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Critique de la doctrine des quatre Éléments en astrologie traditionnelle

L’astrologie est née en Chaldée, au bord du Tigre et de l’Euphrate, il y a environ 5000 ans. Or l’astrologie babylonienne ignorait totalement la doctrine des 4 Éléments. Ces derniers n’ont en quelque sorte été « greffés » sur le corpus du savoir mésopotamien qu’aux environs du IIIe siècle avant J.-C., lorsque s’est produite la rencontre entre la vision du monde grecque et le savoir babylonien.

Histoire et géographie Élémentales

En ce sens, la doctrine Élémentale n’est absolument pas consubstantielle de la pensée astrologique originelle. Ce fait historique n’est pas, en soi, je vous l’accorde bien volontiers, un argument pour s’en méfier, la réformer ou la rejeter. Après tout, les éléments de psychanalyse freudienne que l’astrologue A. Barbault a lui-même greffés sur les théories astrologiques traditionnelles (1) étaient inconnus et inimaginables pour les Grecs comme pour les Babyloniens. Il en est de même pour Dane Rudhyar et l’astrologie humaniste, qui a tenté de faire la synthèse des doctrines astrologiques anciennes et des concepts de Carl-Gustav Jung (2). Et c’est encore plus vrai en ce qui concerne l’astrologie conditionaliste développée par J.-P. Nicola : la reformulation radicalement moderne et originale qu’il a entreprise à travers le R.E.T., la Théorie des âges et les zodiaques réflexologique et photopériodique était impensable pour nos ancêtres Chaldéens.

Tout savoir est amené à s’enrichir et se complexifier avec le temps qui passe et les progrès des connaissances. L’astrologie n’échappe pas à cette loi de l’évolution, n’en déplaise à ceux qui croient qu’elle est apparue d’un seul coup, parfaite et complète pour l’éternité.

Ceci dit, chaque époque, chaque culture produit ses paradigmes, ses grilles de lecture du réel. Traduction : on a les connaissances qu’on peut selon l’endroit et l’époque où l’on vit. Pour un médecin, un astrologue ou un philosophe grec de la grande époque hellénistique, la doctrine des quatre Éléments et son organisation interne à base de Froid-Chaud-Sec-Humide, offrait à l’intelligence et à l’observation un cadre conceptuel concret et structuré pour décrire et penser les réalités sensibles, le monde phénoménal.

C’est probablement Empédocle (−490/−420) qui le premier a imaginé la doctrine des 4 Éléments. Laquelle a permis à Hippocrate (−460/−377) de définir ses 4 « Tempéraments saisonniers » (Bilieux-Nerveux-Sanguin-Lymphatique). Plus tard et à sa suite, Aristote (−384/−322) a enfin théorisé la nature des Éléments en combinant les concepts de chaud, froid, sec et humide. Un peu avant ou sensiblement en même temps, Bérose (vers −320 selon les connaissances historiques actuelles) introduisait l’astrologie babylonienne dans le corpus du savoir grec classique.

À partir du milieu du IIe siècle avant J.-C., astronomes, médecins, physiciens et philosophes grecs pensent pour la plupart le monde à travers ces catégories Élémentales. Et c’est probablement à cette époque que s’opère la fusion entre, d’une part, le zodiaque babylonien primitif et la doctrine Élémentale, et d’autre part, l’identification des dieux-planètes chaldéens aux dieux du panthéon grec.

Si l’on s’en tient à la vision du monde physique, encore relativement simple et peu élaborée, qui régnait à cette époque, la doctrine des 4 Éléments paraît alors pleine de sens et de bon sens : il nous faut effectivement du Feu pour nous réchauffer, de l’Air à respirer, de la Terre pour nous nourrir et de l’Eau pour nous faire naître et nous abreuver. Hors de ces 4 Éléments physiques donc, point de salut ?

Ce n’est pas ce que pensent les Chinois. Depuis très longtemps, avant même les Grecs, ils ont développé une autre doctrine Élémentale composée de 5 « agents » : le Feu, la Terre, le Métal, le Bois et l’Eau. Les Chinois n’ont donc pas jugé utile d’adjoindre l’Élément Air, pourtant physiquement indispensable à la survie. En manquaient-ils jusqu’à étouffer ? Respiraient-ils, en ces lointaines contrées peuplées d’« étranges étrangers », du Métal ou du Bois ?

Ainsi, au moins deux doctrines Élémentales, conçues et imaginées par deux des plus grandes civilisations, sont-elles en compétition pour décrire le réel. À priori, rien ne permet d’affirmer qu’une des deux théories est « plus vraie » ou « meilleure » que l’autre. Pourtant, chacune peut légitimement prétendre à l’universalité, du point de vue de la logique interne de sa vision du monde.

Pour éventuellement les départager, seule la confrontation de cette logique interne de la théorie avec la logique en soi des phénomènes observés est adéquate. Autrement dit : c’est l’expérimentation qui permet de déterminer quelle est la théorie qui décrit et prédit le plus fidèlement les réalités objectives.

Que serait-il arrivé à la doctrine Élémentale appliquée à l’astrologie, et plus spécifiquement au zodiaque, si les Grecs avaient adopté le système chinois ? Il n’y aurait à coup sûr pas de triplicité d’Air. Mais alors, que deviennent Gémeaux, Balance et Verseau ? Sont-ils de Bois ou de Métal ? Enfin, sachant que les 12 Signes Élémentaux grecs s’obtiennent en multipliant par 3 les 4 Éléments, combien aurions-nous de Signes avec 5 Éléments ? 10 ? 15 ?

De la pertinence des Éléments

Cela fait déjà quelques siècles que plus aucun médecin, astronome, philosophe ou physicien sérieux ne se réfère à la doctrine des 4 Éléments pour décrire et penser le réel.

Sur le plan de la physique pure, la conception atomiste et même sub-atomiste s’est imposée et a démontré son efficacité pour comprendre la matière animée et inanimée. Sur le plan de la biologie, ces mêmes atomes s’organisent en molécules. Et les progrès inouïs qu’a connu en quelques années la médecine grâce à la biologie moléculaire démontrent très bien à quel point cette vision du monde est légitime et justifiée par l’expérimentation. Dans ce domaine, seuls des masochistes ou des candidats au suicide accepteraient aujourd’hui de se faire soigner par Galien (130/200 après J.-C.), apôtre de la médecine « Tempéramentale » et « Élémentale » hippocratique, dont les méthodes ont sévi jusqu’à la fin du Moyen-Age, avec les désastreux résultats que l’on sait.

