculaire donne un champ de vision plus large et une appréciation plus précise des distances.
Enfin, le Thème de domitude permet de poser le problème des “Aspects aux angles” d’une manière plus rationnelle et astronomiquement plus fondée que ne l’avaient fait les astrologues du XVIIe siècle. Voici comment Yves Lenoble décrit ce problème dans son article déjà cité :
“Souvent les astrologues parlent d’Aspects à l’Ascendant ou au Milieu-du-Ciel. On dira telle planète sextile à l’Ascendant, trigone au Milieu-du-Ciel. Souvent ces Aspects ne se reproduisent pas dans le Thème de domitude. On peut dire que, dans ce cas, les astrologues attribuent à tort au mouvement diurne des caractéristiques du mouvement cyclique. Aussi serait-il plus avisé de conserver seulement les Aspects avec les Angles qui se trouvent dans les deux Thèmes. Du reste on peut repérer ces Aspects à partir du Thème classique.
En ce qui concerne l’Ascendant, il ne faudrait retenir les sextiles que s’ils tombent à la pointe de la XI ou de la III, les trigones à la pointe de la IX ou de la V, les carrés à la pointe de la IV ou de la X. En ce qui concerne le MC, le sextile doit tomber à la pointe de la XII ou de la VIII, le carré à la pointe de la I ou de la VII et le trigone de la pointe de la II ou de la VI.”
Il est vrai qu’en procédant ainsi, il n’y a plus de confusion entre les mouvements diurnes de la sphère locale et les mouvements cycliques de la sphère céleste… à condition de ne pas appeler “Aspects” ces angles de domitude qui n’en sont pas. Or Lenoble entretient encore ici cette confusion. Le mieux est donc, comme nous l’avons déjà observé, d’éliminer les pseudo-Aspects aux Angles de toute théorie et pratique astrologique.
Les Thèmes d’écliptique et de domitude ci-dessus sont un autre excellent exemple du caractère indispensable du Thème de domitude. Ils sont construits pour le même jour et le même lieu que celui de Louis de Broglie, mais à une heure différente : 20 h au lieu de 1 h. Dans le Thème d’écliptique à gauche, on observe que seules deux planètes sont angulaires : Mercure et Saturne en Vierge autour du Descendant. La conjonction Mercure-Saturne à 17° 48′ d’orbe est donc l’Aspect n° 1. On observe également que Mars en Verseau au tout début de la Maison XII semble très éloigné de l’Ascendant et ne se trouve donc apparemment pas dans la zone d’angularité orange autour de celui-ci. Il semble par conséquent peu valorisé.
Cette position marsienne longitudinale est corrigée dans le Thème de domitude à droite : du fait de sa latitude écliptique de –6° 42′ S, Mars est en fait très proche de l’AS et devient la planète angulaire n° 1, passant devant Mercure et Saturne. Et de ce fait l’opposition Mars-Soleil à 14° 03′ d’orbe devient l’Aspect n° 1 de ce Thème et la conjonction Mercure-Saturne (dont l’angularité est confirmée par les domitudes de ces planètes) ne vient qu’ensuite… ce qui change nettement son interprétation.
Signalons aussi au passage qu’en raison de sa très forte latitude écliptique de –6° 42′ S, Mars en Verseau en longitude a en fait une déclinaison Capricorne. C’est donc un Mars en Capricorne qu’il faut prendre en compte… ce qui change aussi nettement son interprétation.
C’est à proximité du plan horizontal (axe AS-DS) que les latitudes écliptiques des planètes sont le plus déterminantes dans leur propre valorisation et celle de leurs Aspects. Il faut le savoir… et pour cela consulter systématiquement le Thème de domitude.
Conclusion de cette section : le calcul des domitudes planétaires est l’une des innovations majeures du XXe siècle. Il n’a comme on l’a vu qu’une incidence indirecte sur les Aspects, en permettant uniquement une meilleure évaluation de leur ordre d’importance relatif ou classement hiérarchique : cette incidence indirecte n’est donc pas sans importantes conséquences pour l’interprétation.
▶ Théorie et pratique des aspects
▶ Les aspects, phases d’un cycle
▶ Aspects : existe-t-il un modèle traditionnel ?
▶ Aspects : théorie et bilan conditionaliste
▶ Introduction à l’interprétation des aspects
▶ Les Aspects planétaires et leurs orbes
▶ Les Aspects kepleriens
▶ Les “aspects” aux Angles
▶ Chronologie des Aspects et Transits
▶ Les Aspects planétaires
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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