Bref, tout être informé des connaissances actuelles sait que le réel n’est pas fait de 4 Éléments, mais d’une multitude de particules sub-atomiques qui s’organisent en atomes, lesquels en s’inter-organisant donnent naissance à des molécules, etc., chacun de ces différents niveaux de réalité ayant ses propres structures.

De même, les travaux et découvertes de la psychologie des profondeurs, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, ont modifié en profondeur notre conception de l’Homme et de son fonctionnement. Les « Tempéraments » hippocratiques ne permettent de le décrire que d’une manière simpliste et caricaturale. C.G. Jung l’a bien compris lui qui, le premier depuis très longtemps, a entrepris de reformuler une typologie psychologique à base de quaternaires (Sensation-Sentiment-Pensée-Intuition) plus subtils, plus dialectiques et, en un mot, plus complexes que ceux d’Hippocrate.

Les Taureau ne sont pas en Terre

Chacun sait aujourd’hui que l’Homme n’est pas fait de Feu, de Terre, d’Air ou d’Eau, et que sa constitution psycho-physiologique ne saurait être exhaustivement décrite en termes de chaud-froid-sec-humide. Et il n’est nullement besoin d’être un astronome fanatique d’anti-astrologie pour pointer son télescope dans la direction du Signe du Taureau, et découvrir que les 30° d’écliptique qui le définissent ne sont pas faits de Terre. Johannes Kepler, astronome-astrologue (1572–1630) a d’ailleurs été le premier à rejeter catégoriquement la doctrine des Éléments appliquée au zodiaque : « Pour moi, voilà dix ans que je rejette complètement la division en douze signes égaux, les maisons, les dominations, les triplicités », écrit-il dans son Harmonia Mundi.

À la suite de Kepler, nombreux sont désormais les astrologues qui pensent que la doctrine des 4 Éléments, qui pendant des siècles a été le fondement de l’astrologie, est désormais dépassée. Les physiciens, les astronomes, les philosophes et les médecins l’ont abandonnée depuis la Renaissance, en constatant objectivement son faible pouvoir descriptif et prédictif. Pourquoi les astrologues devraient-il être les seuls à la maintenir ?

Un seul argument peut justifier cette position. Celui selon lequel « l’étude scientifique de la connexité observable entre les phénomènes célestes et les changements plus ou moins caractérisés dans la vie de groupes ou d’individus » (2) n’est pas du ressort de l’astrologie, laquelle « devrait être considérée comme un grand mythe capable d’inspirer et de favoriser de grandes réalisations psycho-spirituelles » (2).

Effectivement, si l’astrologie n’est jamais qu’un mythe, comme le Père Noël, pourquoi pas le décorer avec les antiques 4 Éléments ? Cela lui fait une belle barbe blanche et une hotte remplie de cadeaux symboliques… Mais c’est mépriser, et l’astrologie, et des générations d’astrologues-chercheurs, que de réduire l’astrologie à un conte de fées. L’astrologie n’est pas un mythe, c’est une science ignorée qui décrit les relations entre l’Homme et le système solaire auquel il appartient.

Hippocrate et les statistiques

La grande majorité des astrologues continue donc de pratiquer une astrologie… élémentaire. L’un des plus fameux d’entre eux, André Barbault (3), justifie ainsi cette adhésion à la doctrine des éléments : « Je crois d’autant plus… à la catégorie des éléments que ce sont justement les valeurs des quatre Tempéraments hippocratiques dont rendent compte — avant tout ! — les bilans statistiques de Gauquelin. Il y a là une vérité têtue qui agit. Tel est mon réalisme ».

Rappelons que Michel Gauquelin, psychologue de formation, avait entrepris, au cours des années 50, de démontrer à l’aide des statistiques que l’astrologie n’était qu’un discours sans réalité (4). Sans y parvenir : en fait, à sa grande surprise, ses statistiques ont mis en évidence les effets sur l’être humain de cinq astres : Lune, Mars, Jupiter, Saturne et peut-être, selon lui, Vénus. Bref, selon Gauquelin, seules quatre planètes sur les dix utilisées par les astrologues auraient une véritable influence ; par ailleurs, ses études statistiques n’ont permis de mettre en relief aucun effet zodiacal.

Mais passons… Lorsque A. Barbault fait référence au bilan statistique de Gauquelin, c’est pour une simple raison : seuls quatre astres du système solaire semblent avoir une influence certaine sur l’individu… et justement, il y a quatre Éléments et Tempéraments. Or l’astrologie traditionnelle affecte une qualité Élémentale à chaque planète (5)… n’y aurait-il pas anguille analogique sous roche ?

Si l’on n’est pas trop exigeant et rigoureux au plan des définitions, on peut en effet considérer que le « type » lunaire est analogue au « Lymphatique », le marsien au « Bilieux », le jupitérien au « Sanguin » et le saturnien au « Nerveux ». Mais les recherches de Gauquelin ayant quand même mis en valeur l’existence statistique probable d’un « type » vénusien, dans quelle catégorie faut-il ranger ce dernier ? Selon A. Barbault, ce serait un type mixte, « Sanguin-Lymphatique ». Et dire qu’avec les cinq Éléments chinois, tout serait tellement plus simple : cinq planètes statistiques, cinq Éléments…

Les planètes dans leurs Éléments

Si l’on accepte qu’il y a analogie entre les Tempéraments hippocratiques (et par extension avec les Éléments) et les fonctions planétaires, il est indispensable de faire preuve de la même rigueur qu’Hippocrate et Aristote pour traiter de ce phénomène. En cela, à chaque type « pur » et à chaque type « mixte » devrait correspondre une fonction planétaire.

Le schéma ci-dessus à gauche représente les analogies astro-hippocratiques que propose André Barbault, grand spécialiste de l’astrologie Élémentale : le Bilieux et le Nerveux sont chacun représentés par deux planètes. Pourquoi le Sanguin et le Lymphatique n’auraient-ils pas droit au même nombre ? Dans l’ana-logique interne de ce système, c’est bien le moins qu’on puisse exiger. Mais alors, où classer les deux dernières planètes ? En effet, en toute rigueur Tempéramentalo-Élémentale, les fonctions planétaires ne relevant pas d’un « Tempérament » pur devraient se distribuer à l’intérieur des 6 « types » mixtes du tableau ci-dessous.

Si Soleil et Mercure (auxquels Gauquelin ne reconnaît aucune influence astrologique) sont selon Barbault des « types » purs, il reste cinq types mixtes à répartir entre trois planètes (Uranus-Neptune-Pluton). En admettant qu’une analyse plus fine permette de conclure à l’appartenance de Soleil et Mercure à ces types mixtes, aux dix planètes correspondraient 4 Tempéraments purs et 6 Tempéraments mixtes. Tout serait alors pour le mieux dans le meilleur des mondes hippocratiques… à ceci près que classer chaque planète dans la case Tempéramentalo-Élémentale n’a rien d’une partie de plaisir. C’est sans doute pour cette raison qu’A. Barbault abandonne, dans son Traité pratique d’astrologie, la typologie hippocratique au profit des catégories de Le Senne lorsqu’il s’agit de définir le profil caractérologique des trois plus lointaines planètes. Ainsi Uranus serait-il un « Passionné (Émotif-Actif-Secondaire) », Neptune un « Émotif sous-Actif », tandis que Pluton n’a droit à aucune rubrique « caractérologie », ce qui est pour le moins étrange… Serait-ce la preuve inavouée et inavouable que le système des Éléments et des Tempéraments ne s’applique pas vraiment aux fonctions planétaires ?

Les traîtrises des Maîtrises

L’affaire se complique encore si l’on prend en compte les Maîtrises qu’exerceraient les planètes sur les Signes :

▶  SoleilLe Soleil (Feu) maîtrise le Lion et le Bélier (Feu).

▶  LuneLa Lune (Eau) maîtrise le Cancer (Eau) et le Taureau (Terre).

▶  MercureMercure (Nerveux selon Barbault, donc Terre) maîtrise le Gémeaux (Air) et la Vierge (Terre).

▶  VénusVénus (Air-Eau, puisque Sanguine-Lymphatique selon Barbault) maîtrise le Taureau (Terre) et la Balance (Air).

▶  MarsMars (Feu) maîtrise le Bélier (Feu) et le Scorpion (Eau).

▶  JupiterJupiter (Air, puisque Sanguin) maîtrise le Sagittaire (Feu) et le Poissons (Eau).

▶  SaturneSaturne (Terre) maîtrise le Capricorne (Terre), la Balance et le Verseau (Air).

▶  Uranus Neptune PlutonUranus (Feu ?) maîtrise le Verseau (Air) ; Neptune (Eau ?) maîtrise le Poissons (Eau) ; et Pluton (???) maîtrise le Scorpion (Eau) et le Bélier (Feu).

Ça ne colle que pour le Soleil et à la rigueur pour Neptune. Toutes les autres maîtrises produisent, à des degrés divers, des résultats logiques aberrants. Recordman absolu : Jupiter. Cette planète « Air-Sanguin » ne maîtrise aucun Signe d’Air, ce qui est quand même un comble ! Par ailleurs, il serait logique d’avancer que les planètes qui gouvernent deux Signes, donc deux Éléments-Tempéraments, devraient être des « types » Élémentaux mixtes. Ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre elles.

Les Éléments et le Zodiaque

Ces quelques réflexions sur les Maîtrises nous conduisent tout naturellement à nous pencher sur l’application des Éléments aux Signes du zodiaque. En astrologie traditionnelle, chaque saison a une qualité Élémentale :

▶ Le Printemps, humide et chaud, appartient à l’Élément Air (Tempérament Sanguin).
▶ L’Été, chaud et sec, appartient à l’Élément Feu (Tempérament Bilieux).
▶ L’Automne, froid et sec, appartient à l’Élément Terre (Tempérament Nerveux).
▶ L’Hiver, froid et humide, appartient à l’Élément Eau (Tempérament Lymphatique).

On remarquera tout d’abord que l’automne, saison de « Terre-Nerveuse », ne comporte strictement aucun Signe de Terre. De quoi rendre un brin… « Nerveux » les esprits logiques ! Ainsi, selon A. Barbault, la Balance serait « construite sur l’équilibre de deux tempéraments opposés : un Nerveux (Saturne)… et un Sanguin (Vénus) ». Notons en passant que Vénus a perdu dans l’histoire sa moitié de Tempérament Lymphatique. Par contre, le Maître de ce Signe d’Air, donc Sanguin, est une planète Sanguine. C’est toujours ça.

Ça se gâte avec le Scorpion. Ce Signe d’Eau devrait en toute logique hippocratique être un Lymphatique. Mais selon A. Barbault, il aurait un « tempérament Bilieux ». Donc une nature de Feu, sans aucun rapport avec la Saison à laquelle il appartient. Ce doit être la faute à son Maître Mars, planète de « Feu-Bilieux ». Bilan Élémentalo-Scorpionnesque : le Feu Bilieux gouverne donc l’Eau Lymphatique dans une Saison de Terre Nerveuse. Quant au Sagittaire, c’est un Signe de Feu, donc Bilieux. Mais il est gouverné par une planète d’Air, Jupiter, ce qui le rend pour le moins Sanguin, tandis que la seconde Maîtrise de Neptune ajoute une touche de Lymphatisme. C’est beaucoup pour un seul Signe !

Il est décidément bien difficile de comprendre la mystérieuse logique interne du zodiaque des Éléments avec ses Maîtrises. C’est du bric-à-brac. Comme le disait Kepler quelques siècles plus tôt : « Il n’y a rien de plus honteux que le souci pratiquement unique de certains astrologues de distribuer douze domiciles entre les sept planètes par une sorte de crédulité puérile faisant fi de toute réflexion solide et philosophique… C’est là l’origine de toute superstition magique et astrologique ». Et ce n’est pas tout !

Les Éléments et la sphère locale

L’astrologie traditionnelle a également attribué des qualités Élémentales aux quatre quadrants de la sphère locale (AS/MC, MC/DS, DS/FC, FC/AS).

On sait que la pensée purement symboliste fonctionne selon le principe de la loi d’analogie. Ainsi existe-t-il une analogie entre le zodiaque (cycle annuel des astres dans le plan écliptique ou l’avoisinant) et la sphère locale (parcours des astres autour de l’horizon au cours du mouvement diurne-nocturne de 24 h). Cette analogie est patente lorsqu’on aborde les significations traditionnelles des Maisons : la I a des valeurs Bélier, la II des valeurs Taureau, etc.

Nos ancêtres astrologues, toujours aussi friands de la doctrine des 4 Éléments, les ont ainsi distribués dans les quatre quadrants déterminés par les deux axes de la sphère locale :
▶ L’axe horizontal détermine la polarité Humide (AS) et Sec (DS).
▶ L’axe vertical détermine la polarité Chaud (MC) et Froid (FC).

D’où il ressort que :
▶ Le quadrant n° 1 (Maisons I à III) est Humide et Froid, (Élément Eau, Tempérament Lymphatique) et correspond au Printemps (Élément Air, Tempérament Sanguin).
▶ Le quadrant n° 2 (Maisons IV à VI) est Froid et Sec (Élément Terre, Tempérament Nerveux) et correspond à l’Été (Élément Feu, Tempérament Bilieux).
▶ Le quadrant n° 3 (Maisons VII à IX) est Sec et Chaud (Élément Feu, Tempérament Bilieux) et correspond à l’Automne (Élément Terre, Tempérament Nerveux).
▶ Le quadrant n° 4 (Maisons X à XII) est Chaud et Humide (Élément Air, Tempérament Sanguin) et correspond à l’Hiver (Élément Eau, Tempérament Lymphatique).

Quand le Chaud est Froid et le Sec Humide

On pourrait déjà se questionner sur le pourquoi de ces attributions arbitraires. Pourquoi l’AS serait-il Humide ? « A cause de la rosée du matin », répondront les analogistes. Pourquoi pas. Mais pourquoi avoir attribué le Sec au DS ? « Parce qu’il n’y a pas de rosée au crépuscule », soutiendront les mêmes. Et s’il tombe une bonne averse au coucher du Soleil ou d’une quelconque planète ? Attribuer le Chaud au MC et le Froid au FC semble apparemment logique. C’est en effet lorsque le Soleil passe au MC, à midi, qu’il fait le plus chaud (en fait environ une heure après), tandis que les températures les plus froides apparaissent… non pas vers minuit, lorsque l’astre du jour est au FC, mais une ou deux heures avant le lever du Soleil. Oui, mais lorsque c’est Pluton qui, en plein hiver, est au MC, alors que le Soleil est au FC, Pluton envoie-t-il de la Chaleur ? Non, bien entendu…

Dans le registre des analogies primaires, on constate également que la Maison X, au plus haut de l’hémisphère diurne (MC = Chaud) est analogue au Capricorne et donc au solstice d’hiver, alors que le Capricorne est « Froid et Sec » (Signe de Terre). Miracle symboliste : le Chaud est analogue au Froid ! Réaction « réaliste » devant un tel phénomène : quand le thermomètre dépasse + 40° à l’ombre, enfilez votre anorak.

Idem pour la Maison IV, analogue au Cancer, mais en un peu plus compliqué : le Cancer, Signe d’Eau, est Froid et Humide, tandis que sa proximité du solstice d’été en fait un Chaud, et que son appartenance à la quarte d’été le rend Chaud et Sec. Autrement dit, le Cancer est Froid, Humide, Chaud et Sec.

Un véritable tour de force, et un nouveau miracle de l’analogisme symboliste. Réaction « réaliste » conseillée si vous croyez encore aux Éléments, Maîtrises et Tempéraments appliqués à l’astrologie : vers 23 h entre le 21 juin et le 21 juillet, lorsque le Soleil se trouve en Cancer et en Maison IV, habillez-vous chaudement d’un slip de bain pour éviter un refroidissement, et mettez un imperméable pour vous protéger de la sécheresse.

L’analogisme, c’est comme le cœur… il a ses raisons que la raison ignore. On sait que l’astrologie traditionnelle, Élémentale, a largement puisé dans le panthéon de la mythologie grecque pour justifier les significations planétaires. Quelques exemples suffiront : Zeus (Jupiter chez les Romains) gouverne entre autre « la foudre, le tonnerre, la lumière » (6). Toutes choses qui font irrésistiblement penser à l’élément Feu… alors que le Jupiter astro-Élémental relève de l’Air-Sanguin. Ça ne colle pas. La déesse Vénus, quant à elle, protégeait « les potagers, assurant la fécondation es fleurs et la maturation des plantes » (6). Il y a dans ce cas analogie avec l’Élément Terre… alors que la Vénus astro-Élémentale est « Air-Eau ». En revanche, Saturne, dont l’Élément est la Terre, présidait aux semailles et moissons. Ouf. Aucune cohérence, aucune homogénéité dans ces liaisons analogiques. Il y a de quoi douter fortement de leur pertinence.

Manque de cohérence descriptive du zodiaque Élémental

On peut encore apporter d’autres critiques à l’application de la théorie des 4 Éléments au zodiaque. Nous les diviserons en deux groupes : celles qui visent le manque de cohérence externe (c’est-à-dire l’adéquation entre le modèle et les situations qu’il est censé décrire aussi fidèlement que possible) et le manque de cohérence interne. Ces deux catégories interfèrent.

Manque de cohérence externe : C’est simple : les Principes Élémentaux sont en fait essentiellement basés sur la météorologie. Le Printemps théorique des Éléments est Chaud et Humide (Air). Mais la météo des printemps réels varie en fonction des latitudes terrestres, des masses d’air en déplacement dans l’atmosphère, des courants marins, de l’activité solaire, etc. Chacun a pu vivre des printemps secs et froids, ou chauds et secs, ou froids et humides…

Idem pour les étés pourris, chauds et humides lorsqu’il tombe une pluie tiède sur la plage, froids et secs au pôle nord, etc. Quant à l’automne, c’est en général une saison à haute pluviométrie sous nos latitudes, alors que la doctrine Élémentale le taxe de « Froid et Sec ». Enfin, que dire de ces hivers pas très froids et plutôt secs (presque pas de neige ni de pluies en basse altitude) que nous avons vécus ces dernières années ? Nos nappes phréatiques à moitié asséchées n’ont pas vraiment vu passer le Froid et Humide qui permet à la neige de se former, et le Chaud et humide qui rend possible la fonte des neiges la fonte des neiges…

Manque de cohérence interne : La première critique est la plus simple, la plus formaliste et la plus évidente. Si l’on admet que le printemps se caractérise par le Chaud et Humide, donc l’Air, comment se fait-il que le Gémeaux soit le seul Signe d’Air ? Idem en été : pourquoi une Saison de Feu ne comporte-t-elle qu’un seul Signe de Feu, le Lion ? Nous avons déjà évoqué le cas de l’automne, Saison de Terre ne comportant aucun Signe de Terre. Quant à l’hiver caractérisé par l’Eau Froide, seul le Poissons correspond à la saison. Il y a là un évident manque de logique et de cohérence. Pour retrouver cette cohérence il est indispensable :

▶ soit de regrouper tous les Signes d’Air (Gémeaux, Balance, Verseau) au printemps, les Signes de Feu (Bélier, Lion, Sagittaire) en été, les Signes de Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) en automne et les Signes d’Eau (Cancer, Scorpion, Poissons) en hiver. Un zodiaque révolutionnaire !
▶ soit de cesser d’attribuer des caractéristiques Élémentales aux Saisons.

La deuxième critique vise le système des Maîtrises. Si l’on attribue à la fois aux planètes et aux Signes des caractéristiques Tempéramentalo-Élémentales, l’homogénéité, la logique et la cohérence exigent que toutes les planètes de Feu maîtrisent un Signe de Feu. Ou que les défenseurs de ce système expliquent clairement pourquoi et au nom de quelle logique, par exemple, Mercure « Nerveux-Terre-Froid et Sec » est Maître des Gémeaux, Signe d’Air-Sanguin Chaud et Humide. Les deux figures ci-contre permettent de visualiser aisément ces contradictions flagrantes. Pour les Signes comme pour les Planètes, les quatre Éléments sont représentés par des couleurs : rouge pour le Feu, brun pour la Terre, bleu pour l’Air et vert pour l’Eau ; au centre figurent les quartes saisonnières et les Éléments qui les gouvernent. La figure de gauche représente les Signes associés à leurs Maîtrises planétaires traditionnelles et celle de droite les mêmes Signes associés à leurs néo-Maîtrises planétaires suite à la découverte des Planètes transsaturniennes. Dans les deux cas, les couleurs Élémentales des Planètes (à l’intérieur) ne correspondent que rarement à celles des Signes qu’elles sont censées gouverner (à l’extérieur), pas plus qu’à celles des Saisons (au centre).

La troisième critique est plus essentielle et plus profonde, et porte à la fois sur les manques de cohérence interne et externe. Le zodiaque symbolico-Élémental est, on le sait, structuré par le quaternaire Élémental combiné au ternaire Cardinal-Fixe-Mutable.

Si l’on oublie les réalités astronomiques qui fondent le zodiaque et si l’on range au rayon des accessoires les caractéristiques Élémentales de chaque saison, le système n’a rien de fondamentalement dérangeant. À chaque Signe est attribuée une qualité Élémentale. La succession et la répétition à l’identique, selon un ordre arbitraire, du quaternaire Feu-Terre-Air-Eau permet d’obtenir les grands trigones des triplicités Élémentales, tandis que la division en Signes Cardinaux, Fixes et Mutables rend efficacement compte de leur situation en début, milieu ou fin de saison.

Par contre, si l’on se réfère aux réalités astronomiques qui fondent le réel zodiacal, rien ne va plus. Aucune des réalités observables ne transparaît dans le zodiaque symboliste traditionnel. Pour illustrer ce manque de cohérence descriptive du zodiaque Élémental traditionnel, prenons le cas des Signes avoisinant l’axe des équinoxes : dans ce système, Bélier et Balance ont en commun d’être Masculins et Cardinaux, Vierge et Poissons d’être Féminins et Mutables. Apparemment, cette « bande des quatre » n’a aucun point commun. Ce qui est astronomiquement faux : ils partagent une durée sensiblement égale des arcs diurne et nocturne (jours et nuits pour le Soleil).

« Le zodiaque des Éléments est le zodiaque planétaire !!! »

Le titre de cette section est une citation d’André Barbault tirée de son livre L’Univers astrologique des quatre Éléments paru en 1992 aux Éditions Traditionnelles. L’inénarrable auteur de ce pensum, hyper-conscient de la faille de logique interne que constituent les contradictions flagrantes entre les qualités Élémentales des Planètes et celles des Signes qu’elles sont censées gouverner, a décidé de prendre cet épineux problème à bras-le-corps, faute d’être capable de le solutionner grâce aux finesses abstraites de l’Esprit.

Suite à la décision atrabilaire et unilatérale de cet astrologue qui passe pour un génie de ce savoir et qui n’en est qu’un petit conservateur irrationnel opportuniste, désormais, je le cite, « Chaque signe est doté de l’Élément de la planète rectrice. Ainsi, le Feu règne dans les signes marsiens du Bélier et du Scorpion, comme dans le signe solaire du Lion ; la Terre dans les signes mercuriens des Gémeaux et de la Vierge, ainsi que dans les signes saturniens du Capricorne et du Verseau ; l’Air dans les signes vénusiens du Taureau et de la Balance, ainsi que dans le signe jupitérien du Sagittaire ; et l’Eau dans le signe lunaire du Cancer et le signe neptunien des Poissons. C’est le planétarisme que nous retrouvons ici, prolongé dans une reconstitution zodiacale, et c’est lui qui doit servir de référence pour nos interprétations de type tempéramental ».

On remarquera la redoutable logique et la parfaite cohérence (exclusivement interne) d’André Barbault (voir figure çi-dessus) : tous les Signes sauf les Poissons (pourquoi lui ?) héritent de l’Élément de leur planète « Maîtresse » traditionnelle (avant la découverte des transsaturniennes). Le « Maître » traditionnel du Poissons étant Jupiter, le Poissons aurait dû être un Signe d’Air. Mais André Barbault en a décidé autrement, sans doute parce que cela le gênait qu’il n’y ait qu’un seul Signe d’Eau, le Cancer, ce qui l’a incité à introduire arbitrairement une seule Planète non-traditionnelle, Neptune. Du côté des couleurs, ça a de la gueule : tout semble enfin cohérent, et tant pis si ce néo-zodiaque est composé d’Éléments en quantités dissemblables : 3 Signes de Feu (Bélier, Lion & Scorpion), 3 Signes d’Air (Taureau, Balance & Sagittaire), 4 Signes de Terre (Gémeaux, Vierge, Capricorne & Verseau) et 2 Signes d’Eau (Cancer et Poissons), et s’il perd au passage son bel agencement en grands trigones reliant les Signes de même Élément entre eux.

Bref c’est du grand n’importe quoi, cela d’autant plus que le même Barbault continue, en dépit de ce diktat, d’utiliser les néo-Maîtrises planétaires (Neptune pour les Poissons, qu’il a arbitrairement introduite dans l’ordonnancement traditionnel, Pluton sur le Scorpion et Uranus sur le Verseau, qu’il a exclues pour on ne sait quelles (dé)raisons) dans sa pratique de l’astrologie. Si Barbault avait été au bout de sa logique selon laquelle les Signes doivent hériter de l’Élément de leur Planète Maîtresse et s’il avait mis en cohérence sa théorie et sa pratique, il aurait dû proposer deux possibilités de néo-zodiaque des Éléments, représentés par les schéma ci-contre. Celui de gauche représente les qualités Élémentales des Signes en conservant des Maîtrises planétaires traditionnelles. On aurait alors 4 Signes d’Air, 4 Signes de Terre, 3 de Feu et un seul d’Eau. Un néo-zodiaque pas très aquatique donc, mais néanmoins cohérent du point de vue de la logique interne. Celui de droite représente les qualités Élémentales des Signes en adoptant les néo-Maîtrises planétaires. Son avantage est de rétablir l’équilibre zodiacal entre Éléments (3 Signes de Feu, 3 de Terre, 3 d’Air et 3 d’Eau), mais côté grands trigones c’est toujours aussi foireux : seuls les Signes d’Eau y ont droit.

Quelle que soit la méthode utilisée pour tenter de rendre cohérentes les qualités Élémentales des Signes et de leurs Planètes Maîtresses, on remarquera que cela ne change rien à l’attribution aberrante, incohérente et contradictoire du Feu, de la Terre, de l’Air et de l’Eau aux Saisons et aux quadrants de la sphère locale. Cette tare de base de la doctrine est si gênante que Barbault se garde bien de l’évoquer dans son livre de 325 pages consacré aux quatre Éléments, alors qu’il cite abondamment Hippocrate et Ptolémée qui, eux n’en faisaient aucun cas dans leurs écrits (ou plus précisément, dans le cas d’Hippocrate, les écrits qui lui sont attribués). Le tableau ci-contre rappelle la réalité de ce fait si dérangeant pour Barbault.

André Barbault se considère comme un génie de l’astrologie ayant produit une œuvre prodigieuse. Comme il l’écrit lui-même sur le site qui lui est consacré, « Je me serais toutefois bien gardé d’en faire un rappel sélectif si — mon Uranus en 1 est à la fois maître d’Ascendant et conjoint à lui, étant au surplus à la pointe supérieure d’une figure de cerf-volant, le situant à la plénitude de l’ensemble de ses cycles planétaires — mon langage n’avait pas exprimé un verbe particulier qui me différencie de l’ensemble de la production astrologique, le lecteur étant assuré, avec moi, de ne point tomber dans la répétition, moins encore dans la banalité, sûr qu’il est même de rencontrer de l’inédit ».

Et tant pis si pour faire de l’inédit il faut pondre du n’importe quoi.

Si le Verseau est un Signe de Terre puisque sa Planète Maîtresse traditionnelle Saturne l’est aussi, pourquoi Barbault fait-il quand même d’Uranus, Planète de Feu (angulaire dans son Thème à l’Ascendant), la Maîtresse de ce Signe, en contradiction avec ses propres affirmations ? Parce que Barbault raconte n’importe quoi. À moins qu’il considère qu’Uranus est une Planète de Terre, mais ça, il ne le dit nulle part, pas plus qu’il n’évoque. Admirez la rigueur…

À la décharge d’André Barbault, reconnaissons qu’il est un des rares astrologues traditionnels à avoir été si gêné par la totale incohérence de la doctrine des Maîtrises planétaires dans le cadre de celle des quatre Éléments, et à en avoir tiré la conclusion qu’il fallait donc changer quelque chose (même si la solution qu’il impose ne change rien sur le fond) pour sortir de cet irrationnel fatras. La plupart des astrologues s’accommodent des illogismes flagrants de cette mauvaise théorie sans que cela semble les gêner le moins du monde.

L’universalité des quaternaires

Une bonne théorie se doit en effet de décrire, refléter et expliquer aussi fidèlement que possible les diverses facettes et structures du réel observé. Le zodiaque Élémental s’en montre incapable. À ce titre, il est à ranger sur un rayon du musée des savoirs, en compagnie de quantités d’autres croyances révolues et doctrines obsolètes.

Il n’en reste pas moins que quelles que soient les époques et civilisations, l’Homme s’est toujours représenté le monde qui l’entoure à travers des nombres entiers symboliques : l’Unique (comme par exemple l’absolu d’un Dieu dont tout procède et dont le Tout n’est qu’un reflet), le Duo-Duel (les diverses formes de pensées fondées sur le conflit ou la complémentarité d’antagonismes, comme la philosophie Cathare ou le Taoïsme)… ou la dualité onde-corpuscule de la physique quantique selon laquelle les électrons, les atomes, les molécules ou même les photons sont tout à la fois de petits corps et des ondes, le Trine (7) (cf. le triumvirat Brahma-Shiva-Vishnou de l’hindouisme ou la Sainte Trinité catholique)… ou les trois états de la matière (solide, liquide, gazeux), etc.

Et dans ce domaine des premiers nombres entiers naturels, le Quaternaire figure lui aussi en bonne place. D’Empédocle à Hippocrate, d’Hippocrate à Socrate, les exemples ne manquent pas : le quaternaire est séduisant pour l’esprit humain. Et les Éléments ou Tempéraments sont sans aucun doute des symboles, images ou représentations de cet « instinct de la quaternité » qui semble consubstantiel aux constructions intellectuelles de l’Homme à travers siècles et civilisations… Ainsi, le graal actuellement poursuivi par les physiciens est-il celui qui permettrait de comprendre la liaison entre les quatre interactions élémentaires responsables de tous les phénomènes physiques observés dans l’Univers, qui se manifestent par les forces fondamentales que sont l’interaction nucléaire forte, l’interaction électromagnétique, l’interaction nucléaire faible et la gravitation.

Le grand psychologue C.G. Jung a remis au goût du jour la vieille structure quaternaire à travers son système typologique permettant de décrire le fonctionnement psychique à travers les catégories « Sensation-Sentiment-Pensée-Intuition ». Simple habillage moderniste des Tempéraments hippocratiques ? Rien n’est moins sûr. Même s’il existe des analogies relatives, le type « Sensation » tel que décrit par Jung ne saurait se confondre avec le « Bilieux », le « Sentiment » avec le « Sanguin », le « Pensée » avec le « Nerveux » et l’« Intuition » avec le « Lymphatique ». Les quaternaires se suivent et ne se ressemblent pas nécessairement, si ce n’est au niveau de la structure.

En soi, un quaternaire est un contenant vide (ou un archétype en langage jungien). Ce n’est qu’une structure numérique, peut-être ésotérique, apparemment indispensable à nos constructions intellectuelles, que nous remplissons de contenus variables selon les lieux, les époques, l’évolution de nos savoirs et les domaines d’application. Ainsi Jung a-t-il apporté de nouveaux contenus à la structure vide du quaternaire qu’Empédocle, Hippocrate et Aristote avaient « empli » de Feu-Terre-Air-Eau et de Froid-Chaud-Sec-Humide.

Comme Aristote, Jung ne s’est pas satisfait d’un quaternaire trop simple : il l’a décomposé en fonction de structures binaires (Extraversion-Introversion), ce qui renvoie plus ou moins aux binaires de la tradition astrologique (Signes alternativement « Masculins » et « Féminins » (8)). Plus tard et dans la même veine, l’astrologue Jean Carteret et le philosophe Raymond Abéllio ont également largement usé du quaternaire dialectisé en binaires pour échafauder leurs théories ésotériques.

Le Yin, le Yang et les quaternaires

On peut s’interroger sur le pourquoi de cette obsession du quaternaire dans la pensée humaine. Le 4 est-il une structure ésotérique incontournable, inhérente à la Nature, ou n’est-ce qu’une projection de l’esprit ?

En fait, même les Chinois n’y échappent pas : en dépit de leurs cinq Éléments ou parallèlement à eux, ils n’ont pu s’empêcher de développer une pensée binaire qui renvoie au quaternaire : je veux parler du Yin et du Yang, décomposés en Jeune Yin et Vieux Yin, Jeune Yang et Vieux Yang dans le Tao-Tö-King. En adoptant le signe ‘+’ pour le Yang (= « masculin ») et le ‘−’ pour le Yin (= « féminin »), le signe ‘+’ pour le Jeune et le signe ‘−’ pour le Vieux, on arrive ainsi, par exemple, à la structure quaternaire suivante : Yang jeune = + + ; Yang vieux = + − ; Yin jeune = − + et Yin vieux = − −.

La même structure abstraite ‘+ −’ peut être utilisée pour les Éléments : le Chaud (C) apporte un ‘+’ de température et le Froid (F) un ‘−’. L’Humide (H) apporte un ‘+’ de fertilité et le Sec (S) un ‘−’. D’où la structure abstraite suivante : Air (Chaud et humide) = + + ; Feu (Chaud et Sec) = + − ; Eau (Froide et Humide) = − + et Terre (Froide et Sèche) = − −. Cette progression structurée (du ‘+ +’ au ‘− −’) met à mal la structure des Triplicités Élémentales basées sur une succession Feu-Terre-Air-Eau, mais aussi les analogies Élémentales des Saisons (progression Air-Feu-Terre-Eau).

Mais revenons au Yin/Yang : le Yang est analogue à l’extraversion selon Jung et aux Signes diurnes (du Bélier à la Vierge incluse, le jour domine au printemps et en été) de l’astrologie traditionnelle, et le Yin à l’introversion et aux Signes nocturnes (de la Balance aux Poissons inclus, la nuit domine en durée en automne et en hiver). La jeunesse du Yang ou du Yin serait alors analogue à la croissance dominante en durée (‘+’) du jour (‘+’) ou de la nuit (‘−’), et leur vieillesse à la décroissance (‘−’). Ce qui nous donne une nouvelle structure quaternaire : Printemps (jour croissant) = + + ; Été (jour décroissant) = + − ; Automne (nuit croissante) = − + et Hiver (nuit décroissante) = − −… ce qui nous ramène au zodiaque photopériodique basé sur l’alternance diurne-nocturne.

Tout cela ne signifie pas que ‘+ +’ = Air = Jeune = Printemps. Si c’était aussi simple que ça, il suffirait d’affubler à chacun des trois mousquetaires d’Alexandre Dumas (qui étaient quatre, comme chacun le sait) des ‘+’ et des ‘−’ pour faire de ce faux trio un quaternaire signifiant de la pensée. En ces matières, il convient d’être excessivement prudent, et surtout de ne pas tout mélanger sous prétexte de constatation d’analogies formelles : tous les objets groupés par quatre ne sont pas des quaternaires structurés, homogènes et signifiants… et tous les quaternaires structurés, homogènes et signifiants ne sont pas identiques quant à leur(s) contenu(s).

Le quaternaire du zodiaque conditionaliste

Le quaternaire du Yin et du Yang et celui du zodiaque conditionaliste peuvent être combinés pour aboutir à une figure symbolique original comme celle ci-contre. Mais indépendemment du Tao, le quaternaire existe en lui-même dans le zodiaque photopériodique (9), ainsi désigné parce qu’il est fondé sur les variations de présence diurne ou nocturne, c’est-à-dire sur les périodicités de la lumière et de son absence, mais ce n’est pas celui des Éléments ni celui du Tao. On distingue en effet :

▶ Les 4 Signes équinoxiaux (Poissons, Bélier, Vierge & Balance) qui ont en commun le Sens des Contraires : chacun à sa manière ils perçoivent nettement une chose (le diurne ou le jour) et son opposé (le nocturne ou la nuit). Ce phénomène astronomique objectif sensibilise les individus concernés par ces Signes aux problèmes de choix. Choix positifs, rapides pour l’excité vif du Bélier, lents et systématiques chez la Vierge excitée lente, choix par évitements subtils pour l’inhibé vif de la Balance, et enfin choix par épaisse indifférence à l’égard de l’élément non-choisi chez l’inhibé lent des Poissons :
▶ Les 4 Signes solsticiaux (Gémeaux, Cancer, Sagittaire & Capricorne) qui ont en commun le Sens des ensembles : chacun à sa manière ils perçoivent un pôle (diurne ou nocturne) nettement dominant et un pôle (diurne ou nocturne) nettement dominé. Ce phénomène sensibilise les individus concernés par ces Signes aux problèmes de synthèse ou de généralisation ;
▶ Les 4 Signes intermédiaires (Taureau, Lion, Scorpion & Verseau) qui ont en commun le Sens des dosages : chacun à sa manière ils perçoivent un pôle (diurne ou nocturne) relativement dominant et un pôle (diurne ou nocturne) relativement dominé. Ce phénomène sensibilise les individus concernés par ces Signes aux problèmes de dosage, de rapports de force ou de combinaison.

Toute Saison ou Signe se caractérise par le rapport des durées entre l’arc diurne et l’arc nocturne du Soleil (pour les Saisons) et des planètes (pour les Signes), ainsi que par le caractère croissant ou décroissant de ces arcs.

L’arc diurne dominant en durée (Printemps-Été) est facteur d’excitation (code ‘+’ : ouverture, réponses positives aux stimulis extérieurs). L’arc nocturne dominant en durée (Automne-Hiver) est facteur d’inhibition (code ‘−’ : fermeture, réponses négatives aux stimulis extérieurs). L’arc croissant et dominant en durée (diurne au Printemps, nocturne en Automne) est source de réactions vives, rapides (code ‘+’), tandis que l’arc décroissant et dominant en durée (diurne en Été, nocturne en Hiver) est source de réactions lentes, progressives (code ‘−’).

D’où le quaternaire suivant, illustrant quatre « types » saisonniers :
▶ le printanier est un excité vif (‘+ +’) rapide, improvisateur, démarrant au quart de tour, enthousiaste.
▶ l’estival est un excité lent (code ‘+ −’) aux démarrages progressifs, obstiné, persévérant, opiniâtre dans ses avancées.
▶ l’automnal est un inhibé vif (code ‘− +’, il a l’art de l’esquive immédiate et de souples tactiques de défense.
▶ l’hivernal est un inhibé lent (code ‘−’), aux réactions de fermeture systématiques et aux systèmes de défense immuables.

Est-il possible d’établir une homologie formelle entre les Tempéraments hippocratiques, les 4 Éléments symboliques et ces quatre « types » déduits des réponses de l’Homme aux variations des rapports diurne-nocturne ? A priori, entre quaternaires saisonniers, on devrait se ressembler et pouvoir s’entendre. Essayons…

▶ L’excité vif du printemps ressemble assez au Sanguin-Air, décrit par A. Barbault comme « un expansif qui vit de mobilité… d’échanges, de contacts avec le milieu, auquel il s’adapte et s’assimile spontanément ».
▶ L’excité lent de l’été a un très vague air de famille avec le Bilieux-Feu, caractérisé entre autre selon le même auteur par « son action dominatrice, (sa) puissance conquérante ». Cette analogie s’arrête là : l’excité lent n’a rien de la nature tumultueuse et exaspérée du tempérament Feu.
▶ L’inhibé vif de l’automne ne correspond à aucun tempérament ou Élément, et surtout pas à l’Élément Terre. Par la mobilité et la rapidité de ses réactions, il s’apparente un peu au Sanguin-Air, c’est tout.
▶ L’inhibé lent de l’hiver ressemble par certains côtés au Nerveux-Terre, au sens où ses mécanismes de refus systématiques et persistants favorisent « la pétrification, la minéralisation, la fossilisation… le dépouillement, le détachement » (description du « Tempérament Terre » par A.Barbault).

On le voit, aucun des « types » humains définis par le quaternaire zodiacal conditionaliste ne correspond exactement aux Tempéraments induits par les 4 Éléments. Pire même : le Lymphatique-Eau n’a aucune affinité avec ces différents « types » d’excités ou d’inhibés, sauf peut-être, et de très loin, avec l’inhibé lent, avec lequel il peut partager une grande indifférence vis-à-vis des sollicitations du monde extérieur, ainsi qu’un certain manque de punch…

Notes

▶ (1) Lire à ce sujet Traité pratique d’astrologie et De la psychanalyse à l’astrologie, A. Barbault, Éd. Seuil.
▶ (2) L’astrologie de la transformation, D. Rudhyar, Éd. du Rocher.
▶ (3) Il vient d’ailleurs de publier Les quatre éléments aux Éd. Traditionnelles.
▶ (4) Voir Le Fil d’ARIANA n° 1, article sur les jumeaux astrologiques.
▶ (5) Alors que les significations planétaires sont empruntées aux dieux du panthéon grec, auxquels les Hellènes n’ont jamais songé à attribuer systématiquement des qualités Élémentales !
▶ (6) Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Éd. Larousse.
▶ (7) Un/deux/multiple : ce sont précisément ces rapports ésotériques entre les Nombres que décrit et définit, entre autre, le système R.E.T. (Représentation-Existence-Transcendance) découvert par J.-P. Nicola.
▶ (8) A ceci près que, dans les interactions binaire-quaternaire de l’astrologie Élémentale, les Signes de Feu et d’Air ne peuvent être que « masculins », et ceux de Terre et d’Eau « féminins ». En ce sens, le binaire ne fait que confirmer le quaternaire : il est superfétatoire. Pour Jung au contraire, la Sensation, le Sentiment, la Pensée ou l’Intuition peuvent être, soit introvertis, soit extravertis : chez lui, la greffe du binaire sur le quaternaire modifie profondément les conditions d’expression du quaternaire.
▶ (9) Voir p. 149 à 173 du Manuel d’astrologie universelle.

Article paru dans le n° 3 du Fil d’ARIANA (avril 1995) et dans L’Astrologue (2e trimestre 1995).



Cet article vous a été proposé par Richard Pellard

Voir aussi :

▶ Bilans comparés des formes d’astrologie européennes et occidentales
▶ André Barbault et le conditionalisme
▶ André Barbault, l’astro-symbolisme et le dernier âge d’or de l’astrologie
▶ Une critique inepte du conditionalisme par André Barbault
▶ Le Taï-Ghi-Tu dans le système solaire
▶ Critique de la doctrine des Maîtrises planétaires
▶ Astrologie et astrologies
▶ Le monde selon Claude Ptolémée, astronome-astrologue et phare d’Alexandrie


Les significations planétaires

par Richard Pellard

620 pages. Illustrations en couleur.

La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.

La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.

La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.

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Pluton planète naine : une erreur géante

par Richard Pellard

117 pages. Illustrations en couleur.

Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de « planète naine », au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.

Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette « nanification » de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les « plutoniens » ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?

Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !

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